20/08/1954 TRÈS BELLE LETTRE POÉTIQUE : Le poète remercie son ami pour lenvoi de son ouvrage « Les Filles de lOnde » ...Partir de la méduse et de lanodonte pour accéder à de telles grâces était un long itinéraire. Tes filles lont parcouru avec lharmonie et la vitalité débordante qui sont les moindres de tes dons. Dieu ! Quel souffle. Il en fallait au créateur pour faire de glaise morte lhomme plein des tempêtes paternelles. Ah ! filles venues doù, venues des mers, nous les montre lexcellent Delvaux [le peintre surréaliste belge Paul Delvaux]. Là-dessus mille siècles de laminoirs avec les tendresses de lorage et les morsures du temps... Faire musique de tout cela, tu las réussi magnifiquement, au point que lart soublie (cest le grand art) et il demeure une mémoire, une vision de tous ces cataclysmes floraux, de toutes ces mues passionnées (...) pour faire une petite fille, la sœur, la mer, lenfant (...) le cœur du roseau pensant. Norge encense son ami jusquau bout : ...Il ya dans ta poésie un goût, une odeur, un bruit Goffin qui a lui tout seul porte ton message. Ton grand et mélodieux message pour lequel je te dis merci de tout cœur...Attiré très tôt par la littérature et les courants modernistes, Robert Goffin fréquente le milieu dadaïste. Curieusement, son premier ensemble poétique est d'un étonnant classicisme. Paru en 1918, Le Rosaire des soirs est une plaquette très proche de l'esprit de Francis Jammes. L'année suivante, il s'inscrit en droit à l'Université de Bruxelles, encore installée rue des Sols, fréquente Michaux, Odilon Jean Périer, Clément Pansaers. Et puis, c'est la découverte du jazz, qui bouleverse sa vie. La passion que cette musique éveille en lui le pousse à publier dans Le Disque vert de Franz Hellens le tout premier texte consacré à ce sujet et à écrire un recueil de poèmes, Jazz-band (1922). À Paris, il fait la connaissance de Max Jacob, de Chagall et de Blaise Cendrars. Devenu avocat à la cour d'appel de Bruxelles, il n'hésite pas à créer, notamment avec Ernst Mœrman et Marcel Cuvelier, une formation de jazz dans laquelle il joue de la trompette. Après avoir créé un hebdomadaire contre le nazisme, Alerte, Robert Goffin se réfugie aux États-Unis en mai 1940. Il y devient l'ami de tous, à Hollywood ou à Harlem, prend la défense de Léopold III dès le début des hostilités, fonde le journal pro-gaulliste La Voix de la France. Rentré au pays en 1945, il retourne à ses activités juridiques, devient président du Pen Club de Belgique. À ce titre, il voyage aux quatre coins du monde. Il consacre des études à Verlaine, à Rimbaud et à Mallarmé et se lance dans la critique poétique (Fil d'Ariane pour la poésie, 1964), écrit des romans d'espionnage et d'aventures avec une facilité déconcertante, devient un intime de Cocteau et d'Aragon. Il se passionne toujours pour le jazz (une Histoire du jazz tirée à quatre cent mille exemplaires en 1946, une étude sur la Nouvelle-Orléans la même année et une biographie de Louis Armstrong en 1947), établit le record du monde du kilomètre lancé en voiture, rédige pour le film Autant en emporte le vent des sous-titres en français. Il est vraiment partout. Il écrit maints recueils poétiques baroques et foisonnants, dans une luxuriance de paroles qui témoignent de ses emballements comme de ses colères, de ses douleurs maîtrisées comme de sa présence à l'actualité de l'art et du monde. Le Voleur de feu (1950), Filles de l'onde (1954), Sablier pour une cosmogonie (1965) et Chroniques d'outre-chair (1975) dominent cette production poétique surabondante.... Il meurt en Belgique à Ohain, en 1984.
Reference : 3475
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