ZOLA (Émile). LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À SON « CHER AMI » [DURANTY]. Paris, 27 décembre 1873. Une page, 20,9 × 13,5 cm. Lettre relative aux efforts de Zola pour faire rééditer le Malheur d’Henriette Gérard ; important et émouvant témoignage des relations entre les deux écrivains et critiques d’art. « Paris, 27 décembre 73 Mon cher ami, Ayant mis les Charpentier au pied du mur, voici la lettre que j’ai reçue. Je regrette vivement l’insuccès de mes efforts. Je me suis heurté contre un parti pris absolu. Je suis d’avis pourtant que vous leur portiez quelques unes de vos meilleures nouvelles. Dans le cas où cette nouvelle tentative vous conviendrait, il serait préférable, je crois, que vous vous mettiez vous-même en avant. Je pourrais vous annoncer de la façon qui vous plairait le mieux. En un mot, je reste à votre entière disposition. Je me permets de garder quelque temps encore l’exemplaire du Malheur d’Henriette Gérard. Ma femme désire lire votre roman, et moi je veux le relire. Votre bien dévoué. Émile Zola » Nous recopions mot pour mot l’annotation des éditeurs de la correspondance de Zola, en remerciant vivement Alain Pagès de nous l’avoir communiquée : « Duranty n’ayant pas pu faire accepter son roman la Fournaise par Édouard Portalis, Zola tenta alors de persuader Charpentier de rééditer le Malheur d’Henriette Gérard (1860). L’associé de l’éditeur, Maurice Dreyfous, lui répondit, le 22 décembre : “Nous avons lu le livre de M. Duranty dont vous nous avez parlé. Nous sommes d’accord avec vous sur la valeur de l’œuvre, sa saveur particulière bien personnelle et qui détonne vigoureusement dans le tas de banalités courantes. Voilà pour la partie littéraire de la proposition. Là-dessus nous sommes de votre avis. Mais quant à la partie pratique de la chose, elle nous paraît sinon impossible du moins prématurée. Nous avons essayé de diverses réimpressions et nous n’avons que très rarement eu à nous en féliciter. Jusqu’à nouvelle tendance du public nous nous abstiendrons autant que possible de rien réimprimer”. Le Malheur d’Henriette Gérard fut réédité par Charpentier en 1879. » C’était, hélas, bien tard pour le pauvre Duranty, qui devait mourir l’année suivante, à quarante-six ans. Bibliographie : Émile Zola, Correspondance, tome II (1980), page 346, lettre 177.
Reference : LRB_025
Le Livre de jade
M. Jonathan Chiche
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