Paris, Librairie des Bibliophiles/E. Flammarion, sd. [circa 1900]. Deux volumes in-8, 18x11,7 cm, semi cuir rouge, dos à nerfs et titre doré, tranche de tête dorée. Assez bon état, légère usure, coins frottés, intérieur impeccable.
Reference : UGE-144
Librairie La Sardine Ambulante
M. Arthur Azéma de Castet Laboulbène
3 bis rue Albert Einstein
93200 Saint-Denis
France
06 51 14 85 06
Conforme aux usages de la librairie.
Précieux exemplaire de la bibliothèque Robert Hoe avec ex-libris, à fort belles marges. Paris, Chez Estienne Michallet, 1688. Avec Privilege de Sa Majesté.In-12 de (30) ff., 308 pp. et (1) f. de privilège. Plein maroquin rouge, triple filet doré encadrant les plats, dos à nerfs richement orné, mors supérieur légèrement frotté, double filet or sur les coupes, roulette intérieure, tranches dorées. Reliure du XIXe siècle signée de Cuzin.159 x 89 mm.
Troisième édition originale avec cartons des « Caractères de La Bruyère » (1646-1696), la plus rare de toutes.« Cette troisième édition est fort rare dans ses deux conditions : premier et second état », mentionne Tchemerzine, III, p. 797.« Cette troisième édition est une des plus rares de la série » mentionne Brunet (Supplément I, 731).C’est à proprement parler la troisième édition originale avec cartons ainsi que nous allons achever de le démontrer. Page 123, ligne 11, on a imprimé : « et de venir au niveau d’un fat », au lieu de « et venir ». Page 124, ligne 14, on trouve cette leçon : « et a ne rien faire », au lieu de « et ne rien faire », version donnée précédemment. La page 259 porte ce texte : « n’en attendre rien », qui est définitivement fixé.Voici encore d’autres corrections particulières à cette édition : page 126, ligne 15, on a corrigé « et qu’on luy donne », au lieu de « et que l’on luy donne ». Page 139, ligne 16, on a mis : « Je ne comprends pas », au lieu de « Je ne comprends point ». Page 227, ligne 15, on a imprimé « et on est sensiblement touché », au lieu de « et l’on est sensiblement touché ». Page 229, lignes 23 et 24, on lit « Le sentiment des injures et de le conserver », au lieu de « les sentiments des injures et de les conserver ». Page 175, lignes 2 et 3, on a imprimé « et sur de vaines sciences », au lieu de « et de vaines sciences ». Page 205, lignes 8-9, on lit « sans autre science ny autre règle », au lieu de « sans D’autre science ny D’autre règle », qu’on lisait dans l’édition précédente. » (Rochebilière, n°612 et 613).Le libraire Michallet obtint, le 8 octobre 1687, un privilège pour l'ouvrage intitulé « Les caractères de Théophraste traduits du grec, avec les Caractères ou les Mœurs de ce siècle ».Le livre fut mis en vente au commencement de janvier 1688 ; il n'était pas signé. La curiosité qu'éveillait alors tout écrit de morale et que stimulait encore le côté précis et satirique de celui-ci, entraîna le succès immédiat : durant la même année, trois éditions se succédèrent, non compris celle de Bruxelles et celle de Lyon. Pourtant les Caractères ou les Mœurs de ce siècle ne contenaient à cette date que 420 réflexions ou portraits ; mais dans la 4ème édition (1689) furent insérées environ 350 remarques nouvelles. Et d'année en année le volume grossit ; la 5 édition, imprimée en 1690, portait à 923 le nombre total des réflexions ; la 6è (1691) et la 7è (1691) à plus d'un millier ; la 8è (1694) à 1 120. La Bruyère eut, semble-t-il, le temps de revoir les épreuves de la 9è édition qui parut en 1696 : mais il n'y ajouta pas de pensées nouvelles, peut-être parce qu'à cette époque son esprit s'était tourné dans une autre direction et qu'il préparait des Dialogues sur le quiétisme.« Avec ‘Les Caractères’ ce sont bien des passions communes et des types généraux que La Bruyère vise, mais toujours pris dans l’instant de leur manifestation et dans le cadre d’une société particulière : non l’homme abstrait, mais le courtisan, la grande dame, le magistrat, le financier, le prédicateur du siècle de Louis XIV sur le commencement de son déclin classant ainsi les individus suivant une géographie morale immuable, mais dramatisée par un pessimisme d’origine augustinienne. Il n’a certes pas songé à donner un témoignage historique quoiqu’on devine à travers ses tableaux de mœurs cette domination croissante de l’argent qui était en train de faire craquer les cadres et les traditions de l’ancienne société. Mais le réalisme concret et, pourrait-on dire, photographique de La Bruyère, si bien servi par un style agile et incisif, marque à lui seul une transition entre les grands classiques et le XVIIIe siècle : il nous mène finalement plus près de Montesquieu et de Voltaire que de Molière. »« Toute la réputation de La Bruyère est fondée sur un seul ouvrage, Les Caractères. Ils étaient originaux après les Maximes de La Rochefoucauld et les Pensées de Pascal ; mais ils le devinrent davantage avec les éditions successives qui en accusèrent les traits nouveaux. Lui-même, dans son Discours sur Théophraste, a tâché de définir cette nouveauté ; mais il a été incomplet par modestie ou par prudence. L'originalité des Caractères paraît à la fois négative et positive : le livre de La Bruyère renonce aux mérites exceptionnels des Maximes et des Pensées, tout en attestant d'autres qualités psychologiques ; il ajoute à leurs analyses ou à leurs synthèses un tableau des mœurs contemporaines, dont ni l’un ni l’autre écrivain ne s’étaient souciés. L’intention proprement apologétique est absente des seize chapitres qui le composent, en dépit de celui des Esprits forts : si le chrétien La Bruyère ne dissimule pas ses idées religieuses, s’il s’efforce même de réfuter certains arguments des libertins, son dessein est plus limité que le dessein de Pascal. Pareillement, l’esprit de système qui portait La Rochefoucauld à ramener toutes les actions, et même toutes les vertus humaines, au mobile, apparent ou caché, de l’amour-propre, n’est plus le sien. Non pas qu’il conteste la prédominance de cet amour-propre ; mais il est moins curieux d’unité que de variété, de vigueur que de nuances. On aperçoit fréquemment chez lui des réminiscences de La Rochefoucauld et de Pascal, surtout dans les chapitres d’une portée générale ; ces réminiscences, en affaiblissant le texte du devancier, le précisent et le corrigent presque toujours, l’enrichissent parfois de particularités intéressantes. Et La Bruyère y joint des réflexions fines, mélancoliques ou attendries que nous chercherions vainement dans les Maximes ou dans les Pensées. Est-ce Pascal, est-ce La Rochefoucauld, qui aurait écrit : « C’est une vengeance douce à celui qui aime beaucoup de faire, par son procédé, d’une personne ingrate une très ingrate » (Du cœur, 19), ou bien : « Etre avec des gens qu’on aime cela suffit ; rêver, leur parler, ne leur parler point, penser à eux, penser à des choses indifférentes, mais auprès d’eux, tout est égal » (Ibid., 23), ou encore : « Il devrait y avoir dans le cœur des sommes inépuisables pour de certaines pertes » (Ibid. 35) ? Devant des phrases de ce genre et d’autres que contient le chapitre de l’Homme ( 80, 82), nous avons l’impression de pénétrer dans une âme délicatement triste, et même d’en recevoir une discrète confidence. Le pessimisme classique, dont la croyance au péché originel fut la base religieuse, subsiste dans les Caractères, mais moins absolu, conscient de notre faiblesse plutôt que de notre perversité, détendu sous l’influence passagère de Montaigne et sous celle, plus constante, d’un tempérament assoupli et d’une intelligence peu systématique. »De nombreux bibliophiles ont essayé en vain de réunir les neuf éditions originales des Caractères de La Bruyère, la plupart du temps sans succès devant la difficulté d’obtenir cette troisième édition originale, « fort rare » selon Tchemerzine, « une des plus rares de la série » selon le supplément de Brunet.Précieux exemplaire de la bibliothèque Robert Hoe avec ex-libris, à fort belles marges (Hauteur : 159 mm contre 158 mm pour l’exemplaire Rochebilière (n°613)).
Rarissime et intéressante édition censurée des Caractères de La Bruyère imprimée en Belgique pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg, dans laquelle les attaques de l’auteur visant les monarques de la Ligue ont été supprimées. Bruxelles, 1693. Bruxelles, Jean Leonard, 1693. In-12 de (26) ff., 584 pp., (4) ff. Exemplaire de second état avec deux interruptions dans la pagination : aux pp. 455-456 et 463-464. Relié en plein vélin souple de l’époque, dos lisse avec le titre manuscrit. Reliure de l’époque. 154 x 94 mm.
Très rare édition censurée des Caractères de La Bruyère, publiée du vivant de l’auteur, imprimée à partir du texte de la septième édition originale amplement remanié par l’éditeur belge Leonard qui en tronqua les passages ou l’auteur attaquait de manière trop directe les opposants à la monarchie française conquérante. Tchemerzine, III, 805. L’édition qui servit de modèle à celle-ci est en fait la 7e édition originale imprimée à Paris en 1692, qui contenait 77 nouveaux caractères (dont Emile, Roscius, des portraits de prudes, de coquettes, de dévotes, tc.) et dont 9 caractères étaient augmentés. « Avec ‘Les Caractères’ ce sont bien des passions communes et des types généraux que La Bruyère vise, mais toujours pris dans l’instant de leur manifestation et dans le cadre d’une société particulière : non l’homme abstrait, mais le courtisan, la grande dame, le magistrat, le financier, le prédicateur du siècle de Louis XIV sur le commencement de son déclin classant ainsi les individus suivant une géographie morale immuable, mais dramatisée par un pessimisme d’origine augustinienne. Il n’a certes pas songé à donner un témoignage historique quoiqu’on devine à travers ses tableaux de mœurs cette domination croissante de l’argent qi était en train de faire craquer les cadres et les traditions de l’ancienne société. Mais le réalisme concret et, pourrait-on dire, photographique de La Bruyère, si bien servi par un style agile et incisif, marque à lui seul une transition entre les grands classiques et le XVIIIe siècle : il nous mène finalement plus près de Montesquieu et de Voltaire que de Molière. » La présente édition offre quant à elle « ceci de curieux, par suite de son lieu d’impression, que d’abord imprimée suivant le texte de la septième édition de Paris, qui contient des jugements et des attaques sur Guillaume d’Orange et ses alliés, dont Maximilien de Bavière, gouverneur des Pays-Bas Espagnols, et sur la Révolution d’Angleterre. S’apercevant ensuite de sa méprise, Léonard dut faire des coupures et des cartons ». (Tchemerzine) En effet, l’éditeur Léonard qui imprime cette édition à Bruxelles pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg, qui voit la monarchie française combattre les Pays-Bas espagnols (dont la Belgique fait alors partie), se voit contraint de faire des coupures dans le texte de La Bruyère afin de supprimer les attaques visant les monarques de la Ligue. Notre exemplaire présente bien les censures apportées au texte par Léonard une fois le texte imprimé, à savoir 4 ff. supprimés et deux cartons. Précieux exemplaire de toute pureté, conservé dans sa première reliure en vélin souple de l’époque.
Précieux exemplaire, conservé dans ses belles reliures de l’époque, cité par Cohen (col. 1056) provenant des bibliothèques du Comte Greffulhe et d’André Langlois avec ex-libris. Paris, Audran et Chereau, [1726-1728]. 2 volumes in-folio de : T. I / (4) ff. gravés (frontispice dessiné et gravé par Boucher, épitaphe, et autoportrait de Watteau gravé par Boucher), et 101 planches portant 132 sujets numérotés. Sans le titre, la Vie (2 ff.) et la préface (un f.), gravés, jamais reliés dans l'exemplaire (voir ci-après) ; T. II / 121 planches portant les sujets numérotés de 133 à 350 et 1 gravure non numérotée entre la 270 et 271. Sans le titre et le f. d’Avertissement. Veau marbré, triple filet à froid encadrant les plats, dos ornés de filets, fleurons, et étoiles, pièces de titre et tomaison de maroquin rouge et noir, tranches dorées. Reliure de l'époque. 495 x 325 mm.
Edition originale et premier tirage « de ce précieux recueil » (Cohen, col. 1064), l’un des plus beaux et des plus rares livres illustrés français de tous les temps. « Cette édition, la seule bonne, est fort rare ». (Cohen, col. 1064). Sander, Illustrierten franz ö sischen Bücher des 18. Jahrhunderts, 2042 ; Berny, Livres anciens, romantiques et modernes, III, …, 90 ; Esmerian, XVIIIe siècle, livres illustrés, 107. Précieux et célèbre exemplaire cité par Cohen (col. 1056) provenant des bibliothèques du Comte Greffulhe et Jacques Langlois. Le « recueil Julienne », le plus beau et le plus rare des recueils de gravures du XVIIIe siècle, fut composé par les soins de l’ami et protecteur de Watteau, Jean de Julienne, lequel s’entoura peu de temps après la mort de Watteau d’une trentaine d’artistes reconnus dans le but de propager l’œuvre de son ami. L’entreprise de publication s’étendit sur une douzaine d’années. Les quatre volumes (dont les Figures de différents caractères sont consacrés aux dessins et l’Œuvre à ses peintures et ornements) furent imprimés chez lui, à la manufacture des Gobelins. Le travail de gravure débuta en 1717, soit quatre ans avant la mort d'Antoine Watteau. Les Figures de différents caractères furent mises en vente en 1726 et 1728 (et l’Œuvre en 1735). Julienne fit appel aux plus grands artistes du temps : quinze graveurs travaillèrent aux Figures de différents caractères, dont Jean Audran (131 pièces), Cochin père, Nicolas Silvestre, Laurent Cars et François Boucher alors âgé de dix-neuf ans, qui grava 105 pièces. Jean de Julienne lui-même, son ami le comte de Caylus et peut-être Montullé, cousin germain de Julienne, ont enfin gravé une quinzaine de pièces. Au total, 352 gravures immortalisant les dessins de Watteau : outre son autoportrait, la plupart sont des études de personnages pour ses tableaux de scènes galantes ou de comédie italienne, mais aussi d’artisans de petits métiers, de femmes dans leur vie quotidienne, et de personnages exotiques. Le goût personnel de Julienne, aquafortiste amateur, influe sur la technique des graveurs. C'est à l'eau-forte qu’eurent recours ces derniers pour obtenir une atmosphère aux valeurs claires, évanescentes que ne pouvait traduire le burin. Le succès de l’ouvrage fut considérable et les gravures accrochées dans tous les intérieurs français, ainsi qu’en Angleterre et en Allemagne. Quelques années après la parution des Figures de différents caractères en 1726-1728, les deux volumes de l’Œuvre de Watteau virent le jour en 1735 ; le Comte Greffulhe possédait initialement ces quatre volumes : Les Figures en 2 volumes in-folio, et L’Œuvre en 2 volumes grand in-folio. Il est cité par Cohen dans sa description de L’Œuvre parmi les rarissimes exemplaires connus (col. 1056). L’ensemble des volumes fut titré L’Œuvre au dos, raison pour laquelle les deux volumes des Figures portent ici ce titrage, et explique l’absence (d’origine) des titres, de la préface et de la Vie de Watteau, lesquels furent remplacés par le frontispice de Boucher, relié ici en tête du T. I mais habituellement en tête du T. II. Ce superbe exemplaire du Comte Greffulhe compte parmi les rares conservés dans leur élégante reliure de l’époque bien conservée. L’exemplaire passa ensuite dans la bibliothèque André Langlois, une des provenances les plus distinguées pour les beaux livres du dix-huitième siècle. En mai 2000, il y a 16 ans un exemplaire de ces deux volumes de Figures de différents caractères en reliure anglaise restaurée était vendu 350 000 F (environ 53 300 €) (Réf : Livres précieux – mai 2000, n° 140).
Exemplaire d’exception, réglé, à marges immenses, conservé dans son maroquin janséniste noir de l’époque, teinte rarissime, raffinée et très recherchée. Paris, chez Estienne Michallet, premier Imprimeur Du Roy, 1696. Avec Privilège de Sa Majesté. In-12 de (16) ff., 52 pp., 662 pp., xliv pp. de Discours à l’Académie Françoise, (2) ff. de table, (1) f. de privilège. Exemplaire réglé. Plein maroquin noir janséniste, filet à froid autour des plats, dos à nerfs, coupes ornées, roulette dorée intérieure, doublures et gardes de papier doré décoré, tranches dorées. Reliure en maroquin noir janséniste de l’époque. 163 x 96 mm.
Dernière édition imprimée du vivant de La Bruyère, mort dans la nuit du 10 au 11 mai 1696, la neuvième publiée et corrigée par La Bruyère. Elle contient par conséquent le texte définitivement adopté par lui avec ses ultimes corrections et a servi pour fixer le texte des éditions postérieures. «Dans l'intervalle de 1688 à 1696, La Bruyère avait publié huit éditions des ‘Caractères’, avec des changements et des additions dans chacune. Leur réunion dans une même bibliothèque présente un certain intérêt et permet au bibliophile de suivre les différentes phases par lesquelles a passé cet ouvrage remarquable. La huitième et la neuvième édition renferment un texte au moins double de celui des premières.» (Le Petit). « La Bruyère n'a pas son pareil pour isoler le mot, le geste, le « tic » où se trahit d'un coup tout un caractère. Il est meilleur à mesure qu'il se rapproche du concret. Non qu'il recherche la singularité pour elle‑même : ce sont bien des passions communes et des types généraux qu'il vise, mais toujours pris dans l'instant de leur manifestation et dans le cadre d'une société particulière: non l'homme abstrait, mais le courtisan, la grande dame, le magistrat, le financier, le prédicateur du siècle de Louis xiv sur le commencement de son déclin. Il n'a certes pas songé à donner un témoignage historique quoiqu'on devine à travers ses tableaux de mœurs cette domination croissante de l'argent qui était en train de faire craquer les cadres et les traditions de l'ancienne société. Mais le réalisme concret et, pourrait-on dire, photographique, de La Bruyère, si bien servi par un style agile et incisif marque à lui seul une transition entre les grands classiques et le XVIIIe siècle : il nous mène finalement plus près de Montesquieu et de Voltaire que de Molière ». Immense de marges (hauteur 163 mm), cet exemplaire réglé à l’état de neuf est conservé dans sa reliure en maroquin noir strictement d’époque, teinte particulièrement rare et raffinée. De la bibliothèque Patrice Madden avec ex-libris calligraphié.
Reference : LCS-600
Très rare édition originale du premier livre sorti de l’imprimerie catholique de Bangkok, l’un des tout premiers témoignages de l’essor de l’imprimerie en Thaïlande. Bangkok, 1838. Na : Bangkok, Sakkarat P. Christo Chao 1838. (= à Bangkok, l’année chrétienne 1838).In-12 composé de (2) ff. dont 1 de titre, 56 pp., et (1) f. Vignette gravée sur le titre. Conservé dans son cartonnage d’origine. Boîte moderne.155 x 98 mm.
Très rare édition originale du premier livre sorti de l’imprimerie catholique de Bangkok. L’un des tout premiers témoignages de l’essor de l’imprimerie en Thaïlande. Il semble difficile de déterminer précisément la date des débuts de l’imprimerie en Thaïlande. Gérald Duverdier, dans « La transmission de l’imprimerie en Thaïlande », article publié dans le « Bulletin de l’Ecole française d’Extrême-Orient », tome 68, 1980, remarque que les auteurs qui ont écrit sur ce sujet donnent des dates assez diverses : 1830, 1835, 1836, 1839, … Selon lui, le premier ouvrage imprimé au Siam serait un catéchisme rédigé par Mgr. Arnaud Antoine Gasnault, intitulé « Khâm son christang » et daté de 1796. Mais cette première tentative resta sans suite, et ce livre est devenu aujourd’hui introuvable. Puis G. Duverdier écrit : « les Robinson [missionnaires protestants américains] trouvèrent une petite maison portugaise près de la mission baptiste de Bangkok ; c’est probablement là que fut faite la première impression en caractères thaïs, le 3 juin 1836. C’était un tract de 8 pages avec l’exposé des principales doctrines chrétiennes […] L’impression du 3 juin 1836, une simple feuille rappelons-le, n’avait été qu’un essai ». Ce sont les missionnaires catholiques qui imprimèrent à Bangkok le premier livre à caractère non exclusivement religieux, en 1838 : le « Akson europa cheek tam phasa thai samrab dek ph’ung hat rien nangsu ». Il s’agit donc non seulement du plus ancien livre imprimé à Bangkok encore aujourd’hui en main privée, car le catéchisme de 1796 est devenu introuvable, et la brochure de 1836 qui ne comportait que 4 feuillets ne peut pas être considérée comme un livre, mais il s’agit aussi de la première impression thaïlandaise connue n’ayant pas un caractère exclusivement religieux. Le présent ouvrage a une fonction plus complexe que son titre le laisse entendre. Il semble avoir été rédigé à l’attention de prêtres catholiques Thaïlandais soucieux d’enseigner les bases de cette langue aux enfants étrangers. La première partie forme une introduction au langage thaïlandais et au système de numérotation utilisés dans l’enseignement (pp. 1 à 29) et révèle les dix règles à suivre par les étudiants (pp. 29 à 31) : 1. les villageois ne sont pas admis dans la salle de cours ; 2. les enfants doivent être sages et ne pas faire les idiots ; 3. les enfants doivent s’asseoir en rangs ; 4.le jeudi est un jour de congé ; 5. les enfants manquant l’école doivent recevoir une fessée ; 6. chaque année un mois de vacances sera fixé ; 7. tous les enfants doivent aller à la messe tous les jours ; 8. les professeurs doivent faire asseoir les enfants en rangs en alternant les garçons et les filles ; 9. les enfants devraient aller se confesser au moins une fois par mois à l’église et en profiter pour réciter le ‘doctrina’; 10. les enfants devraient balayer l’église 2 fois par semaine : le lundi et le samedi. Les pages 31 à 45 présentent des prières en latin et en thaï. La fin de l’ouvrage est consacrée aux instructions que les prêtres catholiques doivent respecter lors de la célébration de la messe (allumer les bougies, réciter telle prière, s’agenouiller, …). Il ne s’agit donc pas seulement d’un livre destiné à la formation des prêtres catholiques, mais aussi d’un manuel d’apprentissage du vocabulaire, de la prononciation et du système numéraire thaïlandais destiné aux enfants étrangers. Ouvrage de toute rareté conservé dans son cartonnage d’origine. Le présent ouvrage est absent des collections de la B.n.F. La plus ancienne impression faite à Bangkok conservée par la B.n.F. serait « Parables of the Lord Jesus », sous la signature de John Taylor Jones, avec la mention « 2e édition, 1839 », mais sans lieu d’impression. Cet ouvrage a été réalisé en caractères thaïs. OCLC ne répertorie aucun exemplaire de cet ouvrage. Provenance : Séminaire des missions étrangères (tampon rouge sur le feuillet de titre).