L’exemplaire du roi Louis XIV relié en maroquin à ses armes et pièces d’armes. Paris, Laurent d’Houry, 1698. In-4 de (8) ff., 838 pp., (31) pp. Maroquin rouge, guirlande de fleurs de lys autour des plats, armes au centre, dos à nerfs orné de grosses fleurs de lys dorées, lettres RBC en pied, roulette intérieure et tranches dorées. Reliure de l'époque. 254 x 185 mm.
Reference : LCS-18157
Edition originale de l’un des livres les plus importants pour la connaissance des plantes et de leurs vertus thérapeutiques. Rahir, La Bibliothèque de l’amateur, 505. Il fut, avec l'Histoire des drogues de Pomet, la référence dans ce domaine pendant près de cent ans. Lémery publia une première édition du Cours de chymie en 1675 qui fut constamment rééditée durant toute sa vie et même après sa mort jusqu'en 1757, ainsi que traduit en anglais, allemand, italien, espagnol et latin. Habile expérimentateur, il présente sur près de mille pages dans les dernières rééditions, tout le savoir empirique de la chimie de la fin du XVIIe siècle. Le Cours de chymie est l'aboutissement d'un genre littéraire, dit des « cours de chimie », qui s'est développé en France à partir du succès du Tyrocinium chymicum de Jean Béguin au début du siècle. Lémery contourna les insuffisances de l'analyse chimique, en proposant un modèle corpusculaire et mécaniste dit de pointes et pores, d'application certes très restreinte mais qui, allié à des pesées précises des réactifs, permettait de se faire une représentation plus précise d'une réaction chimique, concept en cours de formation mais pas encore complètement abouti. Si son Cours de Chymie a fait autorité pendant un siècle, ses autres publications n'en ont pas moins connu au siècle des Lumières un réel succès. Lémery donnait dans son laboratoire (d'abord installé dans l'hôtel du Prince de Condé, dans le quartier de l'Odéon), des démonstrations très courues des savants et des gens du monde. Le Grand Condé lui-même, Bourdelot, futur médecin de Christine de Suède, y assistaient. Selon Fontenelle, les dames-mêmes, entraînées par la mode, s'y pressaient. Lemery était protestant et la Révocation de l'Edit de Nantes (1685) l'obligea à vendre toutes ses charges, lui interdisant l'enseignement et l'exercice de la chimie, de la médecine et de la pharmacie. Acculé à la ruine, il finit par abjurer. Louis XIV reconnaissant ses talents et voulant en faire un exemple éclatant de retour au catholicisme lui accorda de nouvelles lettres patentes et imposa leur acceptation à ses confrères. « Nicolas Lémery (1645-1715) était ‘ le premier chimiste raisonnable’ au jugement de Voltaire […] ‘M. Lémery fut le premier qui dissipa les ténèbres naturelles ou affectées de la chimie, qui la réduisit à des idées plus nettes et plus simples, qui abolit la barbarie inutile de son langage, qui ne promit de sa part que ce qu’elle pouvait et ce qu’il la connaissait capable d’exécuter, et de là vint le grand succès. En 1675 il fit paraitre son ‘Cours de chimie’. Les éditions se succédèrent pour ainsi dire d’année en année ; il fut traduit en latin, en allemand, en anglais, en espagnol. L’auteur fut appelé le ‘Grand Lémery’. Tant de services rendus à la science ne le mirent pourtant point à l’abri des persécutions. L’an 1681, la vie de Lémery commença à être fort troublée à cause de sa religion. Il reçut ordre de se défaire de sa charge dans un temps marqué […]’. Tel est le récit de Fontenelle. Il crut être plus tranquille à l’abri de la qualité de docteur en médecine. Sur la fin de 1683, il prit le bonnet dans l’université de Caen. Mais l’édit de Nantes ayant été révoqué en 1685, l’exercice de la médecine fut interdit aux prétendus réformés. Lémery demeura sans fonction et sans ressource. Il fut poussé à se convertir en août 1686 et reprit de plein droit l’exercice de la médecine […] ‘Presque toute l’Europe, dit Fontenelle, a appris de lui la chimie, et la plupart des grands chimistes, françois et étrangers, lui ont rendu hommage de leur savoir’. Le ‘Traité des drogues’ montre, selon M. Dumas, un observateur d’une habileté consommée ». (La France protestante, VI, p. 543) Précieux exemplaire de Louis XIV relié en maroquin rouge à ses armes et parfaitement conservé. Au bas du dos, initiales du relieur de la bibliothèque du roi. Il a ensuite appartenu à Pierre Perrinet de Faugnes (1715-1773; ex-libris héraldique), financier très prospère issu d'une importante famille de financiers et fermiers-généraux. Sa fille épousera en 1775 le fils de Mme d'Houdetot, née Lalive (autre lignée de fermiers-généraux) - pour laquelle Rousseau éprouvera un amour passionné mais sans retour ("Nous étions ivres d'amour l'un et l'autre, elle pour son amant -Saint-Lambert-, moi pour elle" note-t-il dans les Confessions).
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