Edmond de Goncourt (1822-1896) Jules de Goncourt (1830-1870) L'Art du XVIIIe siècle Paris, Bibliothèque-Charpentier / Fasquelle, 1901-1902, 413 + 452 + 455 p. [3 tomes reliés en 2 volumes], reliure de l'époque au chiffre de Claudius Jacquet signée par J. Vieulle + carte de visite autographe d'Edmond de Goncourt, 53 boulevard de Montmorency (Auteil) à Claudius Jacquet lui signalant la "réouverture du grenier", contrecollée sur la page de faux-titre du tome 1. Belle édition de ce classique de la littérature artistique du XIXe siècle consacré à Watteau, Chardin, Boucher, La Tour, Greuze, Les Saint-Aubin, Gravelot, Cochin, Eisen, Moreau, Debucourt, Fragonard, Prudhon. Les frères Goncourt commencent à écrire sur l'art en tant que chroniqueurs dans de petits journaux. Ils ont reçu une formation artistique (Edmond a fréquenté l'atelier du peintre Dupuis), ils pratiquent tous deux l'aquarelle, leur ami et mentor Paul Gavarni les met en relation avec certains des artistes dont ils rendent compte dans leur Salon de 1852 : Charles Jacque, Célestin Nanteuil, Félix Haffner, Guiseppe Palizzi, Amédée Servin. D'entrée de jeu, ils seront ainsi sensibilisés aux techniques artistiques. C'est la pratique de la collection qui va ensuite les conduire vers la recherche historique, même si l'attention à l'art contemporain ne se démentira jamais, comme en témoigne le Journal, régulièrement tenu de 1851 à 1896. Au contact d'une tante, Edmond a acquis tout jeune le goût de chiner et commence assez tôt à acheter estampes et dessins à des prix abordables. Par ailleurs, traduits en 1853 devant la 6e chambre correctionnelle pour un article jugé trop licencieux, les Goncourt s'écartent du journalisme et se lancent dans l'écriture d'une fresque historique, qui s'appuie sur toute une collection de brochures et de petits journaux d'époque empruntés à un confrère. Dans cette Histoire de la société française pendant la Révolution (1854), un chapitre est consacré à l'art, dans ses aspects institutionnels et idéologiques (la suppression de l'Académie de peinture, l'influence de David, le vandalisme révolutionnaire). Dans le volume suivant (Histoire de la société française pendant le Directoire, 1855), le chapitre sur l'art – publié simultanément sous forme d'extrait dans L'Artiste – comprend de rapides portraits d'artistes : Gérard, Girodet, Guérin, Isabey, Carle Vernet, Houdon et surtout Prud'hon. D'autres vont suivre, plus étoffés, suscités par la rencontre de tel ou tel document (manuscrit, estampe, dessin) : L'Artiste publie plusieurs études des deux frères sur le graveur Le Bas (juillet-août 1856), sur Watteau (septembre 1856), sur le peintre Doyen (novembre 1856), sur les Saint-Aubin, famille de dessinateurs (octobre 1857) : le XVIIIe siècle apparaît bien alors, tant au niveau de la collection que de l'écriture historique, comme l'époque de prédilection. Ces études sont ensuite, pour certaines, reprises en volumes aux côtés d'autres portraits, d'érudits, d'hommes de lettres (Portraits intimes du XVIIIe siècle, 1857-1858).Parallèlement, et selon la même méthode qui accorde une place essentielle aux documents autographes largement cités, à une iconographie finement décrite, les Goncourt se lancent dans de vastes monographies d'actrices (Sophie Arnould, d'après sa correspondance et ses mémoires inédits, 1857), de reines (Histoire de Marie-Antoinette, 1858), de favorites (Les Maîtresses de Louis XV, 1860).Au seuil des années 1860, la rencontre de collectionneurs de tableaux du XVIIIe siècle (les frères Marcille, Louis Lacaze, Laurent Laperlier, François Walferdin), la visite de l'exposition Tableaux et Dessins de l'école française, principalement du XVIIIe siècle, tirés de collections d'amateurs présentée de juillet à décembre 1860 boulevard des Italiens (Francis Haskell en a souligné le rôle décisif dans l'évolution du goût) et la découverte la même année des grands musées allemands et autrichiens permettent aux Goncourt le contact direct avec la peinture du XVIIIe siècle, à une époque où elle est encore peu représentée dans les musées français et surtout connue par le biais d'estampes. Cette expérience capitale, conjuguée à l'érudition minutieuse et au fétichisme documentaire précédemment mis en œuvre, va nourrir le vaste projet de L'Art du XVIIIe siècle. Au printemps 1868, chassés par le bruit de la rue Saint Georges, Edmond et Jules de Goncourt quittent leur appartement pour s'installer dans un petit hôtel particulier d'Auteuil. C'est à cette adresse, 53 boulevard de Montmorency, qu'ils espèrent trouver le calme au milieu de leurs œuvres d'art, notamment des bronzes japonais et des porcelaines de Chine. La proximité d'une voie ferrée les oblige à faire d'importants travaux qui dureront plusieurs mois. Après le décès de Jules le 20 juin 1870, Edmond envisage de louer la maison qui pendant le siège de Paris sera touchée par un petit obus, l'un des derniers tirés par les Versaillais. A l'automne 1884, Edmond de Goncourt décide d'ouvrir à ses amis le Grenier, ce qui avait été aussi le vœu de son frère. Il note dans le Journal : «Le haut de ma maison, je le bouscule et jette à bas les cloisons et cherche à faire des trois pièces du second sur le jardin une espèce d'atelier sans baie pour y installer, à la sollicitation de mes amis de la littérature, une « parlote » littéraire le dimanche.» Parmi les nombreux écrivains admis à fréquenter le Grenier on retrouvera les « dix hommes de lettres de talent » qui vont former la première académie. Il semble que Claudius Jacquet faisait également parti des intimes. Claudius Jacquet, secrétaire et collaborateur de la Nouvelle Revue, épousa en 1901 Angela Gras, la fille de Félix Gras. Le félibre mourut d'ailleurs l'année du mariage de sa fille. Claudius Jacquet fut également le beau-frère du peintre Edmond-Jean. Envoi soigné avec suivi, assurance et remise contre signature.
Reference : DMI-952
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