Gallimard (10/2014)
Reference : SVALIVCN-9782070657711
LIVRE A L’ETAT DE NEUF. EXPEDIE SOUS 3 JOURS OUVRES. NUMERO DE SUIVI COMMUNIQUE AVANT ENVOI, EMBALLAGE RENFORCE. EAN:9782070657711
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M. Alexandre Bachmann
Passage du Rond Point 4
1205 Genève
Switzerland
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1854 Paris, Au bureau du "Siècle ", sans date ( 1854- 1855) ; ensemble de textes reliés en 1 volume in-4°, demi-toile chagrinée vert foncé de l'époque, dos lisse orné de filets, fleurons et titre à froid , plats de papier granité vert foncé; pagination séparée à chaque texte ( environ 600 pp., Texte sur 2 colonnes).Piqûres, trace de mouilure pale en marge de quelques feuillets, les feuillets du Curé de campagne sont fortement roussis, coiffe supérieure éffilochée et très petits manques le long de la charnière du 1er plat . Les pages de titre des 1ère et 3ème séries sont présentes, il manque celle de la 4ème série. La 2ème Série " Scènes de la Vie de Province", ne figure pas dans ce volume. ( GrG)
Notre volume renferme : 1ère série .Tome. I. Scènes de la vie privée. La Maison du Chat-qui-pelote. Le Bal de Sceaux. La Bourse. La Vendetta. Madame Firmiani. Une double famille. La Paix du ménage. La Fausse maîtresse. Étude de femme. Albert Savarus. Mémoires de deux jeunes mariées. Une Fille d'Ève. La Femme abandonnée. La Grenadière. Le message. / 3ème série. Tome II. Scènes de la vie Pariseinne : Splendeurs et misères des courtisanes. Les Parents pauvres . / 4ème Série. Etudes philosophiques. La peau de chagrin. La recherche de l'absolu. Suivi de Scènes de la vie de campagne : Le curé de campagne. Partie de l'édition populaire des Oeuvres de Balzac publiées par le journal "Le Siècle". ( GrG)
Le rare recueil de Lagniet imprimé à Paris entre 1657 et 1663, illustrant par 119 estampes satiriques en premier tirage la vie, les mœurs et les proverbes du peuple français sous les règnes de Louis XIII et de louis XIV. L’exemplaire Destailleur conservé dans sa reliure en vélin de l’époque. Paris, sur le quay de la Megisserie au fort l’Evesque, s.d. [1657-1663]. 3 suites reliées en 1 volume in-4 de 42 planches numérotées (y compris le titre général), 47 planches et 30 planches. Restauration sans gravité dans le feuillet de titre. Relié en plein vélin rigide de l’époque, dos lisse avec le titre manuscrit, tranches mouchetées. Reliure de l’époque. 254 x 202 mm.
Précieux et rare recueil de Lagniet imprimé à Paris entre 1657 et 1663. Catalogue Destailleur, n° 325 ; Brunet, III, 767 ; Rahir, Bibliothèque de l’amateur, 590. Rares sont les recueils de Lagniet connus des bibliographes. Brunet cite ainsi 4 exemplaires dont aucun n’est complet. La composition des quelques exemplaires connus est différente. La collation du présent exemplaire, composé de trois suites numérotées, s’établit ainsi : -Livre premier : Proverbes moraux : 42 planches ; -Livre second : Proverbes joyeux et plaisans : 47 planches ; -Livre troisième : La vie des Gueux : 30 planches ; soit un total de 119 estampes gravées sur cuivre en premier tirage. L’ensemble constitue un document d’une richesse de détails inouïe et inégalée sur la vie besogneuse et récréative des gens du peuple au cœur du XVIIe siècle : tourneur, musiciens ambulants, mendiants, vitrier, charretier, bonnetier, pêche en rivière, festins, danse, forgeron, … Dans son étude sur les Mœurs et la caricature en France, John Grand-Carteret s’enthousiasme pour les Proverbes de Lagniet : « Non seulement, écrit-il, on voit défiler devant soi une importante période de l’histoire, prise dans des détails plus intimes que par les estampes toujours un peu pompeuses d’Abraham Bosse, mais encore on peut suivre au moyen de ces drôleries et facéties le développement de l’étude de mœurs. » Avec Lagniet, on plonge dans l’univers quotidien, les vicissitudes de la vie et l’omniprésence des fléaux qui ravageaient l’Europe, la peste, la guerre et la famine. Mendiants, artisans, marchands, bourgeois et nobles se pressent dans ces Proverbes. Chacune des planches est émaillée de proverbes, de dictons, de termes populaires et parfois triviaux, qui traduisent avec beaucoup de réalisme le milieu populaire de l’époque, très imprégné de maximes et de termes dont beaucoup ont disparu. Graveur au burin, caricaturiste et éditeur, Jacques Lagniet (1620-1672) excelle dans ce recueil à réaliser une illustration d’une grande vivacité et d’une grande sureté de trait dans le mouvement qui, jointe au vocabulaire très riche d’évocation, forme un ensemble d’une originalité et d’un esprit très personnels. Seules deux bibliothèques publiques françaises semblent posséder un recueil réunissant des planches de ces trois suites de Lagniet : la B.n.F. et la Bibliothèque de Rouen. Précieux exemplaire de l’un des plus curieux recueils d’estampes de l’histoire de la gravure, relié à l’époque en vélin par l’amateur l’ayant composé. La plupart des exemplaires connus ont été établis postérieurement, généralement au XIXe siècle, et se trouvent donc dans des reliures plus tardives. Un tel recueil, constitué à l’époque, joliment relié en vélin, est d’autant plus remarquable. Il provient de la bibliothèque de H. Destailleur avec ex libris.
Reference : LCS-18412
«Un rire des dieux, suprême, inextinguible…» Claudel. Les Œuvres de M. François Rabelais Docteur en Médecine. Dont le contenu se voit à la page suivante. Augmentées de la vie de l’Auteur & de quelques Remarques sur sa vie et sur l’histoire. Avec la Clef & l’explication de tous les mots difficiles. Tome I. M.DC.LIX (1659). Le faux-titre, en noir, porte : Rabelais M.DC.LXIX. (1669). Le titre du premier tome est imprimé en rouge & noir. Celui du second, en noir, ne porte que ces lignes: Les Œuvres de M. François Rabelais, Docteur en Médecine. Tome II. m.dc.lxix (1669). 2 volumes grand in-12 : I/ (12) ff., 490 pp. mal ch. 488, (5) ff.; II/ 459 pp., (9) pp., 1 figure p. 347, qq. mouillures marginales. Plein maroquin rouge, plats ornés d’un encadrement à la Duseuil, dos à nerfs orné, coupes décorées. Reliure de l’époque. 157 x 87 mm.
Précieuse édition des Œuvres de François Rabelais parue au XVIIe siècle. «Jolie édition imprimée avec des caractères elséviriens, mais que nous croyons sortie des presses d’un imprimeur de Bruxelles. C’est bien certainement une copie de celle de 1663, dont elle reproduit le texte page pour page et presque toujours ligne pour ligne. Par suite d’une faute typographique, le frontispice du premier volume porte la date m.d.lix, tandis que sur celui du second volume se lit la date m.d.lxix, qui doit être la véritable, puisqu’il se trouve des exemplaires dans lesquels l’erreur a été rectifiée; et dont les deux titres sont de 1669. – Le premier volume a 12 ff. préliminaires, 488 pp. et 5 ff. pour la table. Les pages 215 et 216 sont répétées de même que dans l’édition de 1663. Le second volume contient 459 pp., la table occupe 7 pp., et la Clef du Rabelais, laquelle ne se trouve ni dans l’édition de 1663, ni dans les réimpressions qui en ont été faites en 1666, en 1675 et en 1691, est renfermée en 2 pp.» (Brunet, IV, 1059). «Dans le Bulletin du bibliophile de juin-juillet 1851, M. J. Chenu a publié une note sur cette édition, qu’il croit véritablement imprimée par les Elzévir. La simple inspection de la sphère imprimée sur les titres démontre l’impossibilité de cette hypothèse. L’édition – fort élégante, d’ailleurs, autant au point de vue typographique qu’à celui de la qualité du papier – nous paraît avoir été imprimée à Rouen. Elle a été elle-même contrefaite plusieurs fois, probablement à Bruxelles. Nous en avons sous les yeux trois différentes imitations (avec la date de 1659 sur les deux tomes), mal imprimées, sur mauvais papier. On en trouve d’autres, sous la même date, & l’indication: A Bruxelles, chez Henri Frix, vis-à-vis la Madeleine, & Amsterdam, Adrien Moetians, à la Librairie Française; d’autres encore, portant les dates 1721, 1724 & 1734, à Bruxelles, chez Nicolas Langlois, proche la Madeleine.» (P. P. Plan, Bibliographie rabelaisienne). Dans toutes ses œuvres, l’homme doit se faire coopérateur avec Dieu. Cette morale de l’effort et la confiance en la grâce de Dieu s’opposent à la doctrine de la prédestination de Calvin, que condamne Rabelais, et à l’athéisme que le positivisme du début du siècle, effarouché par les plaisanteries sur la religion, pourtant de tradition monacale, a voulu voir en Rabelais. Par-delà cette quête de soi-même, cette propédeutique de la connaissance symbolisée par le voyage du Quart Livre, l’œuvre de Rabelais est aussi une dénonciation violente de tous les vices sociaux, une satire des conformismes: critique des moines, des pèlerinages, de la confession, des cultes des saints à la suite d’Érasme; critique des vices de la papauté dans l’épisode des Papimanes ou de l’île Sonante; critique des sorbonnards des sophistes; de la justice. Elle est aussi traité pratique de pédagogie, véritable institution du prince, utopie sociale avec l’harmonie des thélémistes. Séduisant exemplaire finement relié en maroquin rouge de l’époque, condition des plus rares pour les éditions anciennes de Rabelais.
Réunion très rare de l’ensemble des gravures des vues et ports de France, de Joseph Vernet, dans leur superbe tirage d’origine. Paris, J. P. Le Bas, [1760-1778]. In-plano oblong de (2) ff., 16 planches, reliure du temps à dos de veau fauve marbré orné de faux nerfs et de motifs dorés, cartouche de maroquin rouge avec dentelle en encadrement et titre dorés au centre des plats, non rogné. Reliure de l’époque. 800 x 550 mm.
[video width="996" height="1920" mp4="https://www.camillesourget.com/wp-content/uploads/2024/07/VERNET-bis.mp4"][/video] Superbe suite des 16 vues des ports d’après Joseph Vernet finement gravées par Charles-Nicolas Cochin et Jacques-Philippe Le Bas. L’exemplaire comporte les deux planches supplémentaires - la dernière (Le Havre) d’après Cochin - terminées à l’eau-forte par P. Martini. Joseph Vernet n’a pas peint de tableau représentant le port et la ville du Havre. La planche n°16, jointe à la série des gravures reproduisant les peintures de Joseph Vernet, a été dessinée par C. N. Cochin et gravée par J. Ph. Le Bas. Vernet reçut du marquis de Marigny, directeur général des bâtiments du roi et frère de la marquise de Pompadour, une commande de Louis XV pour la représentation des principaux ports de France, tâche à laquelle il s’attela en 1753. Après avoir peint Marseille et le golfe de Bandol, il partit pour Toulon, puis Antibes et Sète. De Bordeaux, où il reçut un accueil très brillant, il redescendit à Bayonne puis remonta vers La Rochelle et Rochefort. Installé à Paris en 1763, il se rendit à Dieppe, dernier port qu’il représenta. Nicolas Ozanne accompagna Joseph Vernet pendant une partie de son voyage. La commande royale concernait vingt ports, mais Vernet n’en peignit que neuf, plus la baie de Bandol, de 1753 à 1765, donnant lieu à quinze tableaux. La guerre de Sept Ans et les difficultés financières qui en découlaient suspendirent ses travaux. Liste des seize planches: Planche N°1. Le port neuf ou l’Arsenal de Toulon, vu de l’angle du parc de l’artillerie - peinture de 1755 - gravure de 1760. Planche N°2. L’intérieur du port de Marseille, vu du Pavillon de l’horloge du Parc - peinture de 1754 - gravure de 1760. Planche N°3. La Madrague ou la Pêche du Thon, vue du golfe de Bandol - peinture de 1754 - gravure de 1760. Planche N°4. L’entrée du Port de Marseille, vue de la Montagne appelée Tête de More - Peinture de 1754 - gravure de 1760. Planche N°5. Le Port vieux de Toulon, vu du côté des Magasins aux Vivres - peinture de 1756 - gravure de 1762. Planche N°6. La Ville et la Rade de Toulon vues à mi-côte de la montagne qui est derrière - peinture 1755 - gravure 1762. Planche n°7. Le Port d’Antibes en Provence, vu du côté de la Terre - peinture de 1756 - gravure de 1762. Planche N°8. Le Port de Cette en Languedoc, vu du côté de la mer, derrière la jettée isolée - peinture 1756-57 - gravure 1762. Planche N°9. Vue de la Ville et du Port de Bordeaux, prise du Côté des Salinières - peinture 1757-59 - gravure 1764. Planche N°10. Vue de la Ville et du Port de Bordeaux, prise du Château Trompette - peinture 1757-59 - gravure 1764. Planche N°11. Vue de la Ville et du Port de Bayonne, prise à mi-côte sur le Glacis de la Citadelle - Peinture de 1759-61 - gravure de 1764. Planche N°12. Vue de la Ville et du Port de Bayonne, prise de l’allée de Bouflers, près de la Porte de Mousserole - peinture de 1759-61 - gravure de 1764. Planche N°13. Le Port de Rochefort vu du Magasin des Colonies - peinture de 1761-62 - gravure de 1767. Planche N°14. Le Port de La Rochelle, vu de la petite Rive - peinture de 1761-62 - gravure de 1767. Planche N°15. Vue du Port de Dieppe - peinture 1763-65 - gravure de 1778. Planche N°16. Le Port et la Ville du Havre, vus du pied de la Tour de François premier, 1776. Les ordres du roi étaient clairs: «vos tableaux doivent réunir deux mérites, celui de la beauté pittoresque et celui de la ressemblance, autant que son intention: voir les ports du royaume représentés au naturel dans vos tableaux». A Toulon: le quai aux vivres est une véritable exposition de ce que l’on pouvait trouver à bord en matière de sacs, de jarres, de corbeilles, de paniers, de bouteilles et de futailles. Le vin, la viande salée, les fromages dont on voit des meules que l’on roule, les légumes secs, les épices, le bétail sur pied sont embarqués sur l’allège à quai qui chargera les munitions à bord d’un vaisseau en partance. A Marseille: sur le quai du vieil arsenal, au fond du port, s’active une foule animée et colorée de femmes et d’hommes du peuple auxquels se mêlent gentilshommes, femmes de qualité et religieux. Des levantiers, Turcs ou Barbaresques enturbannés arpentent aussi les quais. L’entrée du port est animée de multiples embarcations, canots, allèges, bateaux pêcheurs, tartanes. A Bordeaux, sur le quai des Salinières, nous voyons des jésuites, d’élégantes jeunes femmes en robes à panier, mais aussi des boulangers et un garçon vacher; un précieux tilbury lancé à vive allure contrastant avec un attelage de bœufs traînant un lourd charroi de tonneaux. Sur le fleuve, des bateaux de commerce viennent charger le vin contenu dans les tonneaux alignés sur le quai. A Rochefort, nous voici sur le quai aux vivres: les tonneaux de vin de Bordeaux, les chaudrons, les marmites sont destinés à l’approvisionnement des vaisseaux, de même que les bestiaux qui paissent dans la prairie. Les paquets de toiles à voiles et les gros écheveaux de chanvre vont alimenter les ateliers de l’arsenal dont la magnifique corderie qui s’étend sur la droite. A La Rochelle, au milieu des ballots, des panières, des fûts, des bois, des ancres, des femmes et des hommes travaillent, se reposent ou discutent, en un mot vivent sous nos yeux une attitude, un geste, un regard nous les rendent plus proches que de longs discours sur la société du XVIIIe siècle. Alors que bien souvent Vernet prend de grandes libertés face aux demandes très précises du roi pour le choix des sites ou du point de vue d’où il les dépeint, il répond pleinement à ses vœux en décrivant partout des scènes de la vie quotidienne: devant nos yeux vit tout un peuple au naturel. Témoignage pittoresque de la vie portuaire en France au temps de la marine à voile et de la douceur de vivre sous le règne de Louis XV le bien-aimé. Réunion très rare de l’ensemble des gravures des vues et ports de France, de Joseph Vernet, dans leur superbe tirage d’origine. Avec Joseph Vernet et sa descendance directe s'affirme une dernière fois la continuité de cette école d'Avignon qui, depuis le XIVe siècle, n'a cessé de se manifester par des artistes de talents et de caractères forts différents mais unis par d'indiscutables affinités. On peut faire remonter l'origine de cette école à l'époque où Bertrand de Goth, archevêque de Bordeaux, devenu pape sous le nom de Clément V, transporta la cour pontificale à Avignon. Dans cette «petite ville paisible, dont le charme ne pouvait leur échapper, les papes firent éclore un puissant foyer artistique, dont l'éclat devait se prolonger jusqu'au XIXe siècle. À Avignon, qui garde intacts tant de vestiges de son destin exceptionnel, le jeune Joseph Vernet pouvait à chaque pas rencontrer des monuments susceptibles de lui donner un avant-goût de la ville unique qui devait plus tard le révéler à lui-même. Face au Palais des Papes s'élève cet Hôtel de la Monnaie, construit par un cardinal Borghèse, légat du Pape, et qui porte sur sa façade le dragon et l'aigle, armes de la famille, enfin la colline des Dons, où la vue est si belle sur le Rhône et sur Villeneuve est une réduction de ces jardins du Pincio, qui forment avec la Villa Médicis l'un des plus beaux lieux de Rome et du monde. Cet appel de l'Italie, Joseph Vernet le ressentit de bonne heure, et son père, Antoine Vernet, fut assez heureux pour intéresser aux dons brillants du jeune peintre plusieurs nobles personnages de la ville, en particulier le marquis de Caumont et le comte de Quinson, qui lui ouvrirent leur bourse et lui permirent de partir pour Rome, qui offrait à cette époque aux artistes des ressources incomparables. Mais au cours de ce voyage pour rejoindre la Ville éternelle, dont la première étape le conduisit à Marseille, Joseph Vernet devait faire une rencontre capitale : celle de la mer ; en effet des hauteurs qui dominent la ville elle lui apparut pour la première fois dans toute sa beauté ; ce fut le coup de foudre, et lorsque quelques jours plus tard, après une tempête spectaculaire, Vernet arrive à Civita-Vecchia, son destin est fixé : il deviendra le peintre de la mer qui, désormais, sera présente dans presque toutes ses œuvres. La vie que mène à Rome le jeune artiste est des plus agréables ; il y a été fort bien accueilli et s'y est fait rapidement une clientèle avide de tempêtes et de naufrages. Les livres de raison de Vernet nous donnent sur ses travaux des renseignements précis : en 1743 il est reçu membre de l'Académie de Saint Luc, honneur assez rare pour un étranger, la mer l'attire de plus en plus, c'est avec joie qu'il se rend en pèlerinage à Naples, où le maître qu'il admire tant, Salvator Rosa, trouva la source principale de son inspiration. Cependant à Rome la popularité de Vernet croît de jour en jour ; sa clientèle devient européenne. En Italie, Joseph a trouvé la fortune, la gloire et l'amour ; aussi n'est-il pas pressé de quitter un pays qui l'a si bien reçu. Pourtant, sollicité par ses protecteurs français, il se décide à rentrer définitivement dans son pays, mais il retourne en Italie à plusieurs reprises et ce n'est qu'en 1753 qu'il se fixe en France pour toujours. Grâce au haut patronage de M. de Marigny, directeur suprême des Beaux-Arts et frère de Mme de Pompadour, qui avait à ce moment toute la faveur de Louis XV, Vernet obtint du roi une commande où il devait donner toute la mesure de son talent : Les Ports de France. La mer qui l'inspira si souvent dans ses œuvres antérieures va lui fournir encore un thème important, mais elle ne sera cette fois que le complément de ses compositions ; pour un moment il va cesser de peindre des tempêtes, des orages et des coups de vent. Ces ports de France seront des paysages où la vérité et la fantaisie se mêlent agréablement, témoin ce Port de Marseille lumineux et doré comme un Claude Gellée, qui nous montre au premier plan un groupe réuni pour un goûter en plein air, un autre pour un bal ; les robes et les ombrelles des femmes animent ce paysage aux lignes si nobles et lui donnent un air de fête familiale. Même procédé dans la Vue de la Ville et de la Rade de Toulon, où nous voyons à mi‑hauteur des collines qui dominent la rade, s'activer sur une terrasse monumentale, des cavaliers, des chasseurs, des joueurs de boules et des dames en grande toilette. Cette volonté d'humanisation du paysage se retrouve dans presque toutes les œuvres de J. Vernet, même dans celles où elle pourrait paraître artificielle; dans les tempêtes, les naufrages, les orages, nous verrons toujours l'homme opposer à la force aveugle des éléments son courage, son ingéniosité ou son désespoir. Cette introduction du drame humain au milieu des aspects pittoresques d'une nature hostile, c'est là la véritable originalité de Joseph Vernet. «C'est un grand magicien, que ce Vernet, écrit Diderot, on croirait qu'il commence par créer un pays et qu'il a des hommes, des femmes, des enfants en réserve, dont il peuple sa toile comme on peuple une colonie, puis il leur fait le ciel, le temps, la saison, le bonheur, le malheur qu'il lui plaît ». La production de J. Vernet est considérable et ses contemporains raffolèrent de lui. Dans cette œuvre consacrée presque exclusivement à la mer, aux tempêtes, et aux orages, on peut distinguer au moins deux périodes, une période romaine profondément marquée par les peintres napolitains, Salvator Rosa et Solimena, qu'il admirait sans réserve ; il leur doit ce sentiment dramatique de la nature et cette largeur de facture qu'il manifesta dès ses premières œuvres. À son retour en France, son art s'humanise et s'enrichit de détails savoureux qui, loin d'en altérer le caractère, lui confèrent une grande part de son charme. Certes, J. Vernet a entendu le message de Poussin et de Claude Gellée, mais au sublime de l'un et au mystère de l'autre, il a substitué un pathétique humain et familier, et s'il n'atteint pas leur grandeur, il garde avec son siècle un contact plus étroit et une audience plus large en lui tenant un langage plus accessible. Après les fêtes galantes de Watteau et les Bergeries de Boucher, la nature telle que la conçoit Vernet et si apprêtée qu'elle nous paraisse, est une nature vraie et non un décor d'opéra. Si Vernet eut une influence manifeste sur le goût de son temps, il est plus difficile de percevoir son passage dans la peinture moderne. Pourtant bien des œuvres qui nous ravissent toujours portent sa marque indiscutable ; comment ne pas penser à lui devant les Ruines et les Cascades d'Hubert Robert et plus près de nous, comment oublier le Ponte Rotlo en admirant les Corot d'Italie ? Heureusement la postérité si sévère envers les gloires récentes en apparence les plus solides et qu'elle précipite si volontiers en enfer ou en purgatoire, révise tôt ou tard ses jugements les plus définitifs ; et tandis que les grandes batailles d'Horace Vernet ne font plus recette, la gloire du grand peintre des Ports de France, si aimable et si française nous apparaît toujours aussi pure et aussi justifiée.» J. Dupuy. Très bel exemplaire à grandes marges relié en demi-veau fauve.
Édition originale de La Vieille Fille, « l’un des tableaux les plus réussis de la vie de province», imprimée sur papier rose, conservée dans sa précieuse brochure de l’époque. Paris, Werdet, 1837. In-8 de (2) ff., 359 pp. Conservé broché, non rogné. 222 x 143 mm.
Rare exemplaire sur papier de couleur, broché, à toutes marges, avec sa couverture d’origine. Vicaire, I, p. 198; Talvart, I, p. 154; Carteret, I, p.69; Clouzot, p.21. Édition originale de La Vieille Fille et seconde édition de La Grande Bretèche. Il s’agit de l’un des très rares exemplaires sur papier de couleur, celui-ci sur papier rose. «De ces volumes des ‘Scènes de la vie de Province’ ont été tirés quelques exemplaires sur papier de couleur, que l’on rencontre séparément et qui sont fort recherchés.» Clouzot. Guide du bibliophile. La Vieille Fille: «‘La Vieille Fille’ est un roman d’une remarquable analyse psychologique: le personnage de MlleCormon est un des types les plus vivants de ‘La Comédie humaine’; Balzac, ici, ne simplifie pas, l’analyse est nuancée et profonde. Mais ‘La Vieille Fille’ est également un des tableaux les plus réussis de la vie de province: les soirées en ville, les mille intrigues, les intérêts politiques et financiers, les exclusives des classes entre elles, tout cela est dépeint avec un étonnant sens du réel et une grande fidélité.» (Dictionnaire des Œuvres, VI, 668). En 1816, à Alençon, une vieille fille de bonne famille bourgeoise, Rose Cormon, espère que le retour de la paix et des Bourbons lui amènera enfin un mari. De ce sujet drolatique, Balzac fait une fable politique, grâce à la rivalité de deux prétendants de partis opposés. La Grande Bretèche: La Grande Bretèche date des débuts du véritable Balzac, celui qui commence avec LeDernierChouan et La Physiologie du mariage. La Grande Bretèche raconte l'histoire de Madame de Merret que son mari surprend en flagrant délit d'adultère : son époux entreprend d'emmurer vivant l'amant de sa femme dans le cabinet où il s'est caché. «Dans ce court récit, Balzac veut donner un exemple frappant de drame de la jalousie. La découverte progressive du mystère est très habilement amenée et les coups de théâtre se succèdent, enfermant peu à peu cette femme coupable et victime dans les atroces conséquences de son faux serment». (Dictionnaire des Œuvres, III, 278). Cette édition originale, imprimée sur papier de couleur, est rare, et rarissime conservée dans sa brochure de l’époque. Un autre exemplaire de cette édition, sur papier jonquille mais, hélas, relié vers 1900 par Champs, et donc lavé, fut vendu le 29 juin 2001, il y a 11 ans, pour € 26000.