‎REUTTER de ROSEMONT(Louis) : ‎
‎Histoire de la Pharmacie à travers les âges.‎

‎ Paris, J. Peyronnet et Cie, 1931. Deux forts volumes grand in-8, bradel toile écrue beige sur plats très épais, dos lisse avec pièce de titre brune, couverture imprimée crème conservée, datée en queue (reliure de l’époque ; plats très légèrement salis). Imprimé sur papier légèrement teinté, exempt de rousseurs. Ouvrage divisé en dix parties, illustré hors texte, de reproductions photographiques en noir et blanc, tirées sur papier couché. COLLATIONNEMENT DÉTAILLÉ : Tome (I) : De l’Antiquité au XVI° siècle. 605[dont faux-titre et titre]-(1) pp.-(1) f. blanc. Trente- et- une planches, imprimées recto-verso, soit soixante-deux figures. En sus, in-texte, neuf culs-de-lampes. À noter, la sixième partie : De la Magie et de l’Alchimie (pp. 447-596). Tome (II) : Du XVII° siècle à nos jours. 690 pp.[idem]. Au dos de la couverture, date imprimée : 1932 (Quelques petits avatars sans gravité : infime accroc à la pièce de titre ; à l’intérieur, petite trace de collage au verso de la première garde ; tache claire (p.133) ; « lucarne » en marge inférieure (pp. 379/380). Vingt-quatre planches, imprimées recto-verso, sauf une (p. 284), avec verso blanc ; soit quarante-sept figures. Pas de culs-de-lampes. Pas de gravures à compter de la neuvième partie (XIX° siècle). Le vingtième siècle n’est pas traité. ‎

Reference : F19

‎A noter, la dixième partie, Drogues sensorielles (p. 459 à la fin), XXXIII substances, du Tabac au Kwass [ou kvas], boisson issue de la fermentation naturelle du pain fait avec du blé, du seigle ou de l'orge, en passant par l’inattendue fausse oronge (Amanita muscaria), un des champignons les plus vénéneux, séché et mastiqué en Sibérie par les Kojaques ; autre masticatoire, le kawa kawa (Piper methysticum), dont la racine peut être mâchée, ou utilisée pour des boissons euphorisantes…, de même que le Kat (ou khat), arbrisseau de la famille des Célastracées, originaire du Yémen et d'Abyssinie, dont les feuilles sont , soit mastiqués, soit utilisés en infusion, ont pour « propriétés de décupler les forces de ceux qui l’absorbent et de les empêcher de ressentir la fatigue ». Plus connus, l’Opium, la Coca, la Kola, les alcools et même le Cidre. En bref, c’est un véritable arsenal, toute une pharmacopée, du petit shooté au grand dopé, tous en quête du Paradis artificiel. CRITIQUE (à l’époque) : la parution du premier volume suscita une critique sévère, dans la « Revue d’Histoire de la Pharmacie » (tome 78, pp.68-70) signée « docteur S.S. », qui note tout d’abord que l’auteur est « totalement étranger à l’activité de la Société » ; puis reprenant les termes courroucés des pharmaciens allemands, il l’accuse d’avoir plagié la « Geschichte der Pharmazie », de Schelenz : Reutter aurait dû appeler son livre « Hist. de la Pharm. A travers les « pages » … de Schelenz ! ». Pour reconnaitre, plus loin, qu’ « il est injuste de dire que son ouvrage n’est que la démarcation [?] de l’ouvrage allemand (…). M. Reutter a utilisé d’autres travaux, etc. », qu’il a « juxtaposés à la manière d’un habit d’Arlequin ». Néanmoins, pris avec des pincettes, cet ouvrage « constituera un aide-mémoire assez commode ». [Toute tentative de rapprochement entre « ouvrage allemand », « démarcation » et « Dr S.S. » ne peut être … que prophétique]. La réponse de Reutter ne se fit pas attendre ; dès le numéro suivant, la Revue, (1932, 79, pp. 147-149), publie sa lettre christique, datée… (Montfavet, le 30 VII 32). « Laisse[z] à César ce qui est à César" : il justifie son travail de compilation « des plus modestes », durant « de longs mois, de dures années de recherches, d’investigations ». CONSIDERATIONS TERRE A TERRE : cet exemplaire totalise 109 planches hors-texte ; j’ai cherché, le nombre d’illustrations que DOIT COMPTER l’ouvrage puisqu’il n’y a pas de table des illustrations…Echec complet : sur deux sites francophones, Abebooks et LRB, il y a, à ce jour (16/01/21) une bonne quinzaine d’ « Histoire de la Pharmacie ». à vendre. Aucun « professionnel » ne donne le décompte des hors-texte, les plus précis donnant « illustrations en noir h.-t. », d’autres utilisent la formule lapidaire « nb h.-t. », « plates » chez un yankee, d’autres, malchanceux, vendent des exemplaires sans planches ; enfin, trois ne donnent aucune description de leur exemplaire. Affligeant : c’est la négation du métier. Néanmoins, ce qui peut rassurer, c’est que, tels Monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, quelques professionnels proposent des ouvrages complets… sans s’en douter. BUR (L++) ‎