Hippolyte Gayraud (1856-1911), prêtre, théologie, député du Finistère. L.A.S., Paris, 25 janvier 1904, 4p in-8. Très intéressante lettre, vraisemblablement à Gabriel Monod (1844-1912), historien, membre de la Revue. Gayraud répond ici à une enquête ayant pour thème : « Catholicisme et protestantisme - enquête sur la réunion des églises ». Gayraud livre donc sa version qui sera publiée dans le numéro du 15 août 1904 (p.412-413). « Que la réunion des Eglises protestantes à l'Eglise catholique romaine soit chose désirable, non seulement au point de vue religieux, mais encore pour le progrès politique et social de la démocratie issue du christianisme, rien ne me semble plus évident dans l'histoire de ces trois derniers siècles. Contrairement à beaucoup, je pense que la Réforme, je ne dis pas le mouvement de réformation, mais l'hérésie, le schisme et la rupture avec Rome, fut pour la société chrétienne de l'Europe occidentale une cause d'arrêt de développement, tant au dedans qu'au dehors, dans le progrès de la civilisation du monde. Sans la ruine de l'unité religieuse et les guerres qui en furent la conséquence, avec leur suite de nationalités confessionnellement et politiquement ennemies, j'aime à croire que l'expansion inévitable du principe de liberté et le règne de plus en plus nécessaire de la loi de la fraternité humaine, eussent produit, dans l'évolution économique moderne, grâce au contre- poids du catholicisme, cette union des peuples, dont le socialisme rêve, et qui n'apparaît plus que dans l'ombre d'un lointain avenir. Nous en serions certainement plus rapprochés. Quant à la conquête apostolique du monde asiatique et africain aux idées chrétiennes, il est hors de doute que la Réforme, en arrêtant le splendide essor des missions catholiques, en s'y opposant même par la violence, l'a retardée de plusieurs siècles. Donc je désire de toute mon âme que l'unité de la foi soit rétablie entre tous ceux qui se réclament, en religion, de Jésus-Christ et de sa doctrine. Mais ce grand miracle de l'ordre moral s'accomplira-t-il? C'est le secret de Dieu. Je n'en vois pas encore poindre l'espérance. En tout cas la base de cette union ne pourrait être que le symbole de foi catholique, accepté purement et simplement par nos frères séparés. Ils devraient revenir à Rome, en toute sincérité et loyauté, comme au centre indéfectible de l'unité chrétienne. En matière de doctrine et d'autorité religieuse, l'Eglise catholique ne transigera jamais. Le père de l'enfant prodigue peut faire des concessions nombreuses; il ne peut cesser d'être le père et le chef ». [78]
Reference : 014674
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