Beau prologue de 80 vers, composé en l'honneur de la réouverture du Théâtre de l'Odéon à Paris :...Quand la chaleur intense vous faisait fuir Paris comme une pénitence, À Trouville, à Deauville où rit le flot amer, / En respirant lair pur et salé de la mer, / Le poète oubliait sa divine folie (...) / Et la Parisienne agile, aux molles poses, / sur la blonde falaise égarait ses bas roses. (...). / Mais après avoir ce loisir, il est temps / Que la Muse renoue à la fin sa ceinture, / Et lOdéon ce soir fait sa réouverture. Oui le gaz se rallume et nous vous revoyons, / Paris, âmes, beautés que dorent les rayons, / Penseurs qui de lesprit subissez les brûlures, / Femmes aux doux yeux clairs, aux belles chevelures, / Car le vieil Odéon vous aime, et vous laimez ! / Ah ! Cest quépris des mots comme de la musique, / Amant de toute ivresse idéale ou physique, / Apte à savourer tout comme à tout concevoir, / Le vrai Parisien de Paris aime à voir / La noble Poésie en sa splendeur première, / Le front ceint de laurier, vivre dans la lumière. / Car la déesse habite en ce clair monument, / Qua toujours protégé son sourire charmant, / Chanteuse aux fiers accents, dont la mère est oiselle, / Bohême au front céleste, elle est ici chez elle. / Mais, dites-vous que veut son caprice jaloux / Et comment cet hiver la courtiserez vous ? / On a dit de tout temps : « Menteur comme un programme ». / Nous nen ferons donc pas. Bouffonerie et Drame, / Alerte comédie au beau rire ingénu, / Tout ce qui vit sera chez nous le bien venu, / Même la tragédie où Roméo soupire, Car jamais ce mot-là na fait peur à Shakespeare ! (...). Tout sujet nous convient où la passion vibre (...). / Cest ici la maison de Molière, du grand / Corneille, de Racine au doux flot murmurant / De Hugo, dont les mers ont des frissons de cuivre, / Et du premier venu, sil aspire à les suivre ! / O Public ! Nos acteurs au pays enchanté / Arrivent, tous remplis de bonne volonté. / Ils seront, sils se peut, charmants, sublimes, drôles, / Imprévus ; en tous cas, ils sauront bien leurs rôles, / Et sefforceront même, à tout événement / De parler sans emphase et naturellement, / Nos actrices remède à tes mélancolies, / Si jen crois la rumeur publique, sont jolies, / (...). Songe, / Que, grâce à ton esprit inventif et subtil, / Tu peux en bel or pur transformer le plomb vil ; / Que lapplaudissement, qui nous berce et nous flatte, / fait de la pauvre étoffe une pourpre écarlate, / Et devient, sans féerie, un talisman pour nous ! / Accepte nos colliers de verre et nos cailloux / Tout comme sils étaient des diamants de lInde, / Et que ton âme soit comme une Rosalinde / Qui lit complaisamment les sonnets dOrlando ! / Mais cest assez parler. Quon agisse. Au rideau !...
Reference : 3280
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