Jean-Pierre Geay, Traces, poème autographe manuscrit, trois xylographies à l'huile de Claude Sylvère, Feschet — Vesseaux — Aubarine, octobre 2016, couverture blanche manuscrite, leporello (livre en accordéon), 20 p., 26,3x17,7cm, papier cristal. De ce poème de l'écrivain Jean-Pierre Geay sur les origines de l'art de l'humanité, il a été réalisé cinq copies entièrement manuscrites, à l'encre noire, au Feschet, à Vesseaux, en Ardèche, le 15 octobre 2016, accompagné de trois xylographies à l'huile de Claude Sylvère. Exemplaire n°4/5 justifié et signé par l’artiste et l'auteur au colophon au crayon gris et à l'encre. Belle impression sur Arches. Édition originale unique. Chaque exemplaire, entièrement manuscrit, est unique par la graphie du poète et les oeuvres de l'artiste. L'exemplaire n°1/5 est conservé à la Bibliothèque d'Angers, suite à la donation de l'écrivain en 2014 ; le n°2 en possession de l'écrivain ; le n°3 en collection privée ; le n°5 chez l'artiste. Manque à la BNF. Extraits du poème : "Depuis l'aube du monde ou bien la nuit des temps existe autour de nous ce qui est éternel des plissements des stries des strates et failles des crêtes des coulées des aiguilles des arêtes des abrupts des falaises des tables de calcaire des veines dans la pierre des filons aurifères des bribes des fragments les alluvions les sédiments d'une genèse [...] mais aussi dans leur puits de ténèbres bravant l'obscurité des roches gondolées colorées calcifiées mates ou scintillantes lisses ou nervurées où l'homme de Lascaux et de la grosse Chauvet en dessinant inventa l'art sans le savoir y laissant au charbon de bois des marques des empreintes des signes et des traces des formes linéaires et des surfaces peines où la paroi tantôt rythme l'espace tantôt assume le modelé de représentations figurées presque toujours en mouvements où le relief souterrain est hanté parce que vit en plein air Pour la première fois le monde est vu et regardé Avec l'homme la terre aura enfin trouvé quelqu'un la célébrer et lui donner une mémoire" * ** JEAN-PIERRE GEAY est un écrivain, poète et critique d’art français, né en 1941 à Bruailles en Saône-et-Loire. Professeur agrégé de lettres modernes, il a enseigné à Privas puis à Aubenas jusqu’en 2002. "Poète de la lumière et de l'éphémère", des paysages des Alpilles et de l'Ardèche, nourri de l'influence de Pierre Reverdy et de la proximité de René Char, son écriture poétique exprime également un regard critique sur la peinture, au gré de ses rencontres avec les artistes. Avec l’artiste et éditeur Pierre André Benoit à partir de 1973, puis avec Jean-Louis Meunier aux éditions La Balance à partir de 1984, il développe une intense collaboration critique et bibliophilique avec de nombreux artistes peintres, graveurs ou relieurs, réalisant plus de 200 éditions illustrées imprimées ou manuscrites à tirage limité dont il a fait une importante donation à la Bibliothèque d'Angers en 2014. Il est également l'auteur d'ouvrages critiques ou de catalogues d'expositions sur ses amis Henri Goetz, Yves Mairot et Bernard Alligand. * ** Claude Daix, dit Sylvère, est né à Soisy sur Montmorency (95). Formé à l’École Estienne (Arts et Industriels du Livre), à Paris, il travaille d’abord dans le milieu de l’imprimerie, mais aussi comme « spécialiste et technicien du geste » dans un bloc opératoire auprès de chirurgiens du fait de son incroyable dextérité, avant de s’installer dans le Gard, en 1974, et de se consacrer pleinement à l’art pictural. Il vit et travaille toujours à Aubarine — Rochegude, à quelques pas de Rivières de Theyrargues, où il a bien connu Pierre André Benoit, sans jamais pour autant concevoir le moindre livre avec lui. Paradoxalement, il en a réalisé plus de 300 avec le petit cousin de PAB, Jean-Paul Martin, pour les Éditions de Rivières et, à ce titre, est l’artiste contemporain qui a le plus illustré de textes inédits de Pierre André Benoit ! Après avoir rencontré Jean-Paul Martin, au Musée PAB, Sylvère l’aide à remonter la presse de son cousin et l’initie à la gravure. La proximité géographique de l’artiste et de l’éditeur va jouer un rôle prépondérant dans la riche collaboration entre les deux hommes. A l’occasion de notre rencontre avec Sylvère, en septembre 2023, l’artiste nous a confié que c’est par le poème Paroi de Guillevic, qu’il n’a pas personnellement connu, mais dont il déclamait les vers à haute voix sur la « montagnette », non loin de Rivières, qu’il a trouvé la source poétique de son art. Son art, que l’on pourrait qualifier de « préhistorique contemporain », « sans tomber dans un chamanisme de pacotille », selon Christian Skimao, s’inscrit dans un courant informel sur les traces de Bryen, Dubuffet, Fautrier, Hartung, ou Tapies, en y intégrant cependant des composantes de l’abstraction historique, la peinture américaine d’après-guerre. Selon Christian Skimao, il s’inscrit même « dans un courant plastique remontant au début de la création humaine ». Il travaille avec des matériaux proches de la terre : cendres, poussières, craies, argiles et les inclut dans ses compositions en ne respectant ni leurs usages traditionnels ni leurs destinations usuelles : « Sylvère épouse donc le corps radieux de la peinture comme on piétine une surface sacrée ». Ainsi le texte de Jean-Pierre Geay, Traces, pourrait tout aussi bien être une transposition d'art de la peinture de Sylvère, procédant par accumulation de matière poétique pour (dé)peindre la paroi de la grotte intemporelle dans laquelle l'artiste puisse son inspiration, sa philosophie et la matière qui lui sert à composer ses toiles. Exemplaire manuscrit unique. Le seul exemplaire en circulation.
Reference : DMI-1354
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