‎ABBADIE-DOUCE Paulette ‎
‎Femmes de marins-pêcheurs à Arcachon - Deux siècles de partage et de soutien ‎

‎Alan Sutton, 2006, in-8 br., 154 p., préface de Charles Daney, coll. "Témoignages et Récits", nombreuses illustrations photo. et cartes postales anciennes, très bon état. ‎

Reference : QWA-8524

‎En 1836, alors qu'un terrible naufrage dans les passes du bassin d'Arcachon endeuille, de nombreuses familles de La Teste-de-Buch, le valeureux capitaine Allègre, afin d'humaniser cette pêche à l'océan, dite péougue, propose de substituer des bâtiments vapeur aux vulnérables chaloupes en bois conduites par douze intrépides rameurs. Dès 1863, au quartier de l'Aiguillon à Arcachon, des pêcheries privées s'installent et vont faire vivre des générations de marins-pêcheurs... Mais, au-delà de cette histoire d'hommes, c'est le destin des femmes qui intéresse ici Paulette Abbadie-Douce, à laquelle l'Association des femmes de marins-pêcheurs du bassin d'Arcachon a confié le soin de se pencher sur leur passé et d'écrire leur histoire. Au travers du récit de Paulette Abbadie-Douce, deux siècles de vies faites de courage, de défi, d'attentes et de labeur défilent sous nos yeux. Ce livre est dédié à la mémoire des femmes de marins d'hier et d'aujourd'hui, du bassin d'Arcachon et d'ailleurs...Institutrice à la retraite, Paulette Abbadie-Douce réside à Arcachon depuis de longues années. L'Association des femmes de marins-pêcheurs lui a permis de découvrir et de faire partager une autre approche du bassin d'Arcachon au travers de la vie des travailleurs de la mer.Extrait du livre:28 mars 1836. Quelque part dans la forêt usagère de La Teste. Frémissante encore de la tempête qui a sévi toute la nuit, la forêt s'éveille à peine. Une aube glauque se lève sur un tapis d'aiguilles, d'écorces, de branches cassées. La cabane de Jules Castaing a vibré longuement hier soir sous les assauts du vent qui refoulait les cendres encore chaudes de la cheminée où les crêpes de seigle avaient grésillé tard dans la nuit. La veillée des Rameaux avait été joyeuse, on avait invité le voisin pour fêter l'entrée dans cette semaine pascale. On avait beaucoup parlé, un peu bu le vin du terroir, à la lumière des chandelles et du feu où les pignes et le bois suant de résine pétaradaient bruyamment. On se réjouissait de retrouver le lendemain la maison du bourg et tous les amis, de connaître les nouvelles de La Teste, d'accompagner la procession jusqu'à la paroisse où les branches de laurier, espérances de bonheur, seraient bénies et sècheraient peu à peu toute l'année sous les crucifix dans les maisons. Le vent s'est un peu calmé. Jules en a profité pour atteler sa mule à la charrette. Jeantou dort encore dans son berceau de bois grossier, non loin du foyer éteint. Sa femme Marie et Augusta, sa fille, chargent les petits fagots de gouates, ces bûchettes de bois résineux si prisées par ses clients du bourg. Elles calent les branches bien taillées pour les piquets de vigne et les perches pour les filets de chasse, autant de petits profits qui aideront à acheter des provisions pour la longue quinzaine, dans ce monde fermé de la forêt où Marie, à force de courage tranquille, assure un quotidien si pauvre ! Elle ajoute en son chargement quelques pots de miel au délicat parfum d'ajoncs et de bruyères, qu'elle a récolté patiemment pour une riche famille du bourg, supplément de tâche pour un profit non négligeable. Augusta, dans la candeur de ses treize ans, sautille de joie autour de la charrette, tout heureuse de cette évasion dominicale, toute au bonheur de partager quelques rires et jeux de son âge avec les copains du bourg. Un jour sans soleil éclaire à présent les troncs saignés où perle la résine. C'est l'heure de partir, la route sera longue dans les chemins de sable. Voir le sommaire sur photos jointes. ‎