S.l. [Vers 1829] petit in-8 (12 x 16 cm environ) maroquin rouge à grain long, dos lisse orné de filets dorés et à froid avec fleur de lys dorée en entre-deux, filet et roulette fleurdelysée dorés encadrant les plats, doublures et gardes de papier gaufré bleu [Rel. de l'époque]
Reference : 28101
62 pp. recto verso, note manuscrite ajoutée postérieurement sur le dernier feuillet blanc.Marie-Thérèse-Charlotte de France (1778-1851), fille aînée de Louis XVI et de Marie-Antoinette, dite Madame, puis Madame Royale, enfermée avec sa famille à la prison du Temple est la seule des enfants royaux a avoir survécu à la Révolution française. Duchesse d'Angoulême après avoir épousé son cousin germain, Louis-Antoine d'Artois, fils aîné du comte d'Artois, futur Charles X, elle était devenue dauphine à l'avènement au trône de ce dernier, le 16 septembre 1824. C'est à ce titre que sous la seconde Restauration elle parcourt la France. Chargée de représenter le roi, elle doit donner de la monarchie une image à la fois prestigieuse et bienveillante, tout en s'informant de l'administration des départements du royaume. Ainsi s'explique la rigueur toute militaire du contenu de ce carnet manuscrit, sans doute rédigé par un secrétaire et destiné à préparer le voyage de la duchesse d'Angoulême en Normandie pour août 1829. Le déplacement était appelé à durer onze journées, minutieusement détaillées.La première journée devant se passer à Rouen, le manuscrit s'ouvre sur une présentation des officiers que la dauphine aura à rencontrer sur sa route (à la lieutenance de gendarmerie de Pontoise). Comme pour les villes suivantes, Rouen fait l'objet d'un aperçu géographique, historique et économique. Sont indiqués par exemple le nombre de filatures, de coton et de laine (13), celui des imprimeries d'indiennes (25) et des teintureries (110), ainsi que la composition de l'état-major général, de l'Intendance militaire, de la Gendarmerie royale, avec les états de service détaillés des personnes concernées.La troisième journée se passe au Havre "où les établissements militaires sont insuffisants pour l'importance de la place, & même pour le service ordinaire", mais où la poudrerie de Maromme, "un peu au delà de l'embranchement de la route de Caudebec, sur celle d'Yvetot, [qui], depuis "plus d'un siècle et demi fournit la poudre nécessaire à la défense et à l'armement des côtes et des ports de la Manche" est un objet d'inquiétude. La quatrième journée, consacrée à Honfleur, annonce une ville "mal bâtie, mal fortifiée" où se trouvent des fabriques de cordages et de biscuits, de "grandes salaisons de poissons et de boeufs".La sixième journée est vouée à Dieppe où "on travaille parfaitement la corne et l'yvoire" et se trouve un "entrepôt de sel et de denrées coloniales". La fin du voyage touche les villes d'Eu, Aumale, Neufchatel et Gisors.Le dernier feuillet blanc est recouvert d'une importante note manuscrite signée par Auguste de Case qui confirme et précise la provenance de ce livret."Ce livre est celui que portait Madame la Dauphine, Duchesse d'Angoulême, dans son voyage à Rouen, en 1829. Il était dans sa bibliothèque à Villeneuve l'Etang, & m'a été donné par M. le Vicomte Alex. de Case, mon frère, acquéreur de cette propriété et du mobilier qu'elle contenant à l'époque de la révolution de juillet, 1830. On y remarque combien cette illustre princesse si grande par sa naissance, ses malheurs & son noble courage, avait à coeur d'être instruite sur les localités qu'elle devait parcourir & sur le personnel de l'armée. Outre l'intérêt local qui s'y attache, la certitude que ce petit livre lui a appartenu & a été pour elle d'un usage journalier pendant qu'elle parcourait nos contrées me rend ce manuscrit plus précieux et plus cher. Villeneuve-l'Étang & Rouen. Le 25 mai, 1832. Aug. de Case".La duchesse d'Angoulême avait racheté le château de Villeneuve L'Étang au maréchal Soult durant la Restauration, en 1821. Elle le vendit au vicomte de Case en 1830. Louis-Napoléon Bonaparte devenu prince Président sous le nom de Napoléon III en fit l'acquisition en 1852, l'agrandissant pour y recevoir (la reine Victoria, la Grande Duchesse de Bade et le roi Charles XV de Suède en seront les hôtes). Situé à Marnes-la-Coquette, il valut à la dauphine en exil le titre de courtoisie de comtesse de Marnes. Après la destruction du château, une partie du domaine sera, pour ses expériences et sa résidence, attribuée à Louis Pasteur qui y mourut en 1895.Pièce unique, parfaitement conservée dans sa jolie reliure de l'époque fleurdelysée
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