André GIDE Les Caves du Vatican Paris, Éditions de la nouvelle revue française, 1914 Édition originale 230mm x 151mm 282 ; 293 pp Un des 550 exemplaires numérotés sur papier chandelle d'Arches au filigrane de la N.R.F, premier papier, ici le n°173 Portrait de André Gide gravé en frontispice du tome I Belles reliures demi-maroquin à coins cerise, dos à 5 nerfs, auteur, titre et tomaisons frappés or, têtes dorées, couvertures conservées, étui commun assorti. Dos très légèrement insolés, infimes frottements, excellent état général néanmoins et pages intérieures d’une parfait fraîcheur. Rare, plus encore relié en maroquin
Reference : JMC-356
Librairie Beaumanoir
M. Camille Martin
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Gallimard, Mercure de France, Ides et Calendes Broché Sept volumes in-12 (12 x 18,5 cm et 13 x 18,7 cm), brochés, lot de 7 ouvrages d'André Gide : Le Retour de l'enfant prodigue (Gallimard, 1941, 235 pp. ; pliures au dos, quelques petites traces et marques d'usage aux plats, papier bruni) // Ainsi soit-il ou les Jeux sont faits (Gallimard, 1952, 197 pp. ; pliures au dos, traces et rousseurs aux plats, coins cornés) // Incidences (Gallimard, 1931, 216 pp. ; déchirures recollées au dos et aux mors, rousseurs au premier plat, papier bruni) // Les Caves du Vatican (Gallimard, 1949, 301 pages ; pliures au dos, rousseurs et quelques pliures aux plats) // Nouveaux prétextes (Mercure de France, 1957, 290 pp. ; pliures et manque au dos recollé, coins cornés, petit manque dans le coin supérieur du quatrième plat) // La porte étroite (Mercure de France, 1959, 213 pp. ; pliures au dos, rousseurs au premier plat, // Et nunc manet in te, suivi de Journal intime (Ides et Calendes, 1951, 119 pp. ; coin supérieur du quatrième plat corné) ; assez bon état général. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
Pour la trame de son récit, Gide était parti d'un fait divers : à Lyon, des escrocs avaient fait croire à des gens trop crédules, et pour leur soutirer quelque argent, que le pape Léon XIII était retenu prisonnier par des cardinaux francs-maçons dans les caves du Vatican. Paris, Éditions de la Nouvelle Revue française, (12 mai) 1914. 1 vol. (160 x 215 mm) de 296 p. et [3] f. Demi-maroquin vert à coins, dos à nerfs orné de caissons et filets à froid, tête dorée, titre doré, date en pied, couverture et dos conservés (reliure signée de Devauchelle). Édition imprimée moins d'un mois après la première, sur les mêmes presses de l'imprimerie Sainte-Catherine à Bruges. Contrairement au tirage d'avril, elle reprend la maquette et les couvertures habituelles des éditions de la Nouvelle revue française. A ce titre, elle bénéficie d'un tirage de tête, réimposé sur papier vergé d'Arches - ici le numéro 40 des 64 exemplaires imprimés.
L'un des livres les plus célèbres de Gide fut aussi l'un de ceux qui lui coûta le plus à écrire. Son projet remontait à 1893, des indications sur les personnages commencent à apparaître dans le Journal dès 1905 et Gide en commence la rédaction en 1911. Le travail avance difficilement comme l'atteste le brouillon extrêmement raturé. Enfin, le 24 juin 1913, l'auteur confie à son Journal : « Achever hier les Caves. Sans doute, il me restera beaucoup à reprendre encore après que je l'aurai donné à lire à Copeau et sur les épreuves. Curieux livre ; mais je commence à en avoir plein le dos et par-dessus la tête. Je ne me persuade pas encore qu'il est fini, et j'ai du mal à m'arrêter d'y songer. » En effet, après avoir rendu sa copie, il doit s'y atteler à nouveau. Copeau a lu. Lu et corrigé. Pendant l'été de 1914, Gide se plaint : « Mes heures les meilleures, je les emploie à mettre au point les passages des Caves dont Copeau ne s'est pas montré satisfait ; j'y ai beaucoup de mal et n'y parviens qu'avec un énervement sans nom. » Le résultat sera à la hauteur de l'effort fourni. Pour la trame de son récit, Gide était parti d'un fait divers sordide, une sombre histoire d'escroquerie qui en 1892 défraya un temps la chronique. A Lyon, des escrocs avaient fait croire à des gens trop crédules, et pour leur soutirer quelque argent, que le pape Léon XIII était retenu prisonnier par des cardinaux francs-maçons dans les caves du Vatican. De cette invraisemblable aventure, Gide avait gardé dans ses documents des articles de journaux et des affiches ; il ne lui restait qu'à écrire. On en a surtout retenu le fameux «acte gratuit» dot Gide a dû se défendre d'avoir voulu faire l'apologie: «Mais non, je ne crois pas, pas du tout, à un acte gratuit. Même, je tiens celui-ci pour parfaitement impossible à concevoir, à imaginer» Jacques Vaché et André Breton,qui prétendaient n'avoir que faire de la littérature, saluèrent en André Gide ce créateur de Lafcadio, personnage nihiliste qui « ne lit pas et ne produit qu'en expériences amusantes comme l'ASSASSINAT ». Ils en firent un héros protosurréaliste. L'intention de l'auteur était autre. Réformateur de la pensée judéo-chrétienne et de sa conception spiritualiste de l'Homme, c'est en moraliste prudent qu'il publie Les Caves du Vatican sans bruit et dans l'anonymat, comme pour tester auprès de ses lecteurs la portée et les qualités de sa nouvelle sotie contre l'hypocrisie. Car, enfin, l'ironie et la satire sont-elles les bons procédés esthétiques pour séduire une génération en quête d'une nouvelle morale après l'effondrement des valeurs du XIX e siècle ? Telle est la préoccupation de Gide, auteur d'une fantaisie résolument critique et caricaturale, dont tous les personnages sans exception sont des sots, prisonniers de leurs systèmes; dont tous les thèmes (religiosité, libre pensée, disponibilité et acte gratuit) sont tournés en dérision ; et dont l'allure de roman-feuilleton, avec mystification, déguisements, quiproquos et surprises, n'est qu'une imitation parodique pour mieux lutter contre la crédulité des lecteurs qui prennent le vraisemblable pour le vrai. La drôlerie qui en résulte ne masque ni l'importance ni la gravité du propos : « Et si le Bon Dieu n'était pas le vrai ? ».
Sous étui et chemise de soie bleu ciel. Couvertures orange. Beau portrait frontispice gravé au vernis mou par Paul-Albert Laurens, ici tiré sur Japon.
Paris N.R.F. 1914 Tome 1 : 282 pp. Tome 2 : 293 pp. In-8. Brochés. Bel ensemble. 2 tomes. ÉDITION ORIGINALE LIMITÉE À 550 EXEMPLAIRES NUMÉROTÉS SUR ARCHES, SEUL GRAND PAPIER.« André Gide a contrôlé de bout en bout la publication des Caves du Vatican, qu'il considérait comme la grande ?uvre de sa maturité. (...) Les caractères retenus sont ceux qui avaient été utilisés l'année précédente par Émile-Paul pour Le Grand Meaulnes d'Alain-Fournier, et l'on a apporté un soin scrupuleux à la correction des épreuves. » (Henri Vignes, Bibliographie des Éditions de la NRF, 54).