‎MAURICE ROLLINAT‎
‎Les Névroses Édition originale. Rare exemplaire en grand papier. ‎

‎TRÈS BEL EXEMPLAIRE DU LIVRE CULTE DE MAURICE ROLLINAT RARISSIME EXEMPLAIRE EN GRAND PAPIER PARFAITEMENT CONSERVÉ BELLE PROVENANCE MAURICE ROLLINAT Les Névroses Les âmes — Les luxures Les refuges — Les spectres Les Ténèbres Paris, G. Charpentier, 1883 399 p., édition originale, relié, 19x12,5cm Édition originale du deuxième recueil de poèmes de Maurice Rollinat (1848-1903), dont le colophon indique qu'il a été tiré 50 exemplaires numérotés sur papier de Hollande : celui-ci le n°35/50 justifié à la presse, seul grand papier après 10 exemplaires sur Japon et quelques exemplaires sur Chine. Portrait de l'auteur gravé par Fernand Desmoulin (1853-1914) en frontispice. Reliure à la bradel, d'époque, sobre, mais de très bonne facture. Demi-toile avec pièce de titre en cuir, nom de l'auteur et titre doré, date en queue dorée. Aucun défaut à signaler. Intérieur frais et sans rousseur. Couvertures conservées en parfait état. Reliure uniforme du 19e siècle avec les volumes des recueils Dans les Brandes (1877) et L'Abîme (1886) que nous proposons par ailleurs sur la boutique, de la bibliothèque de Charles Sagnier. Belle provenance avec l'exlibris de Charles Sagnier (1844-1888) contrecollé sur le premier plat intérieur : historien du protestantisme, négociant en graines, essences, herboristeries, produits du midi, il fut également un ami intime de George Sand, mais aussi de Gustave Flaubert et Octave Feuillet. Né à Nîmes le 11 octobre 1844 est mort à Paris le 15 juin 1888. « Issu d'une famille protestante aisée de négociants, il est durant la guerre de 1870 officier des mobilisés de la première légion du Gard à Châteauroux. A cette occasion il fait la connaissance de George Sand et entretiendra par la suite avec elle une correspondance suivie (…) Historien du protestantisme, il collabore à de nombreuses revues et notamment le Bulletin de la société d'histoire du protestantisme et la France protestante. Il contribue à dépouiller des archives jusqu'alors inédites et éclairer d'un jour nouveau certains épisodes historiques ». On lui doit aussi : La Tour de Constance et ses prisonnières, liste générale et documents inédits, Paris, 1880 ; L'assemblée de la Baume des fées près de Nîmes, Relation d'Antoine Court, s.d. A la mort de Charles Sagnier, « son fonds considérable sera légué en partie aux archives de Nîmes et à la société du protestantisme ». Ses papiers, documents, notes de travail ont été donnés aux Archives départementales en septembre 1982, par ses petits neveux M. et Mme Sagnier, à Gajan. Source Christophe Teissier, Bio-Bliographie de Nîmes et du département du Gard, tome premier, p. 225. Si le premier livre de Rollinat, Dans les brandes, paru 6 ans plus tôt chez Sandoz, passa complètement inaperçu, malgré le cortège de grands noms convoqués par le poète en tête de ses poèmes — George Sand en tête, puis Banville, Hugo, Flaubert, Baudelaire et Cros, comme nous l'avons signalé dans la fiche de présentation de cet ouvrage sur notre boutique en ligne — ce ne fut absolument pas le cas des Névroses dont le tintamarre médiatique fut assourdissant au point que la Bibliothèque universelle et revue suisse présenta le recueil comme "le plus gros succès de librairie qu'ait jamais eu poète français" (1er janvier 1883, p. 778) — succès surtout provoqué par l'attente suscitée par la publication d'un article retentissant d'Albert Wolf dans Le Figaro du 9 novembre 1882, rapportant les paroles de la figure sacrée de la tragédienne Sarah Bernhardt pour qui Rollinat est l'"artiste le plus doué" jamais rencontré par la comédienne. Cette réclame ne manqua pas de se retourner contre le poète à la publication du livre jugé par la plupart des journalistes — et souvent à tort — comme "outrancier", "macabre", "sinistre", "exagérément baudelairien", etc. Il est vrai que la comparaison entre les dédicataires des poèmes de Dans les Brandes et ceux des Névroses suffit à laisser présager une évolution dans la manière poétique de Rollinat dont les sources ou filiations littéraires semblent plus éclectiques et davantage versées dans une atmosphère fin-de-siécliste empreinte de décadentisme et de symbolisme sur laquelle les critiques peu scrupuleux ne manquèrent pas de taper : les poèmes "Le Ciel", "Le Petit Lièvre" et "Le Gouffre" sont dédiés à Léon Bloy, "Les Lèvres" à Octave Uzanne et "Les Drapeaux" à son frère Joseph, le fameux poème du "Chat" ou "La Vache au taureau" à Léon Cladel, "Le Fantôme du Crime", "Ombres visiteuses" et "Les Vieilles Haies" à Edmond Haraucourt, "La Peur" et "Le Meneur de Loups" à Jules Barbey d'Aurevilly", "La Bibliothèque" à José-Maria de Heredia, "La Chambre" à Charles Cros, "Villanelle du Diable" à Théodore de Banville, "L'étang" à Joséphin Péladan, "La Dame en cire" à Félicien Rops, "Le Val des Marguerites" à Sarah Bernhardt, "L'Allée des peupliers" à Leconte de Lisle, "Rondeau de Printemps" à Alphonse Daudet, "Les Rocs" à Victor Hugo, "Ballade des Mouettes" à Nadar, etc. Nul mieux qu'Octave Uzanne ne pouvait remettre les pendules à l'heure dans la critique qu'il fit de l'ouvrage dans sa revue Le Livre, le 1er janvier 1883 : "Maurice Rollinat, comme tous les puissants originaux, tous les nobles indomptés de la littérature, tous les fauves non châtrés qui savent encore rugir, est trop discuté maintenant en raison de son livre les Névroses pour que je puisse prétendre clore le débat par un article critique marqué au sceau des éloges les plus sincères ou le discuter sous ses trois faces également tragiques de diseur, de musicien et de poète. Il y a six ans, lorsque parurent Dans les Brandes, un remarquable livre qui passa inaperçu, parce que aucun chroniqueur boulevardier n'osa tirer alors le coup de pistolet qui éclaire un homme jusque-là dans l'ombre, j'eus le plaisir d'éclater en louanges sonores dans un sous-sol du journaliste où je faisais alors mes débuts et où ma voix avait probablement plus d'écho à ma propre oreille qu'à celle du public. Aujourd'hui Rollinat est un homme de premier plan, c'est-à-dire une cible ; tout ce qui tient une plume dans la critique plastronne contre lui, on lui casse ses vers sur la tête ; on dénie la pure sonorité de ses rimes, on glose sur ses épithètes, on voudrait le forcer à avouer qu'il a toujours vécu dans les culottes de Baudelaire et qu'il a puisé ses frissons sur les bords du gobelet dans lequel Poë sablait son gin, — tout cela se calmera, — le journaliste parisien qui a proclamé Rollinat en premier article lui a peut-être rendu un piètre service [cf. l'article d'Albert Wolf dans le Figaro], car il a fait éclore le poète trop subitement au jour aveuglant de la popularité ; la meute des petites confrères a bruyamment jappé à ses jambes ; toutes les poches de fiel se sont crevées, les vipères se sont hissées sur leur queue, le pauvre Rollinat, a été enveloppé de rancoeurs. — L'heure de l'applaudir est venue, on ne discute pas les vaillants qui poitrine aux attaques. Je ne saurais dira à Maurice Rollinat que bravo ! pour son livre d'une si haute saveur originale. Les Âmes, les Luxures, les Refuges, les Spectres et les Ténèbres, tous ces différents chapitres des Névroses sont pleins de pièces d'une belle allure et d'une vigueur peu commune. La plupart des bibliothèques sont aujourd'hui pourvues des Névroses." Ou encore Barbey d'Aurevilly qui jugea dans Le Pays du 6 juillet 1883 : "Le démoniaque dans le talent, voilà ce qu'est M. Maurice Rollinat en ses Névroses. C'est le démoniaque devant l'inconnu, embusqué derrière tout, comme une escopette du diable, devenu le seul Dieu, et qui a le tremblement du démoniaque devant le démon. C'est ce tremblement, l'inspiration vraie de M. Rollinat, qui fait sa puissance, quand il a la communique à ceux qui le lisent entre deux frissons. Je comprends très bien que la lecture de ce poète hanté perpétuellement par tous les spectres de ce diabolique inconnu qui se tapit dans toutes choses soit importune aux imaginations qu'elle trouble. Je conçois très bien que toute cette littérature cadavérique, qui n'est pas une ironie, donne au cadavre vivant de tel vieux critique la peur désagréable d'être tout à fait un cadavre demain, et que cela influe légèrement sur son impartialité, mais l'homme qui secoue de telles peurs est assurément un poète d'une énergie plus grande que celle de tous les autres poètes contemporains, dont certes le mérité n'est pas la force ! Lui il l'a jusqu'à en abuser ! C'est évidemment un poète de la famille du Dante, qui a mal tourné, en tombant dans le monde moderne, mais ce n'est pas sa faute ! Du temps de Dante, l'enfer était sous terre, et à présent il est dessus". Il n'en fallait pas moins pour faire des Névroses un livre culte, à la fois détesté et mis au pinacle, recherché et fort désirable. L'insigne rareté des exemplaires en grand papier, tout comme celle des exemplaires en tirage courant, en témoignent. Envoi soigné avec assurance, remise contre signature. ‎

Reference : DMI-1120


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