Rarissime exemplaire, édition originale imprimée à Lyon en deux parties en 1655 , complet , in-folio [33*22,5 cm], reliure à la hollandaise, parchemin du temps [impression gothique qui renforce le carton du plat verso]. Une mouillure en tête qui donne des auréoles claires sur l'ensemble des feuillets. Quelques piqûres sans gravité. Bien complet des achevés d'imprimer et des errata, non présents dans le seconde édition. La planche des armes du baron d'Estratefons, restée blanche pour non communication des informations, est présente [complétée pour la seconde édition]. Titre pour chacune des deux parties. Mention d'achat à l'encre en tête de la garde volante recto 140 p.
Reference : LRB211101
Rarissime ouvrage du beau-père de Molière dont l'importance documentaire a été totalement sous estimée par les historiens , rare témoignage de la fin de la Fronde en Languedoc. Le 2 août 1653, le prince de Conti sortit de Bordeaux pour s'installer à Cadillac, sous la garde du duc de Candale. Dès le 15 août, Conti et sa suite (200 personnes, tout de même !), forçaient les barrages sanitaires imposés par la peste pour se réfugier à la Grange-aux-Prés. Le lieu n'était pas choisi par hasard : dernier réduit en France sous le contrôle d'un frondeur irréductible (Jacques-François d'Amboise, comte d'Aubijoux, lieutenant général en Haut-Languedoc pour le comte du duc d'Orléans), Conti échappait en Languedoc aux éventuelles pressions de la cour, alors qu'allaient s'ouvrir les négociations pour sa réhabilitation. Molière et sa troupe, protégés de d'Aubijoux, furent présentés à Conti : d'Aubijoux cherchait à se concilier les bonnes grâces du prince pour conserver son pouvoir sur son département. Début novembre 1653, Conti, amnistié depuis début octobre, commença sa remontée vers Paris tout en négociant avec Mazarin : contre l'abandon de 90% de ses revenus, il allait épouser une Mazarinette, une nièce du cardinal. D'Aubijoux le précédait dans la capitale pour préparer son arrivée. Il fut pris dans une rencontre, organisée par ses opposants montpelliérains, qui laissa un mort sur le carreau. Immédiatement, la Compagnie du Saint-Sacrement exigea l'application à la rigueur du récent édit contre les duels : la condamnation à mort des duellistes. C'en était fait du pouvoir de d'Aubijoux. Il aurait du présider les états du Languedoc à venir : le roi imposa à Conti, commandant en Catalogne après son mariage, de le remplacer. C'est à cette occasion que Joseph Béjart lui communiqua un projet de livre destiné à corriger les multiples erreurs relevées dans les armes des participants des états. Conti le dévorait entre les comédies. On ne pourra que souligner la structure de l'ouvrage rappelant le ballet présenté au prince cette même année 1655 : le ballet des Incompatibles. Béjart dédie une partie à l'archevêque de Narbonne, président des états et ferveur des intérêts de la cour tout au long de la Fronde et une autre au prince de Conti, frondeur jusqu'à la dernière heure. Il faut donc voir dans ce livre, l'allégeance de Molière et sa troupe au nouveau pouvoir qui s'installait en Languedoc, à son plus grand bénéfice, passant de la protection d'un noble second à celle d'un prince de sang royal.
L'ARTISAN BIBLIO-PHIL
M. Philippe Mauran
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