[Camille Corot] Henri Dumesnil (1823-1898), collectionneur, ami de Corot. Manuscrit A.S., mai 1880, 27p in-4. Manuscrit du discours du grand ami de Corot lors de l'inauguration du monument élevé à la mémoire de Corot à Ville d'Avray le 27 mai 1880. Les pages sont écrites sur la moitié droite avec de nombreuses corrections, parfois longues, en marge. Se qualifiant lui-même d'inconnu, il explique être là pour son amitié envers Corot et non comme critique d'art et développe longuement sur la vie de Corot, citant notamment ses rencontres (Millet, Dupré, etc). On joint un dessin original, non signé, représentant le monument Corot. Il est contrecollé sur un feuillet similaire à ceux du manuscrit. Il est fort possible qu'il ait été fait à l'occasion de l'inauguration du monument. On joint un second dessin original, non signé, in-8 oblong, représentant une vue de l' « emplacement du monument Corot à Ville d'Avray », datée du 7 juin 1888. On devine le monument au centre. On joint une chemise de Dumesnil indiquant le contenu et avec la mention « Mon Discours ». Très beau document d'un proche de Corot. [364]
Reference : 014970
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Manuscrit autographe signé, s.d. [c. 1947 ?]. Page de titre et 17 p. in-4 au feutre noir (bleu pour la dédicace), numérotées aux rectos d’un cahier à petits carreaux de 20 feuillets, chemise à rabats brune. Exceptionnel manuscrit du premier poème, d’inspiration surréaliste, d’Yves Bonnefoy. Un bref fragment parut en 1946 dans La Révolution la Nuit (n° 1, janvier 1946), revue dirigée, entre autres, par le poète et sa compagne Éliane Catoni, mais la version complète ne fut publiée pour la première fois qu’en 2001 (Farrago-Éditions Léo Scheer), basée sur 7 feuillets dactylographiés conservés par l’auteur (mention «Bonnefoy, 1945 »). On constate de nombreuses différences (plus d’une quarantaine) entre le texte de cette édition (repris dans la « Pléiade ») et le présent manuscrit: – dans la section I, il s’agit pour beaucoup de variations de vocables ou d’accords – de temps, de nombre, notamment en début de poème. Ainsi «fausse neige » (ms) devient « neige noire » (p.12), « cinq heures» (ms), «six heures» (p.12), « preuves fixes» (ms), « preuves sourdes» (p.12). – la section II est retouchée de manière plus profonde : déplacements de strophes (notamment dans l’enchaînement de la suite des «Je ne me souviens plus»), vers ajoutés ou supprimés. Ces modifications révèlent la volonté appuyée du poète de chercher le rythme juste afin de créer une musique des lieux de l’inconscient qui n’est scandée d’aucune ponctuation. « Cet enthousiasme, ce premier grand allant vécu par moi dans les mots, il se marque, me semble-t-il, dans la structure même des vers de ce Cœur-espace, qui sont plutôt des versets, une forme qui demande pour s’éployer qu’un apport d’énergie la soutienne jusqu’à son terme lointain. Et que son champ, ce fût bien le lieu inconscient, soudain entrouvert avec ses investissements et ses vœux plus ou moins fortement chiffrés, métaphoriquement ou métonymiquement, par des situations de la société et de la famille, c’est ce que me semble montrer les évocations successives que je vois abordées dans la suite précipitée des strophes avec une résolution où ne laisse pas de se manifester, toutefois, la force latente de la censure » (Yves Bonnefoy, entretien avec Maria Silvia Da Re, dans Le Cœur-espace, Farrago Éditions Léo Scheer, 2001, p. 42). Seul conservé de cette première œuvre poétique, notre manuscrit est inconnu des éditeurs de la « Pléiade » qui se fondent sur le texte de la version dactylographiée de 1945. Il ne présente presque aucune rature (deux en tout) et porte une dédicace à Charles Duits qui, après son retour d’Amérique, s’était lié d’une vive amitié avec Yves Bonnefoy. Véritables frères d’écriture, les deux jeunes poètes épris de surréalisme se soumettaient réciproquement leurs manuscrits à la fin des années 1940, échangeant critiques et corrections comme l’atteste leur correspondance inédite entre 1947 et 1962. Jusqu’à ce que Lucille Vines, la première femme de Duits, le quitte pour Yves Bonnefoy, rompant toute relation entre les deux écrivains, définitivement… Document unique.
FRIEDMAN Milton (SMITH Adam & WALRAS Léon & MARSHALL Alfred & ALLAIS Maurice & SAMUELSON Paul)
Reference : 82270
(1983)
s.d. (septembre 1983), 21,5x28cm, une page sur un feuillet.
| There is a long-standing myth that if two economists discuss any topic, they will have at least three opinions about it. | (Une légende tenace veut que, si une discussion sur un sujet quelconque s'engage entre deux économistes, il en sortira au moins trois opinions différentes.) * Manuscrit autographe signé d'une page rédigée à l'encre noire sur un feuillet de papier ligné jaune et portant en exergue de la main de l'auteur : "Draft 8 - Preface for French edition 8 - Price Theory" ; nombreuses ratures et corrections. En haut à gauche du feuillet, au stylo bille, envoi autographe signé : "For Bernadette Platte, Milton Friedman". Rarissime manuscrit autographe signé du prix Nobel 1976, un des économistes les plus influents du XXe siècle, dont l'ensemble des archives est aujourd'hui conservé à la Hoover Institution Library & Archives, Stanford University. Les quelques manuscrits de Friedman encore en mains privées sont particulièrement désirables et recherchés. Important texte théorique des deux premiers paragraphes de la préface dePrix et théorie économique,première traduction française, parue en 1983 aux éditionsEconomica, de Price Theory.Achevée le 7 septembre 1983 à l'université de Stanford, cette version originale en anglais est totalement inédite. Price Theory,uvre majeure de Friedman (Chicago, Aldine Press, 1962) dont la version définitive fut publiée en 1976, année où Friedman obtint le Nobel, est un essai fondamental directement inspiré par ses cours à la Chicago University. Pour sa première publication en France, sept ans plus tard, Friedman entreprend donc de composer une toute nouvelle préface à l'intention de ce public moins naturellement acquis aux idées monétaristes que les Américains. Notre manuscrit, ultime version d'un texte qui nécessita huit réécritures comme en témoigne l'exergue, porte encore de multiples repentirs soulignant l'attention portée par Friedman à la réception de son travail par le lectorat français. Fer de lance de la politique économique de Ronald Reagan, la théorie des prix de Friedman est issue d'une longue tradition de penseurs français et anglo-saxons que l'économiste prend soin de citer dans ce manuscrit: «From the French physiocrats and Adam Smith to Léon Walras and Alfred Marshall to Maurice Allais and Paul Samuelson, a body of theory has been elaborated and refined that essentially all economists accept and use in their analysis of the problems for which it is relevant». En fin connaisseur de l'esprit français, Friedman insiste ainsi sur la filiation entre le libéralisme économique de sa célèbre «école de Chicago», et la philosophie des Lumières, chère à l'intelligentsia du vieux continent. C'est d'ailleurs en hommage à cet esprit critique français qu'il ouvre sa préface par une anecdote ironique sur la relativité des théories économiques «: There is a long-standing myth that if two economists discuss any topic, they will have at least three opinions about it». On note cependant qu'il remplace le véritable auteur de ce trait, qui n'est autre que Churchill, par un anonyme «long-standing myth». Les reprises et biffures sur notre manuscrit montrent la tentation de Friedman d'analyser l'origine de ce mythe : «This myth rests like most myths» est biffé et remplacé par un irrévocable «Whatever small element of validity this myth may have with respect to some topics, it has none whatsoever with respect to the core of economics... price theory. ». Le second paragraphe de notre manuscrit est une apologie des théories monétaristes défendues par Friedman qui, en ce début des années 1980,viennent alors de porter leurs fruits : leur mise en application par la réserve fédérale américaine entraîne un net recul de l'inflation et une hausse historique du dollar. Au sommet de son influence, Friedman voit alors ses ouvrages, dont Price Theory, réédités, enseignés dans le monde entier et traduits en plusieurs langues. Il souligne ici l'importance capitale de sa théorie pour la compréhension du marché mondial :«For price theory seeks to understand how the actions of hundreds of millions of people spread around the surface of the globe interact through a market to determine the price of one good or service relate to another, the wages of one hour of labor relate to another, the cost of one unit of capital relate to another.» La suite de la préface française, de composition plus classique, est absente de notre manuscrit, qui comprend pourtant un verso vierge. Cette entrée en matière très élaborée pourrait ainsi s'avérer être un ajout tardif au texte initialement prévu, marquant l'effort de Friedman pour conquérir la citadelle française, qui vient, en 1981, d'élire son premier gouvernement socialiste depuis 1936. Très important et rarissime manuscrit économique, inédit dans sa langue originale, du théoricien qui a bouleversé la politique financière des Etats-Unis et façonné l'économie du monde moderne. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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S.n., s.l. 1887, divers, 11 pages sur 7 feuillets pour les manuscrits + 4 feuillets pour la transcription.
|« La question de la monnaie m'intéresse [...] parce qu'elle se prête à une des premières et des plus décisives applications de mon système d'économie politique pure. »| - Manuscrit autographe complet daté et signé de l'article intitulé"Note sur la Solution du problème monétaire anglo-indien". Cinq pages rédigées à l'encre noire sur un feuillet et un bifeuillet ; la quatrième page est signée et datée : "Léon Walras Vers chez les Blancs sur Lausanne, 3 juillet 1887". La cinquième page constitue donc un ajout ultérieur comportant plusieurs corrections et ajouts. - Manuscrit autographe de la mise au propre du dernier feuillet, une page datée et signée: : "Léon Walras Vers chez les Blancs sur Lausanne, juillet 1887" - Manuscrit autographe de calculs de l'économiste, quatre pages sur deux feuillets. - Manuscrit autographe de la traduction anglaise de la dernière partie, une page rédigée par Walras au revers d'une enveloppe lui ayant été adressée. - Tapuscrit de la transcription par William Jaffé, tapée à la machine sur quatre feuillets de papier fin et présentant des ratures et corrections manuscrites de la main de Jaffé. - Note on the solution of the Anglo-indian monetary problem.Deux jeux d'épreuves dont un doublement signé par Walras enrichies de deux nombreuses corrections et notes autographes de Walras. - Note sur la solution du problème monétaire anglo-indien, tiré à part de la revue d'Economie Politique, N° de Novembre-Décembre 1887. Importante déchirure sans manque. Unique ensemble des manuscrits, tapuscrit, traductions,épreuves corrigées et tiré à part d'une des premières incursions de Léon Walras dans l'économie internationale, qui contribuera à faire reconnaitre l'économiste par les anglo-saxons au moment où l'anglais devient la langue scientifique officielle au détriment du français. «L. Walras [a] été l'un des premiers à recommander l'utilisation d'un indice de prix pour guider la politique monétaire. Son étalon multiple fournit les informations qui déterminent les interventions destinées à éliminer les variations de la valeur de la monnaie. Cet étalon multiple n'est rien d'autre qu'un indice de prix utilisé à des fins particulières. L'utilité d'un tel indice, qui était loin de faire l'unanimité au moment où L. Walras en montrait l'intérêt, est aujourd'hui reconnue.» (Jacoud Gilles. Stabilité monétaire et régulation étatique dans l'analyse de Léon Walras. In: Revue économique) A contrepied des concurrences impérialistes qui conduiront bientôt l'Europe à sa perte, Léon Walras dans un souci d'équilibre international, propose dans cet article fondateur «la mise en place de son système pour résoudre les problèmes monétaires des principales puissances économiques». En offrant une solution d'équilibre économique à l'Empire britannique, «il espère organiser de meilleurs rapports monétaires entre le Royaume-Uni et l'Inde. Son plan est censé stabiliser simultanément la livre et la roupie, mettant ainsi fin à la dévalorisation permanente de la monnaie indienne par rapport à la livre sterling» (JG Stab) « La question de la monnaie m'intéresse [...] parce qu'elle se prête à une des premières et des plus décisives applications de mon système d'économie politique pure. » écrira Walras en 1893 (L. Walras, « Le problème monétaire anglo-indien », Gazette de Lausanne et Journal Suisse, 24 juillet 1893). Par cette communication, Walras espère voir ses théories mises en application à l'échelle internationale. Les nombreuses corrections et les deux versions du manuscrit original révèle l'importance que revêt cette «note» pour l'économiste. On constate notamment que la dernière partie fut ajoutée à quelques jours d'intervalle à la suite d'une première version, signée et datée du «3 juillet 1887». C'est cette nouvelle partie qui fait l'objet d'une traduction immédiate par Léon Walras lui-même, comme en témoigne le manuscrit autographe en anglais de notre ensemble. A ces feuillets, les derniers manuscrits de Walras en main privés, sont joints trois pages autographes de calculs (sur deux feuillets) intitulés «vérifications». Bien que cet ensemble de chiffres soit quelque peu abscons pour le néophyte, ils offrent des informations inédites sur le processus de calcul employé par Walras pour contrôler la validité de ses théories. Mais c'est plus particulièrement dans les corrections manuscrites du jeu d'épreuves deNote on the solution of the Anglo-indian monetary problempour le meeting de la British Association for the Advancement of Science à Manchester en 1887, que Léon Walras fait preuve d'une attention particulière à la réception de son article par le milieu scientifique anglo-saxon. Ainsi les deux jeux d'épreuves sont enrichis de nombreuses corrections mathématiques, biffures, ajouts et notes de Walras montrant l'importance accordé à ces traductions.«Be so kind as to sent a second proof. LW»demande-t-il à son éditeur américain malgré la distance et le temps des échanges. Mais c'est surtout une correction en apparence anodine qui constitue l'indice le plus probant de la particulière attention de Walras à la réception de sa pensée outre-Atlantique. Il barre ainsi "University of Lausanne" et demande un remplacement par"Academy of Lausanne"afin sans doute d'assurer la légitimité de sa signature auprès de ses confrères. Sur la seconde épreuve, également jointe à notre ensemble, Léon Walras, parmi les nouvelles corrections apportées, change la place de son patronyme qu'il raye en fin et réécrit en tête de l'article. Nous joignons à cet ensemble unique, le double feuillet du très rare tiré à part, Extrait de la Revue d'Economie Politique de novembre-décembre 1887. Comme le notent Jan Van Daal et Donald Walker,«beaucoup des articles de Léon sont parus dans des revues ou des journaux à faible tirage et peu connus, donc difficiles à trouver.» [13]. Les tirés à part des articles de Walras sont ainsi les meilleurs et presque les seuls ambassadeurs de la pensée en élaboration de Walras et son réel moyen de communication savante avec ses pairs. Léon Walras, inventeur de la théorie de l'équilibre économique, a en effet bouleversé la conception classique en imposant des équations mathématiques pour expliquer et influencer l'économie. Concomitamment avec Jevons et Menger, il fonde la théorie marginaliste, qui deviendra un pilier de la Science économique du XXeme siècle, comme le notait déjà à Milton Friedman, dans son essai consacré à Léon Walras à l'occasion de la traduction par Jaffé des Elements of Pure Economics: «it belongs on [any student's] "five foot shelf."[...] A person is not likely to be a good economist who does not have a firm command of Walrasian economics» (Milton Friedman) Malgré l'importance de la pensée de Léon Walras, les documents originaux, autographes ou imprimés du fondateur de l'Ecole de Lausanne, sont d'une extrême rareté, tant en mains privées, qu'en ventes publiques ou en institutions. Unique ensemble original de manuscrits, épreuves et tirés à part de la première intervention de Léon Walras auprès des anglo-saxons en vue d'appliquer sa «théorie de l'équilibre économique» à l'échelle internationale, et une réflexion pionnière sur la nécessité de penser la globalisation du marché. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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Augusta Holmès (1847-1903), compositrice, Hymne à Séléné - manuscrit autographe signé et partition imprimée dédicacée. Manuscrit autographe signée daté 26 février 1899, in-4, 4p. Impression : Paris, G Ricordi, 1900. In-4, couverture-3p. Belle réunion du manuscrit autographe signé remis au propre, avec deux petites notes au crayon, et de la partition dédicacée à son amie Marie Huet (1859-1939), peintre et couturière, amie proche qui fit son portrait : « au Peintre qui peindra les étoiles, à M. Huet, cet Hymne à leur reine. Augusta Holmès. Mars 1900 ». Cartonnage moderne, plein papier marbré. Rare manuscrit autographe, la plupart ayant été légués par Holmès au conservatoire national de musique par testament.
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Manuscrit signé de 12 feuillets in-8 oblong rédigés au recto, pour un article paru dans la Revue Européenne du 1er Juin 1860, tome IX, pp. 409-413 : Intéressant manuscrit autographe signé par l'écrivain et critique Emile Perrin (1814-1885), alors ancien directeur de l'Opéra Comique (1848-1857) et futur directeur de l'Opéra (1862-1871) puis Administrateur général de la Comédie Française (1871-1885). On relève les annotations d'imprimeur (noms des typographes). Son analyse de Fidelio et de sa réception en France sont très informées. "Le Théâtre-Lyrique avait inauguré par Orphée sa saison d'hiver, il vient d'ouvrir par Fidelio sa saison de printemps. Après avoir fêté tour à tour Weber, Mozart et Gluck, il a voulu rendre les mêmes honneurs à Beethoven. L'intention est également louable ; mais je crains que le succès ne soit point égal. Populaire en Allemagne, accueilli avec enthousiasme en Angleterre, la partition de Fidelio n'a jamais pu s'acclimater sur nos scènes françaises. Faut-il en accuser le goût de notre public ? [ ... ] C'est dans la faiblesse de la pièce sur laquelle Beethoven a écrit la partition de Fidelio qu'il faut donc chercher la cause de ce constant insuccès. Le triste mélodrame de Bouilly, mis d'abord en musique par Gaveaux, n'était pas de nature à inspirer Beethoven. Son génie plane sur les hauteurs sublimes de la Symphonie Pastorale, de la Symphonie Héroïque ; il étouffe emprisonné dans les murs étroits d'une fable vulgaire, sans vraisemblance, sans intérêt, sans passion." [ Suit une analyse de l'histoire de Fidelio et de sa réception par le public français ] "L'exécution de Fidelio est inférieure à l'exécution d'Orphée et des noces de Figaro. L'orchestre, sur lequel pèse ici une grande part de responsabilité, s'est montré parfois, notamment dans l'ouverture, au-dessous de sa tâche. Mme Viardot n'a pu trouver dans le rôle de Fidelio les puissants contrastes, la vive passion du rôle d'Orphée. [...] Le rôle entier paraît d'ailleurs écrit sur un registre trop élevé pour la voix de Mme Viardot, et bien que cette voix soit douée d'une étendue exceptionnelle, elle n'atteint cependant les notes les plus élevés qu'à l'aide d'un déchirement douloureux. Le personnage de Fidelio exige, en outre, de la jeunesse ; sous l'habit du jeune paysan qui surprend l'amour de la fille du geôlier, Mme Viardot nous a fait regretter l'art avec lequel elle portait la tunique, la chlamyde et le cothurne antiques. M. Battaille chante le rôle de Rocco en musicien consommé et avec un grand sentiment du style ; Mlle Faivre montre de l'intelligence et la finesse, mais une finesse qui touche parfois au maniéré ; les autres artistes ne sont point de taille se mesurer à cette partition. [...] L'artiste chargé de représenter Ludovic Sforza a failli plus d'une fois, par l'étrangeté de ses allures, amener dans ce sombre drame un élément tout à fait imprévu, l'élément comique. Quel que doive être le succès de Fidelio, il faut savoir gré au Théâtre-Lyrique de cette tentative. [...] Il est assez curieux de voir une scène musicale, qui marche au quatrième rang, donner aux autres cet exemple du sentiment de l'art et du respect au public dont on ne craint point ailleurs de flatter les caprices et les inexcusables fantaisies. Il semble pour cela que tous les moyens soient bons, et l'on a répondu à tout quand on a dit : cela fait de l'argent. Avec ce mot là on a voulu absoudre un scandale musical qui s'est produit l'autre semaine dans la salle Ventadour. Le Théâtre-Italien a représenté l'Orphée aux Enfers de M. Offenbach.[...]" Il évoque ensuite l'Opéra-Comique et M. Gevaërt, mais aussi Donizetti : "la gloire de Donizetti ne recevra pas non plus un nouveau lustre de la représentation du petit ouvrage inédit joué sous le nom de Rita ou le Mari battu. On peut même dire que la musique de Donizetti a passé presque inaperçu au milieu des rires provoqués par les plaisanteries, un peu au gros sel, dont la pièce et semée. Il est vrai que l'exécution musicale laisse beaucoup à désirer.. [...] Seule, Mme Faure-Lefebvre ne peut suffire à tout. Elle a joué avec infiniment de grâce et l'esprit, trop d'esprit peut-être, un rôle bien invraisemblable pour elle, puisque Rita a fait la double faute d'épouser à la fois un niais et un butor. [ ... ] On dit que le rôle de Rita sera le dernier rôle créé par Mme Faure-Lefebvre et qu'elle doit prochainement quitter le théâtre. Ce sera une grande perte pour l'Opéra-Comique."
Intéressant manuscrit autographe signé par l'écrivain et critique Emile Perrin (1814-1885), alors ancien directeur de l'Opéra Comique (1848-1857) et futur directeur de l'Opéra (1862-1871) puis Administrateur général de la Comédie Française (1871-1885). On relève les annotations d'imprimeur (noms des typographes). Son analyse de Fidelio et la présentation de sa réception en France sont celles d'un critique très informé. Manuscrit provenant du fonds Dentu (l'éditeur Edouard Dentu prit la direction de la Revue Européenne de 1859 à 1862).