Précieux et bel exemplaire plus grand de marges que l’exemplaire Pottiée-Sperry, provenant de la bibliothèque du grand spécialiste de l’histoire de Paris, Paul Lacombe. Superbe provenance et belle condition d’époque. Paris, Gilles Corrozet, 1550. In-8 de (16) ff., 200 ff. et (2) ff. Pt. trou de vers ds. qq. ff., coin sup. des pp. 56 à 65 usé. Veau retourné, dos à nerfs, traces d’attaches. Reliure de l’époque. (Boite étui de maroquin P. Goy & C. Vilaine). 168 x 103 mm.
Reference : LCS-17576
Édition originale fort rare décrivant le Paris de Michel de Montaigne et donnant le nom de ses rues. Un seul autre exemplaire en reliure de l’époque est apparu sur le marché public au cours du dernier demi-siècle : l’exemplaire issu de la bibliothèque « Montaigne » de Francis Pottiée-Sperry, plus court de marges, en vélin du temps décrit comme « fragile », vendu près de 30 000 € il y a 13 ans par Sotheby’s Paris (Sotheby’s, Michel de Montaigne et son temps, 27 novembre 2003, n° 94). Brunet, II, 306. « Je ne me mutine jamais tant contre la France que je ne regarde Paris de bon œil ». (Essais, III, 9). Montaigne a toujours aimé Paris ; ce guide est contemporain de son premier séjour dans la capitale. « Gilles Corrozet (4 janvier 1510 – 4 juillet 1568), important libraire parisien tout autant qu’écrivain est de ce fait une figure originale du XVIe siècle. Il ne fut pas l’homme d’un seul livre, ces ‘Antiquitez de Paris’ pour lesquelles il est aujourd’hui le plus connu, mais l’auteur d’une œuvre variée et riche de plus de trente titres. Variété des thèmes, illustrations, effets stylistiques, tout devait concourir à la clarté et à l’agrément d’un message édifiant, vulgarisant l’érudition humaniste et la sagesse chrétienne. Souvent en étroite relation avec l’activité éditoriale de son auteur, cette œuvre très représentative de son époque rencontra la faveur de ses contemporains et mérite d’être redécouverte. » (Georges Grente). Au tout début de sa carrière, Gilles Corrozet écrivit coup sur coup deux recueils d’Antiquitez sur les villes de France qui s’inscrivent dans la tradition littéraire des laudes civitatum, genre né au Moyen-âge et à nouveau très populaire, sous de nouvelles formes, à la Renaissance. Les deux recueils de Corrozet rencontrèrent un grand succès. A tout seigneur tout honneur, c’est d’abord à Paris, pour qui s’ouvrait alors une période faste officialisée en 1528 par la décision de François Ier de faire du Louvre sa résidence principale, que Corrozet consacre en 1532 « La fleur des antiquitez de Paris » éditée par son ami l’imprimeur-libraire Denis Janot. A la suite du traditionnel récit des origines de la ville, naturellement très anciennes et prestigieuses, cette édition contient une partie originale : une description historique et monumentale qui donne déjà de Paris l’image d’une citée figée dans son rôle de ville capitale et royale. Le succès est immédiat. Avant que ne paraisse en 1550, la fameuse édition originale des « Antiquitez de Paris », Corrozet a donné semble-t-il lui-même des rééditions augmentées de son premier ouvrage. A partir de 1550, il semble que Corrozet maîtrise le modèle de son livre sur Paris. Alors que le problème des origines de la ville devient accessoire et que se fait jour un plus grand souci de critique historique, notamment dans le relevé des restes archéologiques, Les Antiquitez de Paris donnent de la ville une image monumentale et solennelle, où retentit partout l’appel à la fidélité religieuse et royale. Parallèlement, l’ouvrage prend une connotation nettement touristique et propose de véritables « visites guidées » de monuments et des itinéraires topographiques consignés dans la liste des rues. Le témoignage de Gilles Corrozet sur le Paris de son temps évoque quelques lieux familiers, il s’attache à décrire les rites et les institutions, les entrées triomphales des Valois, les constructions de prestige ou les améliorations édilitaires qui donnent de la capitale une image organisée et ordonnée. Seuls les problèmes religieux éveillent chez l’auteur une inquiétude : il sent confusément que la ville‑mémoire éternisée dans son récit bascule dans une immédiateté dramatique. Le livre renseigne aussi sur les coutumes fluviales, commerciales, municipales, pédagogiques, religieuses, juridiques et vestimentaires de la capitale. On y trouve la description des quartiers, ponts, hôtels ainsi qu’une liste détaillée des rues de la Cité et de la Ville. A noter qu’au feuillet 197 figure la fameuse « Rue du poil de con », la bien nommée (ce fut un haut lieu de prostitution et de débauche), mais dont le nom par trop explicite fit tiquer les autorités qui imposèrent qu’elle soit biffée à la main dans tous les exemplaires. Notre exemplaires fait partie des rarissimes intacts (avec l’exemplaire Pottiée-Sperry) n’ayant pas subi l’assaut des censeurs. La rue existe toujours, mais sous l’amusant nom homophonique de rue du Pélican ! Précieux et bel exemplaire plus grand de marges que l’exemplaire Pottiée-Sperry, provenant de la bibliothèque du grand spécialiste de l’histoire de Paris, Paul Lacombe. Superbe provenance et belle condition d’époque.
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