‎JACOB, P.-L. (LACROIX, Paul), Bibliophile.‎
‎Notice sur Millevoye.‎

‎Paris, Quantin, 1880. 1 vol. in-8, (21 x 13,5 cm) ; LVI pp. et [2] pp. de fac-similé. Reliure en demi-chagrin bleu, dos orné à faux-nerfs dorés et à froid, auteur et titre dorés. Dos frotté. Charnière du premier plat fendus à l'intérieur. ‎

Reference : 1368

‎Envoi autographe de l'auteur à la p. [I] : "À Monsieur Max Radiguet, Témoignage de ma sympathie, Paul Lacroix. Un des 25 exemplaires de cette édition qui n'a été faite que pour les amis de l'auteur." En 1880 sont parus chez Quantin les Œuvres de Charles-Hubert Millevoye (1782-1816), publiés par le Bibliophile Jacob et illustrés par Adolphe Lalauze. Notre notice sur le poète d'Abbeville est parue postérieurement, la même année, à un très petit nombre d'exemplaires sur hollande (25 d'après la dédicace de l'auteur), destinés aux amis de Paul Lacroix. Notre exemplaire comprend en outre deux lettres autographes signées de Paul Lacroix ou Bibliophile Jacob, qui ont été collées aux premiers feuillets blancs. Chaque lettre, de deux pages, est adressée de Paris à Max Radiguet, 58 rue d'Aiguillon à Brest, en juin et juillet 1881. Dans la première, datée du 16 juin 1881, en réponse à une lettre de Max Radiguet du 24 mai, Paul Lacroix s'excuse de retard, "J'ai passé auprès de vous pour un ingrat, pour un indifférent, pour un oublieux ? Rien de tout cela", puis il donne de ses nouvelles, "Je ne parle pas de ma mauvaise santé, qui me cause des souffrances nerveuses mais qui n'a rien d'inquiétant" avant d'ouvrir son cœur : "Votre bon souvenir au sujet de ma Danse macabre m'a rappelé, aussi, que depuis le 1er janvier de cette année de deuil, j'ai perdu six de mes plus chers amis et des plus anciens, ceux qu'on ne remplace pas. Si vous étiez à Paris, Monsieur, je vous dirais tout franchement et tristement : il y a des places vides autour de moi, voulez-vous, par sympathie, en remplir une ? N'êtes-vous pas un de mes amis inconnus, qui datent de 1833 ?" Il discute ensuite du poème Ollivier de Cazotte, dont il n'a pas d'édition dans sa bouquinerie qu'il pourrait offrir à son ami, mais il lui envoie à la place cette Notice sur Millevoye, "qui a le mérite de ne se trouver nulle part, puisqu'il a été tiré à 20 ou 24 exemplaires et qu'il n'a pas été fait pour le public ; [...] mise à l'index par le président de la Cour de Lyon, fils du poète". Il est ensuite question de gravures de Johannot et de Gustave Doré, puis Paul Lacroix conclut de son amitié : "Si vous venez à Paris, cher Monsieur, ne manquez pas de venir me trouver comme un vieil ami, plus âgé que vous de 15 ou 20 ans, mais encore vert de cœur et d'esprit". Dans la seconde lettre, un mois plus tard environ, Paul Lacroix recherche les origines de leur amitié, "J'avais lu vos Souvenirs de l'Amérique espagnole au moment où je venais d'entrer à la Bibliothèque de l'Arsenal, il y a 25 ans, et votre nom avait plus d'une fois frappé mes oreilles littéraires", puis il revient sur son besoin de se refaire des amis, "après les pertes que cette fatale année a faites dans mes vieilles et précieuses amitiés. Et voici encore un bien cher ami que je viens de perdre et que je vais enterrer tout à l'heure, Paul de St Victor ! Hélas !" Il discute ensuite de peinture et de littérature, de leurs écrits et de l'écrivain et poète républicain Laurent Pichat, qu'ils connaissent tous deux. Paul Lacroix dit vouloir léguer les 1500 volumes de sa collection à la bibliothèque de Montpellier, puis il termine sa lettre par une nouvelle invitation à Paris ; "Brest est à la porte de Paris, quand la route se fait à train de cœur et d'esprit". Paul Lacroix, dit le Bibliophile Jacob (1806-1884) était un polygraphe, bibliophile et érudit, conservateur de la Bibliothèque de l’Arsenal, il rédigea de nombreux catalogues de bibliothèques et fut également l'un des collaborateurs d'Alexandre Dumas. Max Radiguet (1816-1899) est un voyageur, romancier mondain, poète et illustrateur breton (natif de Landerneau), d'origine normande. Les deux lettres qui truffent notre exemplaire montrent une respectueuse et sincère amitié épistolaire et littéraire. ‎