Intéressante lettre sur le cinéma.L'écrivain qui vient d'avoir les honneurs de la presse sous la plume de Vuillermoz, fulmine contre l'état du film parlant en France qui, à son avis, va avoir dix années de retard : ...Ce que je n'ai pu dire nettement, c'est que toute la faute incombe aux capitalistes propriétaires de firmes et improvisés directeurs. Ils demandent à un auteur de faire un film parlant en quinze jours. Ils se gardent d'ailleurs de rien lui commander. Ils disent "travaillez, lisez-moi ça et si votre travail est à mon goût, nous causerons ! ". J'ai voulu les faire parler. C'est effarant ! Ils ont des idées. Par compte, ils veulent que le talkie soit tragique. Et qu'il comporte des péripéties ! Ils ne cherchent pas un bon film. Ils cherchent un film qui leur plairait !... Il s'emporte : ...Ils ne cherchent pas, parmi les jeunes artistes, ceux qui s'adapteraient très vite à ce procédé nouveau. Si l'on écoutait leurs propositions, on entrerait dans des complications invraisemblables. Sans se soucier de l'harmonie voulue par l'auteur, ils lui demanderaient de couper ici, d'allonger là. Enfin ! Vous savez toutes ces choses mieux que moi. C'est navrant (...) Ils usent de tous les trucs périmés, ils ramassent toutes les ficelles. Ces tripatouillages là ont déjà assassiné le théâtre de boulevard qui se trouve maintenant inférieur au public. Dans une industrie, le capital ne se substitue pas aux ingénieurs : il les utilise. Et pourtant, il y aurait des choses magnifiques à faire et vraiment neuves...Surnommé le Dickens français, Henri Duvernois est l'auteur de nombreux contes et romans, composés avec un style alerte et familier (Crapotte, 1908 ; Gisèle, 1920). A partir de 1922, il écrivit, seul ou en collaboration, un grand nombre de pièces de théâtre : Seul, 1923 ; Le geste, avec Maurice Donnay, 1924.
Reference : 986
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