[Paris, La Revue blanche, 1896]. In-4 (304 x 200 mm), 5 pp. contrecollées sur papier fort. Bradel demi-vélin ivoire, auteur, titre et date dorés en long au dos, tête dorée, restauration de papier en marge inférieure du dernier feuillet (reliure du temps).
Reference : 1170
Épreuves corrigées de l’avant-propos à la première biographie de Rimbaud. Ce texte important avait paru quelques semaines seulement après la mort de Paul Verlaine dans la Revue blanche, le 15 février 1896. Il fut aussitôt repris par Paterne Berrichon pour figurer en tête de sa première biographie de Rimbaud, publiée sous le titre La Vie de Jean-Arthur Rimbaud (Paris, Mercure de France, 1897). Ces épreuves corrigées se composent de 5 pages contrecollées sur papier fort, extraites de La Revue blanche et annotées à l’encre dans les marges. Deux corrections ont été reprises dans l’édition en volume – “l’ex-tirailleur de la révolution” remplaçant “l’ex-vengeur de Flourens” pour désigner Rimbaud, et le mot “revolver” au lieu de “pistolet” – tandis qu’une douzaine de commentaires ou de précisions chronologiques, qui n’étaient sans doute pas destinés à être imprimés, ont été pour la plupart biffés. Parmi ces notes intéressantes, relevons celles-ci : “C’est Rimbaud, entre autres, qui révéla Desbordes-Valmore à Verlaine” (p. 178) et “C’est dans cette partie de l’œuvre de Verlaine [Sagesse, Jadis et Naguère et Parallèlement] que l’influence de Rimbaud surtout éclate” (p. 180). Quelques notes typographiques au crayon, d’une autre main, laissent penser que ces feuillets ont servi à la composition. Une vision chaste de la relation Verlaine-Rimbaud. Poète, peintre et sculpteur, doué de qualités littéraires indéniables dont témoignent ces quelques pages, Pierre-Eugène Dufour dit Paterne Berrichon (Issoudun, 1855-La Rochefoucauld, 1922) est surtout connu pour avoir été le beau-frère posthume et l’éditeur d’Arthur Rimbaud. Il avait épousé en 1897 la sœur du poète, Isabelle Rimbaud, avec qui il s’efforça de perpétuer le culte de “l’homme aux semelles de vent”. Leur volonté première fut de présenter un Rimbaud angélique, gommant les périodes sulfureuses de sa vie, cherchant à prouver que sa relation avec Verlaine fut chaste, et qu’il retrouva la foi catholique sur son lit de mort. Verlaine héroïque est l’une des premières pierres de cette hagiographie. S’il revient sur l’ensemble de la relation entre les deux poètes, dont l’inévitable coup de revolver, le texte de Paterne Berrichon tente de couper court aux rumeurs : “De méchantes légendes ont fleuri monstrueusement sur la qualité d’affection unissant nos deux poëtes, ces poëtes dont l’œuvre eut une si saine influence sur les Lettres nouvelles. Il faut défleurir ces légendes, car l’arbre de cette liaison fut chaste et ses rameaux d’amitié ne produisirent rien au-delà d’une verdure de norme naturelle, malgré que lui-même, Verlaine, en ait complaisamment, parfois, laissé entendre.” On joint le texte dans sa première version imprimé, en feuilles sous couverture de livraison (15 février 1896, tome X, n° 65, pp. 177-182), ainsi que le premier article de Paterne Berrichon sur Arthur Rimbaud publié dans la Revue blanche (15 août 1896, n° 77, pp.165-174). Un remarquable document en reliure du temps.
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