Editions du Rocher, coll. "Les infréquentables", 1991. Un volume dos carré collé, 191 x 117 mm, 135 p. Edition originale dont il n'a pas été tiré de grands papiers. En parfaite condition.
Reference : f18937
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En conclusion de son livre, Houellebecq rend hommage à Lovecraft poète : « il a réussi à transformer son dégoût de la vie en une hostilité agissante.Présentées ainsi, les choses paraissent presque simple. Et pourtant, les réussites sont rares dans l'histoire de la littérature. Howard Phillips Lovecraft constitue un exemple pour tous ceux qui souhaitent apprendre à rater leur vie, et éventuellement, à réussir leur oeuvre. Encore que, sur ce dernier point, le résultat ne soit pas garanti.» Du Houellebecq avant l'heure.Rare premier ouvrage de l'auteur. Paris, Éditions du Rocher, coll. «Les Infréquentables», 1991 1 vol. (115 x 190 mm) de 135 p., [4] et 1 f. Broché, sous étui (Elbel). Édition originale (sans grand papier). Envoi signé : «Pour Max, à Paris, le 1.7.2000. Michel Houellebecq».
En 1991, Houellebecq entre à l'Assemblée nationale comme secrétaire administratif au service informatique, poste peu enchanteur, semblable à celui qu'il occupait auparavant au ministère de l'Agriculture, mais le statut de fonctionnaire lui assure désormais une sécurité matérielle propice à l'écriture. À cette époque, il a déjà publié, de manière confidentielle, quelques poèmes dans la Nouvelle Revue de Paris, dirigée par son ami Michel Bulteau, qui lui proposera, dans sa collection « les infréquentables » initiée aux Éditions du Rocher, de publier son premier livre, un essai sur l'auteur américain Howard Phillips Lovecraft, le maître du récit fantastique. Lecteur de l'auteur de L'appel de Cthulhu, de Dagon et des Montagnes hallucinées, à l'âge de seize ans, Houellebecq n'a jamais cessé de le lire. Tout autant une biographie qu'une analyse brillante de l'oeuvre du « reclus de Providence», Lovecraft contre le monde, contre la vie contient, en germes, les thèmes fédérateurs de l'oeuvre à venir chez Houellebecq : l'atomisation humaine dans la montée de l'individualisme, la nature comme force aveugle, la disparition progressive de toute forme de spiritualité, l'effritement des valeurs, la vanité d'une existence sans but, et le monde comme une jungle : compétition, combats, victoires et écrasements s'y succèdent, exposant une filiation d'écriture avec le poète qu'il est déjà et le romancier qu'il deviendra. Quelques traits cueillis au fil du texte disent mieux que de longs discours le ton du futur auteur d'Extension du domaine de la lutte : « on ne s'étonnera pas que Lovecraft n'ait guère éprouvé de sympathie pour Freud, le grand psychologue de l'ère capitaliste. Cet univers de ‘transactions' et de ‘transferts', qui vous donne l'impression d'être tombé par erreur dans un conseil d'administration, n'avait rien qui puisse le séduire. » Et en conclusion de son livre, Houellebecq rend hommage à Lovecraft poète : « L'oeuvre de sa maturité est restée fidèle à la prostration physique de sa jeunesse, en la transfigurant. Là est le profond secret du génie de Lovecraft, et la source pure de sa poésie : il a réussi à transformer son dégoût de la vie en une hostilité agissante. » «Présentées ainsi, les choses paraissent presque simple. Et pourtant, les réussites sont rares dans l'histoire de la littérature. Ce n'est guère plus facile, en réalité, que de créer une nouvelle religion.» Et d'ajouter, en terme de conclusion devenue célèbre maxime, que «Howard Phillips Lovecraft constitue un exemple pour tous ceux qui souhaitent apprendre à rater leur vie, et éventuellement, à réussir leur oeuvre. Encore que, sur ce dernier point, le résultat ne soit pas garanti.» Notons enfin la « brève bibliographie » en fin du volume et « classée par ordre de préférence » agrémentée de remarques personnelles remarquables de l'auteur. Dans la même collection paraîtra aussi Arthur Rimbaud et la liberté libre d'Alain Jouffroy, aussi en 1991 ; Baron Corvo, l'exilé de Venise de Michel Bulteau en 1990 ; Dashiell Hammett, Underworl USA de Jean-Pierre Deloux en 1994. Le Lovecraft de Houllebecq sera réédité en 2005 chez le même éditeur avec une introduction de Stephen King, traduction de sa préface à l'édition américaine.
Monaco Editions du Rocher, Jean-Paul Bertrand 1991 In-12 Broché, couverture illustrée
EDITION ORIGINALE. Premier essai de Michel Houellebecq consacré à l'oeuvre du célèbre écrivain américain H.P. Lovecraft, publiée dans sa collection "Les Infréquentables" dirigée par Michel Bulteau. Pas de grand papier. Très bon 0
Monaco, Éditions du Rocher, 1991. In-12 (190 x 115 mm), 136 pp., 1 f. bl., 2 ff. n. ch., 1 f. bl. Broché, couverture illustrée.
Édition originale, rare, du premier livre de Houellebecq. Il n'a pas été fait de tirage sur grand papier. Publié avec beaucoup d'à propos dans la collection “Les Infréquentables”, cet essai biographique sur le géant halluciné de la littérature fantastique, H. P. Lovecraft, sera réédité plusieurs fois (1999 puis 2005) à mesure que grandira la renommée de Michel Houellebecq, et constituera le texte inaugural du premier volume de ses œuvres complètes mêlant romans, essais et poésie selon un ordre strictement chronologique (“Houellebecq 1991-2000”, Flammarion, collection “Mille et une pages” 2016). S'il va publier dès la même année un autre essai Rester vivant ainsi qu'un recueil de poèmes, La poursuite du bonheur, c'est seulement avec Extension du domaine de la lutte en 1994 que l'écrivain français sans doute le plus marquant du tournant du millénaire va finalement accéder à la gloire littéraire… Pourtant qu'importe que l'on soit ou pas familier de l'univers cauchemardesque de Howard Philips Lovecraft (1890-1937), cette évocation d'une personnalité rongée par la haine d'exister contient déjà par anticipation tout Houellebecq et ce dès la première ligne : “La vie est douloureuse et décevante. Inutile par conséquent d'écrire de nouveaux romans réalistes. Sur la réalité en général, nous savons déjà à quoi nous en tenir, et nous n'avons guère envie d'en apprendre davantage.” S'esquisse ainsi un “art romanesque”, en creux, qui est également un art du paradoxe venant d'un écrivain, féru de science-fiction, qu'on accueillera bientôt comme le sauveur et le rénovateur d'une hypothétique “littérature du réel”. Bel exemplaire.