Jacques Carel de Sainte-Garde, Le Mercure Espagnol apportant quelques mémoires et nouvelles curieuses de Madrid. Sur les Festes ou Combats de Taureaux. Sur le serment de fidélité qu'on preste solemnellement aux successeurs de la Couronnes d'Espagne. Sur le Mariage des Infantes. Sur les Proverbes, les Moeurs, les Maximes et le Génie de la Nation Espagnolle. Paris [Amsterdam?], suivant la copie imprimée, 1670. Petit in-12, 132p. Contrefaçon très rare de l'édition originale et probablement plus rare que celle-ci, parue en 1670 chez Léonard sous le titre Mémoires curieux envoyés de Madrid sur les festes ou combats de Taureaux.etc. Cet ouvrage, paru anonymement, a été attribué par Alfred Morel-Fatio (1850-1924) grâce aux quelques indices laissés par l'auteur. Jacques Carel de Sainte-Garde (1620-1684) était un poète originaire de Rouen. Il était aussi aumônier et conseiller de Louis XIV. Ce texte est probablement le plus ancien texte en français sur la tauromachie (p.5 à 44). Nous n'avons trouvé que deux exemplaires, de l'édition originale, passés en vente récemment, presque en même temps (Coll. René Cluzel, Paris, Yann Le Mouël, 17 mars 2021, n°1 & Bordeaux, Briscadieu, 13 mars 2021, n°208), et l'ouvrage manquait à toutes les autres collections taurines passées en vente ces quarante dernières années. En revanche, nous ne trouvons aucun exemplaire de la contrefaçon passé récemment sur le marché. Voici ce que dit notamment Carel : « ils n'aiment que le sang, c'est l'extrême plaisir qu'on les voit prendre, les uns à couper en morceaux ces pauvres taureaux, d'autres à les percer de leurs longues épées. Ils disent que la fête n'est jamais aussi belle que lorsqu'elle est tragique... Sachant que c'est la première loi de cette réjouissance, aucun accident mortel ne doit l'arrêter si l'un des cavaliers vient à être blessé, il est contraint de prendre sa retraite. Les autres Toréadors peuvent l'accompagner jusqu'à la sortie, mais ils doivent revenir immédiatement sans perdre de temps, pour continuer le jeu... La scène rouvre comme si de rien n'était, après ces petites interruptions qui en font des intermèdes. L'un des plus grands plaisirs est de voir un taureau en colère chasser un Alguasil... Nous ne souhaitons rien tant que de les voir engagés à tirer l'épée pour se défendre... On voit parfois un taureau sortant du corral, ou au milieu de la place, qui courra de tête en tête contre des fantômes. Rien de plus grotesque ne peut être vu ». Si cet ouvrage, dans ses deux éditions, est rarissime sur le marché, le WorldCat et le CCfr nous donnent 17 exemplaires dans les bibliothèques publiques (dont 4 en France) pour l'édition originale et 8 (dont 2 en France) pour la contrefaçon. Cela confirme au passage que la contrefaçon est plus rare que l'édition originale. Lorsque Victor Hugo emprunta une dizaine de livres sur l'Espagne afin d'écrire son Ruy Blas, paru en 1838, il emprunte notamment cet ouvrage, comme le montre le registre des prêts des années 1834-1835 de la Bibliothèque Royale à la date du 15 janvier 1835. Cette information a bien entendu déjà été relevée, notamment par Gustave Simon qui en donne la liste dans le journal Le Temps daté du 28 août 1918. Ex-libris armorié en garde d'Albert de Badts de Cugnac (1841-1888), écrivain catholique du Nord. On remarquera d'ailleurs que « La Wallerie » peut avoir un lien avec une seigneurie d'Halluin, dans le Nord aussi. Cela peut confirmer cette lecture de l'ex-libris manuscrit, avec un livre qui serait resté longtemps dans le Nord de la France. Reliure plein veau début XVIIe, dos à nerfs joliment orné, pièce de titre maroquin, tranches rouges, superbe papier de garde à décor fleuri. Manque à la coiffe supérieure, mors fendillés en tête. Ouvrage très rare.
Reference : 012769
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