Bernard Campiche (10/1993)
Reference : SVALIVCN-9782882410429
LIVRE A L’ETAT DE NEUF. EXPEDIE SOUS 3 JOURS OUVRES. NUMERO DE SUIVI COMMUNIQUE AVANT ENVOI, EMBALLAGE RENFORCE. EAN:9782882410429
Bookit!
M. Alexandre Bachmann
Passage du Rond Point 4
1205 Genève
Switzerland
Virement bancaire, PayPal, TWINT!
s.d. Dossier 24 x 30,5 cm, en demi cuir et à chants rouges, dos lisse, titre en lettres dorées, les plats recouverts de papier marbré, le tout présenté dans un élégant emboîtage en cuir rouge. Le dossier contient un manuscrit incomplet de la main de Paul Morand comptant 15 feuillets numérotés de 0 à 9 (dont un feuillet 1bis), XVIII-XIX et deux feuillets n. ch.
Contraint à l'exil après la Seconde Guerre mondiale en raison de ses positions politiques, Paul Morand passe près de trente ans en Suisse, où il avait d'ailleurs été un temps ambassadeur (1944). Dès 1948, il s'installe à Vevey où il occupe un appartement dans le château de l'Aile. Pendant cette période d'éloignement relatif - il sera quand même élu à l'Académie française en 1968 - il côtoie le monde intellectuel local, dont Jacques Chardonne, et recevra même la bourgeoisie d'honneur du lieu. La Riviera vaudoise occupera toujours une place importante dans sa vie. Pour preuve, son intérêt singulier pour François Aimé Louis Dumoulin (1753-1834). Dans les années 1970, sur la suggestion de René Creux (1914-2002), qui était lui-même illustrateur et graveur, Paul Morand se lance dans la rédaction dune étonnante biographie romancée de cet artiste veveysan (cf. Journal inutile, t. 2, pp. 319 et 330). Dumoulin est connu en Suisse romande par ses peintures coloniales et maritimes du temps de la guerre dAmérique (1775-1785). Vers 1773, à l'âge de vingt ans et alors qu'il exerce lactivité de commerçant, ses affaires le mènent à Londres puis dans les Antilles. Cest là quil apprend à dessiner et à peindre, et quil termine ses premiers tableaux. Son séjour sur lîle de Grenade, à lépoque de lémancipation des Treize Colonies, à un moment où les flottes anglaises et françaises saffrontent brutalement pour la domination des mers, fouette sa créativité et lui inspire de très nombreux sujets. A la fin de sa vie, à Vevey, il laisse derrière lui une quantité importante doeuvres où se mêlent exotisme colonial, navigations épiques, abordages audacieux et autres faits d'armes intrépides. Ces toiles représentent également une source historique de tout premier ordre. Loriginalité des compositions de Dumoulin, le mystère qui entoure toujours la vie de lartiste, ont visiblement captivé Paul Morand qui lui consacre donc un texte entièrement romancé, enrichi d'une correspondance fictive.Le manuscrit présenté ici, écrit à la plume et fortement raturé, est incomplet, comme le montre la numérotation discontinue des feuillets (manquent notamment les pages I à XVII, qui correspondent à une partie des lettres soi-disant adressées par Dumoulin à son père). Louvrage sera publié par René Creux après la mort de Morand sous le titre Monsieur Dumoulin à lisle de la Grenade (Paudex: Editions de Fontainemore, 1976). La comparaison montre que le texte édité en 1976 est passablement différent du manuscrit proposé ici. Dans lépilogue, on peut lire ce commentaire de léditeur qui permet de saisir lesprit dans lequel cette biographie romancée a été écrite: «Le présent ouvrage comprend, tout à la fois, un récit et des lettres imaginaires de Paul Morand, qui restitue le climat de cette époque, ceci afin de pallier labsence de documents biographiques.» (p. 113). Magnifique et rare manuscrit de lun des derniers ouvrages écrit par Paul Morand.
GERSON (Jean) (1363-1429) - NESSON (Pierre de) (1383-1442) - Maître de Guillaume LAMBERT
Reference : 3064
XVe Le Manuscrit et ses illustrations :Manuscrit sur vélin du dernier tiers du XVème siècle de 220 feuillets en cursive gothique homogène à 25 lignes par page. Les grandes majuscules rouges vertes et bleues sont élégamment travaillées, parfois sur la totalité de la marge en hastes et hampes ouvragées, prolongées en figures anthropomorphes d’un talentueux trait de plume. À ces visages bleus et rouges qui rythment l’intégralité du texte viennent s’ajouter un bel oiseau stylisé (en marge du feuillet 44) et quelques compositions abstraites d’une grande élégance. Toutes les petites miniatures sont traitées aux gouaches rouges, bleues et vertes, les bouts de lignes des textes rimés sont agrémentés de compositions vrillées rouges vertes et bleues et de petites barres hérissées de fins traits de plume verts rouges et bleus. L’intégralité du manuscrit est réglée large de marge et sans défaut sur un beau vélin fin. Les caractéristiques, le style et la graphie désignent un atelier de grande qualité d’origine possiblement auvergnate. Le texte est en français avec quelques citations latines. Le manuscrit est illustré de 6 peinturesFolio 1 : La montée au calvaire, Simon de Cyrène aide Jésus a porter sa croix. Il est entouré de trois personnages en armure et porte une tunique brune rehaussée d’or. Sur la partie gauche est représentée Marie et Saint-Jean qui suivent les cortèges. La partie droite, représente un important rassemblement de soldats en armures, casqués et armés de hallebardes. En fond, une représentation stylisée du Mont du Golgotha sous un ciel bleu azur. L’image ouvre le sermon Ad Deum vadit : « Adi eu feu sa mort amère ». En bas de page figure des armoirie 1-6 échiquetée d’or, 2 d’argent au chevron d’azur accompagné de trois quintefeuilles de gueule, posées 2 et 1. Folio 82 verso: Job sur son fumier converse avec un mendiant estropié, la scène se déroule en plaine dans un paysage dépouillé, ou ne se trouve que trois arbrisseaux, le ciel occupant les deux tiers de l’image. En première intention, le peintre avait tenté la descente d’un ange dont témoigne en marge une prolongation à l’or fin. Cette intéressante composition, d’une grande finesse d’exécution et d’une forte expressivité, est servie par un usage abondant d’or liquide sur le fumier de Job et les vêtements du mendiant. Folio 120 : Une mystérieuse composition pour illustrer le texte de Gerson « Le secret parlement de l’homme contemplatif à son âme » et de l’âme à l’homme. L’âme représentée sous forme d’un être asexué nu, est guidé par l’ange gardien face à l’Homme assis dans une cathèdre entourée de deux colonnes. Le chemin parcouru par l’âme et son guide se poursuit en arrière-plan sur une plaine désolée et ensoleillée chargée de deux arbres. Folio 146: Pour illustrer Le traité des tentations, par « Maistre Jehan Jarcon », un homme nu est tiraillé entre un ange et un démon, dans une scène d’extérieur où figurent en lointain, des montagnes. Folio 166 (verso) : Une belle représentation de Dieu le père dans le buisson ardent, tendant les Tables de la Loi à Moïse, avec en fond d’image, une cité et un fleuve avec un bateau. Des flammes sont discrètement disposées sur le buisson vers profond. Folio 199 : Pour illustrer le livre du Miroir de l’âme de Jean Gerson, en froc de moine et col d’hermine, est représenté sur une chaire, il prêche en plein air. Une foule constituée d’hommes et de femmes assis au pied d’un rocher apparaît. Du ciel bleu, émerge du haut de l’image Dieu le père entouré de rais d’or. Le texte :Ce manuscrit est constitué de divers traité en français dont voici le détail. - Ad Deum vaddit. (1)- Le premier texte (5)- Première considération (8)- Seconde considération (8 verso)- Troisième considération 9- Quatrième considération (9)- Cinquième considération (9 verso)- 2ème partie exp- tierce partie (14)- quarte partie (19)- oraison (25)- 5ème partie du texte, etiam nota (27)- 6ème partie (28)- 7ème partie (33)- 8ème partie (38)- 9ème partie (45)- 12ème partie (50)- explicit hic sermon de Marie (53) (Ecriture marginale, postérieure à juillet 1660 il reçoit son brevet de docteur en médecine)- 17ème partie- 18ème texte (73)- 20ème texte (passe du 18ème au 20 sans manque ni rupture dans le texte)- 21ème texte- 22 et 24ème texte (78)- Explicit la passion prêche du vendredi Saint (81 recto verso).- Lectio prima moruorum cum sunt diz mei- Paraphrase du livre de Job en vieux français Pierre de Nesson, paraphrase des IX leçon (81-82-84)- Le secret Parlement de l’homme avec son âme (119 recto verso)- Traité des tentations (145)- Péché mortel péché véniel les proufis de Stamon (166)- Traité des excommunications- Traité de la Confession (192)- Le miroir de l’âme 18 chapitre résumés en 3 ou 4 parties (198 verso)- Les commandements de Dieu quelles choses notre Dieu commandent cent commandements suivis des commentaires (201)
Commentaire :Texte : Jean Gerson, né à Gerson en 1383 et mort à Lyon en 1429, fut l’un des prédicateurs et théologiens moralistes les plus populaires du XVème siècle. Ces enseignements avaient atteint une telle popularité qu’il bénéficiait d’un véritable culte dans la ville de Lyon. Il s’éleva notamment contre les pratiques excessives de l’astrologie et de la magie, et s’insurgea contre les débordements provoqués par la fête des fous et les fanatismes excessifs tels ceux des flagellants. Pendant le règne de Charles VI – atteint de folie – il défendit les privilèges de l’Université et résista aux violences des cabochiens. Son influence dans les affaires du temps fut considérable. C’est lui qui prononça en présence de la cour, l’éloge funèbre du duc d’Orléans, assassiné sur commande du duc de Bourgogne. Il intervint de façon énergique dans les questions du schisme d’Occident. Son autorité était telle qu’on lui attribua longtemps la paternité de l’imitation de Jésus Christ. Ses écrits furent imprimés pour la première fois à Cologne en 1483. Les manuscrits de Jean Gerson détenus dans le domaine privé sont d’une grande rareté. Pierre de Nesson, surnommé par Champion, dans son histoire poétique du XVème siècle, le poète de la mort est né à Aigueperse (1383-1442). Il précède son successeur immédiat, François Villon, dans son goût du macabre. Les Vigiles des Morts, ou Paraphrase des IX leçons de Job contiennent la quintessence de son art fort bien résumé par MR Bossuat qui écrit : « ces Vigiles sont le tableau le plus sombre et le plus saisissants sur les fins dernières de l’homme (Elles), expriment tout le pessimisme d’une époque affreuse où le poète, détaché d’une vie sans espoir, s’en va chercher dans les cimetières, devant les charniers où la danse macabre déroule la plus triste sarabande, une funeste inspiration. ». Peinture : Ce manuscrit est à rapprocher du manuscrit détenu par le Paul Getty Museum, Gerson(Malibu manuscrit MS25). Illustré par le maitre de Guillaume Lambert et son atelier. A partir des années 1480, l’enluminure lyonnaise est dominée par un groupe d’artistes dont l’œuvre de référence est un livre d’heures transcrit à Lyon en 1494 par le copiste Guillaume Lambert. Une des caractéristiques de cet atelier, est d’avoir conçu plusieurs manuscrits de Jean Gerson dont « La passion de notre seigneur » du Paul Getty Museum, (Malibu manuscrit MS25) . La clientèle de cet atelier s’étendait comme on le voit ici à la région de Moulins. Le style caractéristique de l’Atelier se reconnaît notamment dans les belles initiales sur fond pourpre orné d’un treillis de feuillages à l’or chargés d’une lettre bleue niellée d’or. Par ailleurs notre manuscrit agrémenté de belles compositions marginales à la plume d’une grande originalité et d’une utilisation abondante de gouache de couleurs en ornementation de toutes les petites initiales (bleue, vert, rouge jaune) qui confèrent à l’ensemble une gaité chatoyante. Provenance : Ce manuscrit inconnu et inédit a été conservé dans une bibliothèque familiale de la région de Moulins depuis plusieurs siècles. Il a appartenu à une famille dont les armes apparaissent en bas du premier feuillet, dont la lecture est incertaine et sujette à interprétations mais probablement d’origine bourbonnaise. Ce manuscrit porte les armes mi parti aux armes de Beaufort en Auvergne, d’argent à la bande d’azur accompagné de six roses de gueules qui sont les armes de Catherine de Beaufort, dame de Charlus épouse de Louis Comte de Ventatour. Le manuscrit est ensuite passé dans la famille de Baugy établie à Moulins. Cette famille ayant des attaches à Anay-le-Château dans le bourbonnais, est ici représentée sous forme d’un livre de raison aux XVIIe et XVIIIe siècle courant sur plusieurs feuillets de textes, ainsi que ceux laissés libres en fin de manuscrit. On y voit l’alliance des enfants d’Antoine Baugy, dont Marie-Ursule Baugy, épouse de Pierre Huthier, docteur en médecine, qui apposa de nombreuses fois sa signature à l’intérieur même du manuscrit. On y lit la succession de maternités de Marie-Ursule Baugy, ainsi que les noms de sa sœur, Gilberte Baugy, épouse d’Antoine Bourdin, procureur du roi à Moulins, qui figure également dans la liste comme marraine et pour cause de décès, ainsi que le père Antoine Baugy (référence : Henry de Lagérenne Ainay-le-Château en bourbonnais, Histoire de la ville et de la châtellenie des origines à nos jours, volume 2, Paris Moulins, p. 492.)Reliure : Le manuscrit est revêtu d’une reliure de type monastique compartimentée, ornée de fer, notamment d’un agneau pascal avec traces de fermoirs à lacets. Cette intéressante reliure probablement lyonnaise, est la reliure d’origine de ce manuscrit, le dos a été refait, quelques restaurations sur les plats.
Phone number : 33 (0)3 85 53 99 03
1812 [Sans lieu, i.e. Seysses, Toulouse] 1 volume in-4 (24,5 x 20,5 cm) de 348 pages chiffrées et 6 pages de table non chiffrées. Reliure pleine basane fauve de l'époque (première reliure). Usures et manques. Important manque de cuir dans la moitié supérieure du dos. Un coin sommairement anciennement réparé, roulette dorée en encadrement des plats, gardes et doublures de papier marbré. Intérieur parfait. Ecriture très lisible. Manuscrit autographe mis au propre contenant le texte définitif qui sera imprimé en 1814 sous le titre : Traité sur l'époque de la fin du monde, et sur les circonstances qui l'accompagneront, par un Solitaire (à Versailles, de l'imprimerie de J. A. Lebel) avec en plus et inédits, de la page 306 à 311, une importante Note de l'auteur, et de la page 313 à la page 348, des Observations sur le manuscrit d'un solitaire, Lettre de Mr B*** à Mr P***.
Notre manuscrit se divise en 48 chapitres (non compris la Note de l'auteur et la Lettre de Mr. B*** à Mr. P*** contenant quelques observations sur le manuscrit d'un solitaire. L'abbé Auguste Gouazé ( ) est né à Toulouse en 1758. "Ses premières années, dès sa plus tendre enfance, furent données à la religion et à l'étude. Il chercha dans le ministère sacré du sacerdoce, un asile contre les tempêtes du monde ; mais il ne l'y trouva pas longtemps. Lui aussi eut à lutter, durant notre révolution, contre les violences que l'ennemi des hommes exerça envers les ministres de nos autels. [...] Il fut rééllement un solitaire ; car il ne se montra nulle part là où l'ambition ou le plaisir rassemblent tous les hommes. Les pauvres, les affligés parvinrent seuls jusqu'à lui ; il ne les renvoya jamais sans avoir donné des secours ou des consolations. [...] Il termina ses jours le 30 novembre 1812 à l'âge de 54 ans. [...] On dit que le principal motif des chagrins qui lui donnèrent la mort, provenait des persécutions injustes dont l'aveuglement de l'empereur Napoléon accablait le souverain pontife. Gouazé est l'auteur d'un ouvrage très curieux, intitulé : Traité sur la fin du monde et sur les circonstances qui l'accompagneront, par un solitaire, un volume in-8, imprimé à Versailles, chez Le Bel en 1814. L'éditeur de ce volume, qui ne parut qu'après la mort de l'auteur, annonça qu'il cédait, en le publiant, à la volonté de Gouazé. Celui-ci sans avoir voulu commenter l'Apocalypse, a cherché, en s'appuyant sur ce livre mystérieux, à deviner l'époque à laquelle doit arriver ce dernier jour de l'univers annoncé dans les saintes Ecritures. [...] Il y a dans ce traité je ne sais quoi de sombre, de mélancolique, et en même temps de religieux, qui jette l'âme dans un salutaire effroi [...] Selon Gouazé, le monde à peine doit avoir deux cents ans d'existence [...] (in Biographie Toulousaine, 1823) Dans la préface pour la Consommation des Siècles publiée en 1823 on lit : "Son travail manuscrit fut connu avant sa mort de quelques personnes de confiance, sous le titre de Conjectures sur la fin du monde" (notre manuscrit). Notre manuscrit est une copie autographe mise au propre additionnée d'une note que l'auteur avait cru bon d'ajouter ainsi que d'observations de quelques prélats de sa connaissance qu'il a également cru bon d'ajouter in fine, même si ses obervations, bien que n'accusant par Gouazé d'hérésie, font montre d'une certaine réticence quant à l'analyse qu'il fait de certains passages du livre de l'Apocalypse. La Note de l'Auteur ainsi que ses Observations n'ont pas été imprimées en 1814. La Note de l'Auteur est une violente critique de la révolution française et de ses suites mais surtout une attaque ciblée contre l'Empereur Napoléon Premier et le rôle infâme (selon Gouazé) que celui-ci a joué dans l'affaire de la détention du pape. La publication en 1814 (à 250 exemplaires seulement lit-on dans une notice) donna lieu à la publication de deux articles dans le Journal Ecclésiastique, se prononçant contre ce traité. Pourtant, ces deux premiers articles ayant été jugés très sévères, un troisième article fut publié qui lui rendait justice dans ses analyses eschatologiques. Gouazé dénonce un monde dépravé et impie, des chrétiens lâches et paresseux que la seule idée de la fin du monde révolte. Il détaille les signes annonciateurs du jour dernier. Il a suivi les traces d'autres annonciateurs de la fin du monde tels que Lachetardie, Pastorini, Rondet, etc. L'arrivée de l'Antéchrist était alors une préocuppation importante au sein de divers groupes de penseurs et religieux exaltés par une révolution qui les avaient laissés ahuris par tant de violence et de pertes. Selon Gouazé la fin du monde était pour l'année 1940. Il marque le début de l'apocalypse en l'année 1790. "Les jours malheureux que nous voyons s'écouler depuis vingt-deux ans (il écrit en 1812), nous avertissent que le temps de la consommation de toutes choses s'approche ... et nous savons que, d'ici à cette époque, nos maux iront toujours croissant ; s'il y a quelques intervalles, quelques moments de paix et de tranquillité, ils ne seront pas toujours de longue durée." (extrait). L'histoire de l'abbé Gouazé serait trop longue à détailler ici mais elle montre un prêtre fils de professeur de la faculté de droit de Toulouse qui fut placé à la tête du conseil de paroisse qui appartenait à Seysses. Gouazé fut arrêté pour avoir refusé de prêter serment à la nouvelle constitution française. Condamné à la déportation dans les premiers mois de 1794 il fit partie d'un convoi de 56 prêtres qui partit pour la maison d'arrêt de Bordeaux (22 nivôse an II) et devait attendre leur embarquement pour la Guyane. Mais il fut finalement libéré en juillet 1795 pour revenir exercer son ministère à Seysses le 21 septembre de l'an III. Il vécut sa captivité dans des conditions déplorables comme l'indique l'abbé Contrasty dans son ouvrage intitulé : Un Conseil de Paroisse sous le régime de la séparation de l'église et de l'état (Toulouse, imprimerie Saint-Cyprien, 1906, pp. 81 et suiv.). Voici la liste de quelques chapitres du manuscrit : le monde doit périr par le feu - le monde doit durer environ 6000 ans - les hommes seront surpris par l'arrivée du dernier jour, comme ils le furent autrefois par les eaux du déluge - quatrièmre signe : une guerre universelle - la venue de l'Antéchrist - quel sera le nom de l'Antéchrist - de l'approche du jugement dernier - etc. Malgré nos recherches nous n'avons pu trouver de modèle de l'écriture de l'abbé Gouazé (La bibliothèque municipale de Toulouse n'en possède pas), mais il ne fait aucun doute pour nous, d'après le titre de ce manuscrit et les inédits importants qu'il contient, qu'il s'agit assurément d'une copie autographe mise au propre, paginée, annotée, ne contenant que très peu de corrections ou variantes avec le texte publié en 1814. Gouazé aura copié de sa main les observations et sa note de l'auteur qui n'auront finalement pas été imprimée car alors le temps de l'Empereur n'était pas encore révolu et cela aurait été trop dangereux pour l'ami publicateur. Références : Brunet, Fous littéraires, p. 91 ; Tcherpakoff, p. 42 (pour l'édition de 1814) Provenance : de la bibliothèque de Xavier Hermé avec son ex libris (XXe s.) NDLR : Nous sommes le 31 décembre 2023 ... demain nous serons en 2024 et la fin du monde n'est pas encore advenue ... mais elle vient c'est certain ! La question étant de savoir quand ... Superbe manuscrit entre mystique et eschatologique, en partie inédit.
Phone number : 06 79 90 96 36
Le "Cahier noir": précieux manuscrit de travail relatif au Révélateur du globe, premier livre et texte capital de Léon Bloy.Des bibliothèques Daniel Sickles puis Philippe Zoummeroff. [Paris, c. 1879-84]. 1 cahier cartonné recouvert de papier noir gaufré et d'une bande de percaline au dos, portant au contreplat l'étiquette "J. Courville-Papeterie et Fantaisie-132 rue du Bac" (175 x 210 mm) de 13 et 23 p. ch., montées sur onglets. Précieux manuscrit de travail relatif au Révélateur du globe, premier livre et texte capital de Léon Bloy, qu’il fit publier en 1884 chez le libraire-éditeur parisien A. Sauton, après avoir demandé à son maître et ami Jules Barbey d’Aurevilly d’en écrire la préface. Composition du « Cahier noir » : [f. 0] contreplat : paragraphe inséré p. 4 + Notes diverses + liste fragmentaire des « Appendices » : « Postulation » – « Lettre D** » – « lettre Charvaz » – « Nomenclature des publications et œuvres d’art relatives… » - « Ambassade p. 46 -Bref de Pie IX » ; [f. 1 à 13] pages 1 à 13 : « Christophe Colomb par M. le Comte Roselly de Lorgues » - ch. I à VII ; [f. 14 à 25] pages 1 à 12 : « Première partie – Exposé et Historique de la Cause » – ch. II à XIII ; [f. 25 à 31] pages 12 à 18 : « Deuxième partie – Le Serviteur de Dieu – ch. I à XI ; [f. 31 à 35] page 18 à 23 : « Troisième partie – Obstacles à l’introduction de la cause » – ch. I, VII, VIII et X.
De ce texte, Léon Bloy, âgé de trente-huit ans à sa publication, avait donné cinq ans plus tôt une première version, dans la Revue du monde catholique (15 et 30 mars 1879) sous le titre « De la béatification de Christophe Colomb » dont on retrouve 7 des 13 chapitres de l’édition en volume formant la première partie du Révélateur ; « Exposé et Historique de la Cause » ; « Obstacles à l’introduction de la Cause » (15 juillet 1879) dont on retrouve 4 des 10 chapitres de l’édition en volume. Notre manuscrit contient les titres des trois parties du livre, les chapitres de chacune d’elles, bien qu’abrégés ou tronqués ainsi que la mention d’une partie des appendices. La composition même de ce cahier manuscrit est un passionnant témoignage de sa méthode d’écriture et des étapes successives de sa composition à laquelle il restera fidèle ; Léon Bloy ne se départit en effet jamais d’une méthode de rédaction très architecturée : « […] d’abord, un premier jet sur feuilles volantes, puis une première copie, sur cahiers d’écolier cartonnés (ce second état est encore abondamment corrigé et de la même écriture extraordinairement fine que le premier brouillon), enfin la copie pour l’impression » (Joseph Bollery, Léon Bloy : essai de biographie). La présentation même de notre cahier noir atteste de la première et seconde phases – de loin, il va de soi – les plus instructives sur la genèse de son texte. Ainsi, les 11 feuillets montés en tête (de format plus petit que ceux du cahier) par Bloy sans doute sont d’un premier état de travail et sous un titre qui ne réapparaîtra plus dans les versions successives : « Christophe Colomb par M. le Comte Roselly de Lorgues ». Ils ont été margés par Bloy lui-même, lui permettant ajouts et corrections. Quant aux 12 feuillets du cahier lui-même (papier ligné avec marge à gauche), ils montrent, par les coupes comme par les renvois qu’il effectue dans son texte, que Bloy en est déjà au second état de son manuscrit ; les ajouts, les repentirs et les innombrables corrections attestent de l’écriture à l’œuvre et annoncent une nouvelle mise au propre (à moins d’une troisième version intermédiaire). Certains passages tronqués dans le Cahier noir et dont on retrouve l’intégralité dans les feuillets montés en tête témoignent de l’unité et de la cohérence de cet ensemble, seul témoin du futur Révélateur du globe. Ainsi, par exemple, le chapitre II de la deuxième partie « Celui qui ne croit pas au surnaturel… » est indiqué par ses premiers mots dans le cahier (p. 13) suivi d’un « etc. » : on en retrouve le texte dans le manuscrit de premier jet (p. 3 et 4). De même pour le début du chapitre III « La colombe portant le Christ… » dont on peut lire l’entièreté p. 4 et 5 du manuscrit de premier jet. De ce texte Léon Bloy avait donné cinq ans plus tôt une première version, dans la Revue du monde catholique (15 et 30 mars 1879) : « De la béatification de Christophe Colomb » dont on retrouve 7 des 13 chapitres de l’édition en volume formant la première partie du Révélateur « Exposé et historique, de la Cause » puis le 15 juillet de la même année, « Obstacles à l’introduction de la Cause » et dont notre manuscrit sous le titre final comporte bien les chapitres, mais encore à l’état de travail et certaines fois tronqués. Ces textes, qui trouveront place dans le futur Révélateur du globe (35 chapitres), s’articulent déjà en trois parties dont on retrouvent dans le cahier noir les titres définitifs : « Exposé et Historique de la Cause », « Le Serviteur de Dieu » et « Obstacles à l’introduction de la Cause ». En revanche le titre Le Révélateur du globe qui sera celui du volume n’apparaît pas dans le « Cahier noir ». Précieux manuscrit et seul connu à ce jour du premier livre de Bloy, auteur encore inconnu dont Jules Barbey d’Aurevilly annonçait dans sa préface la gloire future et la puissante originalité. Il n’existe à notre connaissance aucun autre manuscrit du Révélateur du globe, absent des collections de la Bnf, absent de la BLJD. Des bibliothèques Daniel Sickles (XI, n° 4190) puis Philippe Zoummeroff (15 mars 1995, n° 282).