S.D. Cet article, publié dans les Annales politiques et littéraires du 15 janvier 1928, critique le projet de loi qui vise à mettre un impôt sur les pseudonymes : ...Que nimposera-t-on point ? Où sarrêtera laudace des taxateurs ? La fureur du fisc est pire que celle des flots. Cette taxe eût couté cher à quelques illustres écrivains, car Villon sappelait Montcorbier, Voltaire sappelait Arouet, Stendhal sappelait Beyle ; George Sand était née Aurore Dupin et devenue la baronne Dudevant ; Mme de Staël continua de porter ce nom, qui lui avait légalement appartenue lorsquelle fut Mme Della Rocca par un second mariage ; et à létat-civil Anatole France se nommait Thibaut... Mais il y a mieux, sait-on que, …Molière, prétendu pseudonyme de Poquelin, létait, en réalité, de Corneille daprès Pierre Louÿs, et Shakespeare, de Bacon, ou de Lord Rutland, ou du sixième comte de Derby, selon divers biographes. Le Trésor prélèvera-t-il un tant pour cent sur les représentations ou les réimpressions des œuvres de ces grands auteurs ?... Cest par euphonie, sentimentalisme ou tradition que lon prend un pseudonyme, remarque Souday, mais aussi ...pour ne pas déshonorer sa famille lorsque la profession de comédien était décriée et même excommuniée ; ou par hommage à léternel masculin, tant que le public sest méfié de la littérature féminine (...) ou par snobisme (...) ou par poésie, parce que Mimosa ou Fleur-des-Près fait mieux quEuphrasie Pitanchard... Il confesse que lui-même a déjà utilisé un pseudonyme, celui de Mosca, et conclut ...Tout cela (...) ne mérite point lamende (...), je me permets de suggérer un autre impôt, qui serait infiniment plus productif : quon en mette donc un sur les fautes de français...
Reference : 3815
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