DROUET (Juliette). LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À VICTOR HUGO. 4 pages, 21 × 13 cm. « 12 avril [1849] Jeudi matin 10h. » Trace de trombone rouillé (absent) en haut du premier feuillet. Juliette se désole du caractère peu galant du rendez-vous donné par son amant, cerné par trente-neuf académiciens et des milliards de vibrions cholériques. « Plus je vois ma petite table et moins je veux vous la donner. Ceci est naïf mais rapace, je ne le cache pas, au contraire. D’ailleurs, je suis encore en cela et votre exemple et vos leçons, je ne peux pas choisir un meilleur et un plus charmant maître, voime, voime, voime. J’aurais pourtant mieux aimé aller avec vous à l’Assemblée. Il est vrai que pendant deux ou trois heures je n’aurais su que faire et que j’aurais été fort embarrassée de m’imposer tout ce temps chez la mère Sauvageot. Il est donc convenu que je serai au rendez-vous à 2h1/2. Quand on pense à ce que devrait contenir de bonnes et douces choses ce mot : rendez-vous dit par une femme à un homme et que le nôtre ne contient rien du tout que l’académie et les 39 barbons, qui en font le plus hideux ornement, c’est à désespérer les Juju futures qui se laisseront prendre par les Toto à venir et par des mots à double entente. En attendant j’irai à ce rendez-vous… creux, puisque rendez-vous il y a, mais rendez-vous la Justice d’avouer que ce n’est pas ainsi que vous vous êtes rendu le maître de mon cœur, de ma vie et de mon âme. Ceci dit, je vous recommande de nouveau et avec les plus tendres instances de ne pas faire d’imprudences et de prendre toutes les précautions contre tout ce qui peut développer le choléra. Mon Victor adoré garde bien ta vie qui est la mienne. Juliette » « Voime, voime : Le sens de cette expression reste obscur. Sa récurrence contextuelle laisse à penser qu’elle pourrait signifier “regarde-moi” (“vois me”), ou bien “ah oui vraiment”, entre “voui… voui…”, “mouais… mouais…” et notre actuel “wouaouh !”. » (Source : « glossaire » sur www.juliettedrouet.org.) Madame Sauvageot : « Amie de Juliette, cette marchande de nouveautés tient une boutique dans le quartier de la Madeleine. À l’époque où Hugo déménage rue de l’Isly en 1848, c’est dans sa boutique qu’ils se donnent rendez-vous. » (Source : « notices des personnes citées » sur www.juliettedrouet.org.) La pandémie de choléra fit, en 1849, une centaine de milliers de victimes en France (pour environ trente-six millions d’habitants). Publication en ligne : http://www.juliettedrouet.org/lettres/spip.php?page=article&id_article=5349#.YzFEaC3pPOQ.
Reference : LRB_055
Le Livre de jade
M. Jonathan Chiche
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Conformes au « Code de commerce », à la charte du SLAM et à notre rigoureuse morale personnelle.
Nantes 1857 Nantes, 1857. 1 ff. in-8. Encre noire. Bon état. LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE du compositeur nantais Edouard Garnier à Victor Hugo au sujet d'une rémunération pour la mise en musiquede la "Vieille chanson du jeune temps" parue pour la première fois 1856 dansLes Contemplations. PARAPHE AUTOGRAPHE de Victor Hugo "R" indiquant sa réponse. Paris, 25 nov 1857 Monsieur Par suite d'une absence la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire ne m'a été envoyée, à mon grand regret, de Nantes ici que ces jours derniers. Votre réponse à ma demande m'embarrasse quelque peu. Je fais moi-même les frais de mes publications musicales. Ces sacrifices, toujours très onéreux pour un jeune artiste, ne m'ont jusqu'à présent aucunement profité, et bien que j'aie à haut degré l'amour et le respect de mon art je suis encore fort peu connu. Comment donc pouvoir fixer cette somme dont vous parlez à prélever sur le bénéfice problématique d'un éditeur qui en dehors de ma personnalité n'existe pas ? Tel est mon embarras. Vous m'avez bien écrit que cette somme si faible qu'elle soit sera bien reçue dans votre caisse de secours. Ces paroles m'encouragent à vous demander si vingt francs seront suffisants dans cette circonstance. Veuillez m'adresser vos observations à ce sujet. Certes une somme aussi misérable ne saurait entrer en comparaison avec l'extrême plaisir que j'aurais à publier la musique que m'a inspirée votre fraîche poésie ; mais puisque vous pourrez accorder également à d'autres la faculté de publier de la musique sur le même sujet, laissez-moi penser que vous aurez l'indulgence d'agréer ma proposition. Dans ce cas veuillez me dire à qui j'aurai à verser cette modeste offrande. J'attends donc votre réponse, cher et très illustre maître, et vous prie de croire à l'admiration ainsi qu'à la vive sympathie de votre humble serviteur. Edouard Garnier 8 rue héronnière Nantes (Loire inférieure) Critique et chroniqueur musical au Phare de la Loire, professeur d'harmonie au Conservatoire de Nantes, Edouard Garnieravait auparavant composé des mélodies sur les oeuvres d'Alfred de Musset, Gustave Nadaud, Hégésippe Moreau ou encore Théophile Gautier, réunies sous le titre de Larmes et Sourires. Une lettre de HugoàEdouard Garnier ( Hauteville , 25 octobre 1857 ) est citée dans Victor Hugo à la Bibliothèque municipale de Nantes - Inventaire des uvres et des études biographiques et critiques : en hommage au poète à l'occasion du centenaire de sa mort, 1885-1985. (Biblitohèque Municipale de Nantes, 1985)
Signé par l'auteur
DROUET (Juliette). LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À VICTOR HUGO. 4 pages, 20,7 × 13,2 cm environ. 3 mai [1847]. Très belle lettre où se mêlent le chagrin du deuil de sa fille Claire (morte l’année précédente à dix-neuf ans, le 21 juin 1846) et sa dévotion amoureuse pour Victor Hugo. « 3 mai Lundi matin Bonjour mon Toto, bonjour, mon doux bien aimé, bonjour bien tendrement sur ton grand front, sur tes beaux yeux et sur tes divines lèvres. Je te remercie d’être revenu hier au soir, cette courte apparition a suffi pour me remplir le cœur de confiance et de courage. Merci et bonheur à toi de tout mon cœur. Je serai de retour à 3h au plus tard à moins de choses que je ne prévois pas. Je me dépêche de faire toutes mes affaires pour que tu trouves la maison en ordre quand tu viendras et de l’eau fraîche pour te baigner les yeux. Pense à moi si tu peux mon adoré. De mon côté je ne serai pas en reste. Je ne sais pas d’ailleurs comment je ferais pour ne pas penser à toi. C’est ma vie plus que de respirer. Je te promets d’être raisonnable et résignée. Je te crois comme si tu étais Dieu lui-même. Aussi je serai calme et courageuse dans ce pieux et triste pélerinage. Tant que je te retrouve chez moi en rentrant, mon bien aimé, afin que je me retrempe le cœur dans la vie et dans l’amour, après l’avoir exprimé en regrets et en prières sur la tombe de mon enfant. Bénis sois-tu mon Victor adoré ainsi que tous ceux que tu aimes. Juliette » Publication en ligne : http://www.juliettedrouet.org/lettres/spip.php?page=article&id_article=2572.
DROUET (Juliette). LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À VICTOR HUGO. 4 pages sur deux feuillets, 20 × 12,5 cm. « 7 8bre [1848 ?], samedi matin 8h. » Après l’élection de Victor Hugo comme représentant du peuple à l’Assemblée constituante, le spectre du communisme hante les rues de la capitale. « 7 8bre Samedi matin 8h Bonjour, mon bien aimé, bonjour, mon Toto, bonjour à pied et à cheval par devant et par derrière bonjour je t’aime et j’en ai le droit : vive la ghépublique et son plus aimable ghepésentant [sic]. J’espère qu’il ne te sera rien arrivé cette nuit et que tu n’auras rencontré aucun communiste dans ta route ? Je n’ai jamais aimé à te savoir vaguant à travers les rues la nuit et à présent encore moins. Il est vrai que ton quartier est moins suspect, sinon plus sûr que le mien, aussi j’espère qu’il ne te sera rien arrivé. Je le saurai tantôt. Il faudra que le diable s’en mêle si je n’arrive pas à l’heure aujourd’hui. Je ne veux pas le crier trop haut pour ne pas le piquer au jeu. Mais je serais bien vexée si je n’étais pas la première au rendez-vous. Dites donc vous je vous remercie vous m’avez donné 3F10. Je vous en rendrai le double en amour et en reconnaissance. J’espère que vous ne vous êtes pas trompé dans l’addition. Je m’en rapporte à vous d’abord. Tant pire [sic] pour votre conscience et votre avenir politique dans l’autre monde si vous m’avez flouée d’un centime dans celui-ci. En attendant je me fie à vous et je vous aime à corps perdu. Tâchez d’en faire autant pour moi-même et de ne pas me supposer capable de vous escroquer vos misérables philippes et moins encore vos donzelles républicaines. Sur ce baisez-moi et bissez-moi. Juliette » Publication en ligne : http://www.juliettedrouet.org/lettres/spip.php?page=article&id_article=5001#.YzFEFS3pPOQ.
DROUET (Juliette). LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À VICTOR HUGO. 4 pages, 21 × 13 cm. « 11 février vendredi midi. » Papier un peu jauni. Une dizaine de jours avant la révolution de 1848, Juliette se soigne en copiant les œuvres de son amant, auprès de qui elle a pendant longtemps assuré cette tâche indispensable. Rappelons que Juliette Drouet a par ailleurs joué un rôle majeur dans la survie de l’œuvre de Victor Hugo, empêchant au péril de sa vie la perte des manuscrits de ce dernier après le coup d’État de 1851. « 11 février vendredi midi. Bonjour, mon pauvre adoré, bonjour mon sublime bien aimé, bonjour. Je viens de me lever tout à l’heure et je suis encore assez mal en point ; cependant je suis moins malade que cette nuit et ce matin, il me semble même que je commence à avoir faim ce qui est un bon signe. Je n’ai pas voulu sortir aujourd’hui à cause de mes reins qui sont très douloureux. Demain j’irai chez le médecin et s’il me conseille l’exercice nonobstant cela j’en ferai tout les jours. Tu vois que je suis d’assez bonne composition. Cher adoré, je vais me dépêcher de me mettre un peu d’eau sur le corps, de faire ta tisane pour me mettre à copier en t’attendant. Rien ne me repose et ne m’est plus agréable que cette sorte d’occupation. Il n’y a pas de mal qui résiste à cela. J’oublie que je souffre en lisant toutes ces admirables choses. Cette nuit j’avais presque envie de me relever pour m’y mettre. Cela aurait mieux valu que de m’agiter dans l’insomnie comme je l’ai fait ou de me livrer à d’affreux rêves. Heureusement cette affreuse nuit est passée et j’espère qu’elle ne reviendra pas de long-temps. La preuve c’est que je me sens faim. Cependant je ne mangerai pas avant ce soir pour ne pas me charger l’estomac. D’ici-là, je vais bien penser à toi et t’aimer de toutes mes forces. Juliette » Publication en ligne : http://www.juliettedrouet.org/lettres/spip.php?page=article&id_article=12505.
DROUET (Juliette). LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À VICTOR HUGO. 28 mars [1848]. 4 pages, 20,7 × 13,2 cm environ. Juliette, sous l’effet du printemps, cherche à se ravigoter. « 28 mars mardi midi 3/4 J’ai la prétention, mon cher petit homme, si cela ne vous contrarie pas, d’aller jusque chez la mère Tissard avant d’aller chez Mr Vilain. Pour cela il faut que je me dépêche de faire mes affaires et de m’habiller car je ne suis rien moins que prête. Je ne sais pas comment je fais mon compte mais je suis toujours en retard. Mon petit homme adoré, je vous aime et je ne veux pas perdre l’occasion de vous voir une minute plus tôt ce soir. Je ne dînerai donc pas chez Mme Tissard. D’abord je craindrai de dépasser les limites de mon MAXIMUM [ce mot écrit en grosses lettres] et puis je ne veux pas donner la peine à ce brave homme de me reconduire le soir, trois choses qui me décident à rester chez moi dont la première est plus que suffisante. Tout cela ne m’empêche pas de subir les influences du printemps et d’avoir horriblement mal à la tête à tel point que je n’ai pas le courage de m’habiller. Je suis veule et chaude comme un jour d’orage. Je crois que j’aurais besoin d’un peu de TONIQUE [ce mot écrit en grosses lettres] pour me ravigoter un peu. Qu’est-ce qui veut m’en donner ? Juliette » Madame Tissard était une amie de Juliette Drouet. Monsieur Vilain : probablement Victor Vilain (1818-1899), élève de James Pradier (père de la fille de Juliette) et de Paul Delaroche. Amant d’Eugénie, cousine de Juliette Drouet, il a sculpté des bustes de Claire Pradier, Eugénie Drouet et Juliette Drouet, ainsi que des profils des membres de la famille Hugo.