VERLAINE (Paul). POÈME AUTOGRAPHE SIGNÉ. Quatre pages sur deux feuillets, 19 × 12 cm (bords irréguliers). Très beau manuscrit de travail, complet, signé, de plus de cent vers, du poème « Bon pauvre, ton vêtement est léger », paru dans le recueil Bonheur, édité par Vanier en 1891. Nombreuses ratures — dont une dizaine de vers rayés — et corrections. Le texte définitif de ce poème est bien connu, mais l’édition de la Pléiade ne semble pas signaler l’existence de ce manuscrit. Le poème ne porte pas de titre, seulement un numéro : « VIII », qui remplace « X », barré — dans le recueil, il s’agit du neuvième poème. Dans le coin supérieur droit du recto du premier feuillet, de la main de Verlaine : « Bonheur ». Les vers sont numérotés de 1 à 100, avec des erreurs, mais le total est juste — sans compter les jolies parties raturées.
Reference : LRB_036
Le Livre de jade
M. Jonathan Chiche
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s.d. (21 janvier 1840), 21,2x26,7cm, un feuillet sous cadre.
| «Ne faites pas de bruit autour de cette tombe ; Laissez l'enfant dormir et la mère pleurer.» | Poème autographe signé "V. H." de Victor Hugo, quatre quatrains à l'encre noire sur une page d'un feuillet sous encadrement en baguette d'acajou. Cachet à froid de la ville de Bath dans la partie inférieure gauche. Plis horizontaux et verticaux, petites rousseurs le long des plis, quelques taches pâles en marge inférieure droite, sans atteinte au texte. Quelques petites traces sombres en marge inférieure droite, l'une affectant une seule lettre du mot "retombe". Manuscrit original et version antérieure au texte final de l'émouvant poème autographe de Victor Hugo, publié sous le titre "Écrit sur le tombeau d'un petit enfant au bord de la mer" dans son recueil Les Rayons et les ombres (Paris, Delloye, 1840). Hugo composa ce magnifique éloge funèbre à la mémoire du jeune neveu de son grand ami Auguste Vacquerie, décédé à l'âge de quatre ans et dix mois. Le poète avait promis un poème en épitaphe et adressa personnellement le présent manuscrit à Vacquerie : "Prenez donc ces vers, si vous en voulez toujours pour la tombe de ce cher petit" (Lettre à Vacquerie, 21 janvier 1840). *** Comme l'a justement remarqué Joseph Petrus Christiaan de Boer, «Il n'y a aucune douleur que le poète ait su mieux comprendre et plus délicatement exprimer que l'immense tristesse qui remplit le cur des parents à la mort d'un de leurs enfants» (Victor Hugo et l'enfant, 1933, p. 48-49). Ce poème inaugure un sublime et macabre ensemble d'uvres composées à l'occasion des drames familiaux qui touchèrent les familles d'Hugo et de son ami Auguste Vacquerie. Le plus célèbre d'entre eux sera "Demain dès l'aube..." écrit après la noyade de sa fille adorée Léopoldine aux côtés de Charles, frère d'Auguste Vacquerie, le 4 septembre 1843, peu de temps après leur mariage. Hugo compose ces vers pour Charles-Emile Lefèvre, jeune enfant de la sur de Vacquerie, qui s'éteint inopinément le 6 novembre 1839. Le 21 janvier 1840, Hugo envoie à Vacquerie le présent manuscrit, où figure une variation par rapport à la version définitive parue le 16 mai de la même année chez Delloye: «Vieux lierre, frais gazon, herbe, roseaux, corolles ; Eglise où l'esprit voit le Dieu qu'il rêve ailleurs ; mouches qui murmurez d'ineffables paroles A l'oreille du pâtre assoupi dans les fleurs ; Vents, flots, hymne orageux, chur sans fin, voix sans nombre ; Bois qui faites songer le passant sérieux ; fruits qui tombez de l'arbre impénétrable et sombre ; Étoiles qui tombez du ciel mystérieux ; oiseaux aux cris joyeux, vague aux rumeurs[plaintes dans le poème publié]profondes ; froid lézard des vieux murs dans les pierres tapi ; plaines qui répandez vos souffles sur les ondes ; Mer où la perle éclot, terre où germe l'épi ; Nature d'où tout sort, nature où tout retombe, feuilles, nids, doux rameaux que l'air n'ose effleurer, Ne faites pas de bruit autour de cette tombe ; Laissez l'enfant dormir et la mère pleurer.» Le poète avait accompagné le manuscrit d'une touchante lettre : «Voici enfin, mon poëte, ce que je vous ai fait stupidement attendre silongtemps. [...] Prenez donc ces vers, si vous en voulez toujours pour la tombe de ce cher petit [...] Du reste je ne me crois pas quitte pour si peu envers cet ange. J'ai commencé pour lui quelque chose de plus long que je déposerai un de ces jours aux pieds de la pauvre mère» (Oeuvres complètes de Victor Hugo, Correspondance I, Albin Michel, 1947, vol. 41, p. 141). On ne sait quelle autre uvre sera adressée à Marie Arsène Lefèvre, la «pauvre mère», qui perdra en moins de quatre ans son mari et ses deux fils. Hugo composera également deux poèmes en souvenir de Paul-Léon Lefèvre, le frère jumeau de Charles-Emile, qui le suivra dans la tombe trois ans plus tard à l'âge de sept ans (Contemplations, Liv. III, XIV et XV). L'immense douleur qui affecta Hugo et Vacquerie, accablés de deuils, ne fera que rapprocher leurs « curs liés au morne piédestal » (Contemplations, Liv. V, I , «A Aug. V. »). Collaborant dès le mois d'août 1848 à l'Événement, journal fondé par les fils Hugo et Paul Meurice, Vacquerie visitera fréquemment les Hugo pendant les années d'exil et sera l'auteur de nombreux portraits photographiques de l'écrivain et sa famille. Hugo sera également proche d'Ernest, le fils survivant de Marie Lefèvre et neveu d'Auguste Vacquerie, désigné comme exécuteur testamentaire de l'écrivain aux côtés de son oncle et de Paul Meurice. On connaît un autre manuscrit du poème, envoyé par Hugo à Juliette Drouet, désormais conservéà la Bibliothèque nationale de France (NAF 13390, fol. 197). Ce poème est l'un des onze - sur les quarante-deux poèmes que compte le recueil - qu'il a choisi d'offrir à l'amante de sa vie. Sublime épitaphe d'Hugo, dont les immortels vers - incluant la variation du manuscrit - sont gravés sur la sépulture du petit Charles Emile Lefèvre, "au bord de la mer", dans le cimetière romantique du prieuré de Graville. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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Paris s.d.(ca 1945), 20,5x27cm, quatre pages.
Ironique poème autographe signé de Sacha Guitry, 18 strophes sur deux feuillets, intitulé : "Eclatante vérité sortie de la bouche adorée de Lana et que j'ai mise en vers pour la faire sourire". Le poème, signé Sacha et courant sur 24 lignes avec le titre, comporte une rature et deux ajouts et date probablement de l'année 1945, année du mariage de Sacha Guitry et Lana Marconi : "Je suis ici dans ma maison. Ce n'est pas sans raison Que j'en tiens le pari Car je me fie aux apparences... .... Et ma maison est dans Paris Qui, lui, se trouve en France... Quant à la France elle est, bel et bien, dans l'Europe... .... Oui, oui, enfin l'Europe est dans le monde Et quant au monde, il est jusqu'au cou dans la merde... .... C'est ce qui fait qu'étant chez moi Je suis depuis des mois tellement emmerdé ! " A ce poème, nous joignons : son brouillon autographe, au crayon de papier et comportant de nombreuses corrections, avec, au dos, un projet de page de titre pour son ouvrage "Elles et toi". Le tout sur un feuillet recto verso. Est présente également une page de notes autographes concernant Lana Marconi traitant de sommes d'argent : "Lana a reçu 65 pièces de 20 $ et 18.500", decomptes mais aussi, noyés dans ces préoccupations pécuniaires, des vers. Présentée à Sacha Guitry par Arletty, l'actrine Lana Marconi, d'origine roumaine, fut la cinquième et dernière femme du grand homme de théâtre. Surnommée par ce dernier "Mon cher renard", elle partage dès 1945 la vie de Sacha Guitry et l'épouse le 25 novembre1949. Ce qui lui fera dire avec beaucoup d'humour :«Les autres furent mes épouses, vous, vous serez ma veuve» et «Ces belles mains fermeront mes yeux et ouvriront mes tiroirs». L'actrice créa sept pièces et joua dans douze films de Sacha Guitry et ne travailla qu'avec lui comme réalisateur. Amusant ensemble manuscrit de Sacha Guitry concernant sa dernière épouse Lana Marconi. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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Paris s.d. [ca 1941-1942], 21x27cm, une page.
Poème autographe signé de Sacha Guitry, 2 quatrains, à en-tête de l'adresse de son hôtel particulier qu'il occupa, après son père Lucien Guitry, de 1925 à 1957. Le poème est adressé avc du tabac à Paul Valéry (référence vente Ader N° 545 de la deuxième partie de la collection André Bernard du 18 novembre 2011) datant probablement de l'année 1941 ou 1942, "J'en trouve encor - en m'abonnant - Et, sans tarder, je vous les livre. Oui, mais alors - donnant donnant - Donnez un quatrième livre ! Livres profonds et parfumés Différents, mais - quand même égaux. Vive Pétun ! quand mes mégots, C'est vous, Monsieur, qui les fumez." Amusant poème autographe signé adressé par Sacha Guitry à l'un de ses maîtres en ces temps de pénurie. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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1969, 30,4x39,5cm, une feuille.
Après de nombreuses années passées en Grèce, en Egypte et à Rhodes, l'écrivain voyageur Lawrence Durrell fut contraint de fuir Chypre à la suite de soulèvements populaires qui menèrent l'île à son indépendance. Riche seulement d'une chemise et d'une machine à écrire mais auréolé du succès de ses romans Bitter Lemons of Cyprus et Justine, il arriva en 1956 en France et s'établit dans le village languedocien de Sommières. Dans la «?maison Tartès?», sa grande demeure entourée d'arbres, il écrivit la seconde partie de son uvre, son monumental Quintette d'Avignon, s'adonna à la peinture et reçut ses illustres amis, dont le couple Henry Miller et Anaïs Nin, le violoniste Yehudi Menuhin, l'éditeur londonien Alan G. Thomas, et ses deux filles Pénélope et Sappho. Parmi les oliviers et sous le soleil méditerranéen, il y rencontre au milieu des années 1960 la jeune et pétillante «?Jany?» (Janine Brun), Montpelliéraine d'une trentaine d'années à la beauté ravageuse, qui travaillait au département des Antiquités de la Sorbonne à Paris. Elle fut prénommée «?Buttons?» en souvenir de leur première rencontre, où la jeune fille portait une robe couverte de boutons. Henry Miller tomba également sous le charme de «?Buttons?», louant sa beauté et son éternelle jeunesse dans d'exceptionnelles lettres restées inédites. Les trois compères passèrent des soirées parisiennes mémorables dont nous gardons de précieuses traces autographes sur un menu de restaurant et à travers leurs échanges épistolaires. Recommandée par Durrell, elle fit de nombreux voyages notamment en Angleterre d'où elle reçut une vaste correspondance de l'écrivain ainsi que des uvres d'art originales signées de son pseudonyme d'artiste, Oscar Epfs.Exceptionnel poème autographe daté de 1969, signé et illustré de dessins originaux au graphite, feutres et crayons de couleur par Lawrence Durrell. Le poème-uvre d'art est adressé à Janine Brun, son amante française, et porte la dédicace «?For Buttons?», surnom affectueux que lui donnait l'écrivain, surmonté d'un cur percé d'une flèche. «?Et je sus qu'à chaque fois que Je veux être vraiment seul Et me souvenir de toi, de cette journée, C'est à Vaumort que je songerai?». «?I knew that whenever I want to be perfectly alone With the memory of you, of that whole [day, It's to Vaumort that I'll be turning?» Trous d'épingles, déchirures marginales. Publié pour la première fois dans Collected Poems?: 1931-1974 (1980). Dans ce poème-dessin, l'écrivain se remémore une journée d'amour passée dans le cimetière d'un petit village de l'Yonne en compagnie de son amante Janine Brun. Au même moment, Durrell se remet péniblement du décès prématuré de sa troisième femme, survenu deux ans auparavant, et publie sa série de romans dystopiques Tunc (1968) and Nunquam (1970). Il se retranche également dans la poésie, dernier exercice d'ascèse littéraire et philosophique d'un écrivain qui, progressivement, choisit de se retirer du monde. C'est au cours d'une traversée depuis la capitale vers le Midi, que ce sont arrêtés les amoureux le temps d'une journée à Vaumort?: «?Au-dessous de nous, très loin, la route [qui mène à Paris Tu verses un peu de vin sur une tombe Les abeilles boivent avec nous, les morts [acquiescent?». «?Below us, far away, the road to Paris. You pour some wine upon a tomb. The bees drink with us, the dead approve.?» La poésie de Durrell a souffert de l'éclatant succès de ses romans, cependant elle atteint ici une grande beauté lyrique, son vers libre néanmoins très musical reprenant le célèbre motif du cimetière?: «?Un cimetière insouciant bourdonne Comme si ses tombes étaient des ruches Bousculées par des morts impatients - Nous imaginions qu'ils avaient accumulé Le miel de leur immortalité Dans le doux tumulte des abeilles [noires?». «?One careless cemetery buzzes on and [on As if her tombstones were all hives Overturned by the impatient dead - We imagined they had stored up [The honey their of their immortality In the soft commotion the black bees make.?» L'écrivain s'exerce ici à capturer dans le poème un moment de bonheur et de plaisir charnel avec son amante, et encadre les vers qu'il lui offre de longs aplats de graphite et de nombreux dessins aux couleurs vives. Parallèlement à son travail d'écriture, l'auteur du Quatuor d'Alexandrie pratiquait en effet assidument la peinture et organisa plusieurs expositions de ses uvres sous le pseudonyme «?Oscar Epfs?», son double artistique. Selon Serge Fauchereau, «?[...] c'est grâce à son ami Henry Miller qu'il s'était mis à la peinture?», en autodidacte, et qu'il produit à partir des années soixante des «?fantaisies jubilatoires?» (Jean Lacarrière), extrêmement colorées. On a ici un rare exemple d'une uvre d'art double, à la fois poétique et picturale. Réalisée aux feutres et crayons de couleurs, proche des dessins de Joan Miró, elle constitue une magnifique illustration empreinte de naïveté, qui se marie admirablement au poème. Durrell poursuivit cette activité jusqu'à la fin de sa vie, passée à Sommières?: on peut d'ailleurs y voir une véritable transcription picturale du «?burnt and dusty Languedoc?» («?Languedoc brûlé et poussiéreux?», vers 12), auquel il rendra hommage dans son ultime roman Caesar's Vast Ghost. Rare témoignage de l'aventure provençale de Durrell avec une jeune française, qui lui inspira un délicieux poème empreint de chaleur et de couleurs méditerranéennes. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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in-8 en feuilles 1 p. in-8, 13 vers en alexandrins à l'encre violette sur papier saumon.
Ce poème probablement inédit est un portrait acrostiche du psychanalyste, pédiatre et linguiste Edouard Pichon (1890-1940). André Salmon ne fut pas le seul écrivain à évoquer ce psychanalyste singulier, fou de grammaire et de chansons de salles de garde : Louis Aragon (dont il fut le professeur de pathologie dans les années 1920-1922) en dresse également le portrait dans "Blanche ou l'oubli" : "Un grand cheval blême à moustaches couleur de typhoïde à treize ans, le docteur Pichon qu'on l'appelait [...] Obscène le neveu, à souhait. Chantant les airs sacrés de la profession à en avoir des crises de tachycardie. Ne déposant les morpions du De Profondis que pour parler grammaire." (cf. E. Roudinesco, Histoire de la psychanalyse en France, t. 1, pp. 297-320) Personnage d'une grande richesse, d'une infinie curiosité et très complexe, Edouard Pichon est un contemporain et en quelque sorte un précurseur de Lacan (ce dernier lui reprendra - entre autres - le concept de forclusion), l'un des introducteurs de la doctrine freudienne en France, cofondateur du groupe de L'Evolution psychiatrique et de la Société Psychanalytique de Paris (dont il fut président de 1935 à 1937), auteur, avec son oncle Jacques Damourette, d'un monumental Essai de Grammaire française dont la publication s'étala sur près de 30 ans. Il fut également fervent maurrassien tout en étant dreyfusard, et le gendre de Pierre Janet sans être janetien. Nota : ce document ne pourra être exporté en dehors de l'Union Européenne sans autorisation préalable du ministère de la Culture, formalité pouvant prendre plusieurs jours. Très bon